Uwe Diegel, l’homme qui met la vie (et la santé) en boîte

C'est l'histoire d'un homme né en Nouvelle-Zélande, qui a commencé sa carrière en tant que pianiste et qui a lancé une start-up dans le domaine médical.

Lifeina : quand un pianiste se lance dans la santé connectée

Une fois de plus, c'est un entrepreneur passionnant et passionné que je viens vous présenter ici. Comment remercier plus la vie pour ces rencontres, qu'en les partageant avec vous chaque mois dans ces colonnes ? Je ne remercierai jamais assez Masculin pour cela d'ailleurs.

Uwe Diegel a eu de nombreuses carrières, parle de nombreuses langues, a été brillant dans nombre de ses réalisations, en plus d'avoir une vie de famille a faire pâlir les héros de 7 à la Maison. Ce qui touche le plus à sa rencontre, c'est sa simplicité. Aujourd'hui, il prend le temps de nous raconter son parcours inspirant, et de nous parler de son nouveau projet, qui, nous l'espérons tous, va aider beaucoup de personnes à travers le monde. Vous êtes prêts ?

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Hello Uwe, tout d'abord bienvenue sur Masculin.com ! Peux-tu, avant que l'on commence, nous parler de toi, de ton parcours dans l'entrepreneuriat, le médical, la techno ?
J'ai eu une vie un peu rocambolesque ! Je suis né en Nouvelle-Zélande, de père allemand, mère suisse, et quand j'étais gosse, on déménageait grosso modo tous les quatre ans (mes parents aimaient bien bouger). Donc, on a fait l'Allemagne, la Suisse, les USA, le Québec (c'était trop cool) et ensuite on est arrivé en Afrique du Sud quand j'avais 16 ans, et où je suis resté faire mes études.

J'ai fait une première carrière en tant que pianiste de concert jusqu'à l'âge de 26 ans, et suite à un accident, j'ai dû changer de carrière. Je me suis donc recyclé dans le médical. Je ne me suis jamais considéré comme un "entrepreneur", avec un savoir-faire d'une Business School ou un Master en Business. Au contraire, j'ai appris sur le tas et ce que j'ai découvert, c'est qu'il fallait être passionné pour être un vrai entrepreneur. Même mes grandes aventures médicales sont plutôt le résultat de circonstances que de planning.

Je n'ai jamais vraiment pris de décisions conscientes. Mais, par contre, j'ai appris vite les nécessités qu'engendre cette passion. Je me suis lancé dans le monde de la technologie, de la santé connectée, en 2008. Je venais d'acheter le nouvel iPhone et j'avais été séduit par sa facilité d'utilisation, son intuitivité. Il était livré sans livret d'instructions, avec la batterie pré-chargée. Il fallait tout simplement pousser le bouton O/I et ça marchait. Quand j'ai vu ça, je me suis dis que j'aimerais bien faire des choses aussi faciles à utiliser dans le monde médical. Et pouf, une nouvelle entreprise (la santé connectée) est née…

Rencontre avec Uwe Diegel, fondateur de Lifeina

Aujourd'hui, tu te lances dans l'aventure Lifeina. Tu nous racontes l'histoire, le déclic ? 
Lifeina est vraiment pour moi le summum, l'apogée, une vraie entreprise où la technologie est au service de l'individu. Comme beaucoup de belles inventions, Lifeina est issue d'un besoin personnel. Mais l'histoire de Lifeina est aussi d'un grand romantisme…


Il y a quelques années, quand je me suis installé à Paris, j'ai reçu la visite de mon frère diabétique Olaf, qui voulait faire du tourisme, visiter des châteaux, manger du fromage, boire du vin Français, bref être Français pour quelques jours. Par contre, Olaf ne parle pas un mot de français, étant de Nouvelle Zélande. Une chose qu'il faut savoir, c'est que c'est vraiment galère de voyager et d'être diabétique, parce que l'insuline doit toujours rester au frais dans le frigo.

Bref, Olaf est allé visiter les châteaux de la Loire, et coup de malchance : pas de frigo dans sa chambre pour mettre son insuline. Il descend donc à la réception de l'auberge et donne son insuline pour la mettre dans le frigo de la cuisine. Sauf que quand il descend chercher son insuline à 11 heures du soir, elle a été mise dans le congélateur, la rendant inutilisable. Il a donc dû faire ouvrir la pharmacie de garde pour obtenir de l'insuline fraîche. Heureusement, le problème a été résolu sans trop de difficultés.

Revenant à Paris, on en a discuté ensemble et on s'est dit que ce serait une super bonne idée de développer un petit frigo portable qui permettrait aux diabétiques de voyager avec leur insuline à la bonne température. On n'avait pas encore réalisé l'impact que cette technologie allait avoir pour des millions de personnes qui souffrent de maladies chroniques nécessitant le transport réfrigéré des médicaments (diabète, sclérose en plaques, cancer, polyarthrite, etc).

Ton équipe, tu l'as voulue internationale, éclectique, multicompétences ! Tu penses qu'aujourd'hui une équipe soudée et efficace est plus importante que le projet en lui-même ?
Aujourd'hui, je n'investis plus dans la technologie, j'investis dans des gens. Pour Lifeina, j'ai assemblé une équipe de jeunes gens brillants, tous experts dans quelque chose (social media, médical, ingénierie, communication et autres) et j'ai lancé avec ces personnes un business collaboratif.

Le principe de ce business collaboratif est que personne n'est payé, mais aussi que personne ne paye. J'apporte une structure solide, la finance, les projets, et ensuite on travaille tous dessus. Et le jour où on lance un produit, on se divise les dividendes du business. On est tous amis, on se réunit régulièrement, on boit des bouteilles de vin ensemble, on s'amuse, mais en même temps on travaille super dur et on fait avancer le projet. C'est important pour moi de travailler dans une atmosphère où on sait tous que le projet lui-même est la somme totale de tous les efforts de l'équipe, et pas seulement d'une personne.

Je n'aime pas les structures pyramidales avec le patron qui examine le travail des autres. Pour moi, il n'y a pas une seule personne dans l'équipe, moi compris, qui est plus importante que l'autre. Tout le monde est important.

Uwe Diegel et son "frigo portable" Lifeina

Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui vont lire cette interview et qui veulent se lancer dans l'univers des start-up ?
La start-up, c'est cool, ça a l'air tellement facile, tout le monde le fait… C'est ce que pensent les jeunes aujourd'hui. Par contre, c'est quand même un travail monstre et généralement, les startuppers doivent travailler beaucoup plus dur que s'ils prenaient un petit boulot pépère.

Je ne crois pas que l'intelligence toute seule suffit. Je pense que, pour être startupper, il faut aussi un certain degré d'illumination. Il faut avoir une idée, mais avoir l'idée, c'est relativement facile. Ce qu'il faut, c'est vraiment croire à son idée d'une manière viscérale. Je vois aujourd'hui trop de start-ups qui démarrent parce que leurs créateurs ont lu un rapport qui disait que dans le futur tout allait être connecté, que c'était un milieu porteur, mais qui n'ont pas eux-mêmes une foi inébranlable dans leur idée.

Le problème, c'est que beaucoup de gens ont peur de leur idée, ont peur de leur propre conviction. Schopenhauer, philosophe Autrichien, disait que l'intelligence vous permettra d'atteindre une cible que personne d'autre ne peut atteindre. Je pense que l'illumination vous permettra d'atteindre une cible que personne d'autre ne peut voir.

Et pour ceux passionnés par le domaine médical ? Il y a encore des choses à faire ? Le monde peut-il vraiment être changé ?
Le monde médical évolue à une rapidité fulgurante. Nous ne reconnaitrons pas le monde médical d'ici une dizaine d'années. De nouvelles technologies arrivent, qui sont en train de changer notre perception des choses. Ce sont des technologies qui vont rentrer dans notre inconscient, qui, d'ici une dizaine d'années, nous paraîtronst aussi évidentes que l'internet, que les vaccins. Je pense à l'impression d'organes en 3D à partir de cellules souches, à la nanotechnologie, à l'ADN, au Big Data.

Par contre, c'est aussi un monde qui devient de plus en plus compétitif. Le fait est que, aujourd'hui, c'est devenu un peu trop facile de développer un nouveau produit, même médical. N'importe quel crétin avec une bonne idée peut maintenant la mettre en crowdfunding et trouver assez d'argent pour développer son idée. Le résultat de ça est que, tous les jours, un nouveau produit sort, fait "cric crac boum" et tout ça est un peu en train de "gadgétiser" l'industrie médicale. Il est donc de plus en plus difficile de s'imposer comme essentiel dans le monde médical, car le médecin d'aujourd'hui ne pense pas à la santé connectée, mais plutôt au gadget connecté.

Un mot pour la fin ?
Si vous vous lancez dans le monde de la start-up, pensez que non seulement il faut vous réveiller le matin et avoir hâte d'aller au boulot, mais il faut aussi pouvoir vous projeter dans le futur et savoir que, dans 5
ans, vous pourrez vous retourner, regarder votre travail, et être fier de ce que vous avez fait.

Merci Uwe pour ton temps et tes conseils éclairés ! On souhaite bien évidemment longue vie à Lifeina.

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Et pour ceux qui voudraient retrouver plus d'interviews passionnantes d'entrepreneurs passionnés, cela se passe sur Masculin.com évidemment. Enfin, pour retrouver mes pérégrinations stratégiques, rendez-vous sur jkohlmann.fr.

Lifeina récompensée aux trophées SilverEco