Comment faire un tatouage en toute sécurité ?

Le Pr. Nicolas Kluger, dermatologue à l'Hôpital universitaire d'Helsinki, lève le voile sur les risques liés aux tatouages et nous livre ses conseils.

Et saviez-vous que le métier de tatoueur n’existe pas ?

C’est à l'occasion de sa conférence « Le tatouage : état de l'art et complications », organisée dans le cadre des Entretiens de Bichat du 26 au 28 septembre 2013, que le Pr. Nicolas Kluger a apporté ses conseils à tous les hommes désireux de se faire tatouer.

Que représente le tatouage aujourd'hui ?
Pr. Nicolas Kluger :
Les tatouages concernent 15% de la population française, selon les chiffres de l'Ifop 2010, dont 25% chez les moins de 30 ans, ce qui correspond à la moyenne européenne. On constate une large augmentation depuis une vingtaine d'années sur le public des 20/40 ans, toutes catégories socioéconomiques confondues. En France, il y a entre 1500 et 2000 tatoueurs officiels, sans compter les ateliers clandestins, assez nombreux. Ce que les gens ne savent pas, c'est que le métier de tatoueur n'existe pas, ils ont un statut de travailleurs indépendants, et doivent bien sûr avoir du talent en dessin.

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Depuis quelques années, il existe cependant un programme d'hygiène obligatoire, qui concerne aussi les perceurs, pour les former à la stérilisation, à la propreté… Pour ce qui est de l'encre, il n'y a pas de réelle régulation, même si les gouvernements commencent à se mobiliser depuis que le tatouage est arrivé sur le devant de la scène.

Quels sont les risques liés au tatouage et comment les éviter ?
Pr. N. K. : Dans les années 1980, il y avait des cas d'hépatites B ou C. Mais aujourd'hui, en France, le matériel stérilisé à usage unique a presque complètement écarté ce risque. Après, le tatouage est une plaie sur la peau, qui met au moins un mois à cicatriser. Il y a toujours des risques de petites infections locales ou bactériennes, mais elles sont très peu fréquentes. Le plus souvent, on observe des réactions allergiques, notamment à une couleur spécifique, mais on ne sait pas s'il s'agit réellement d'une allergie. Chez les personnes tatouées, parfois très longtemps après, le dessin se met à gonfler et la peau gratte sur une seule couleur.

En cas de problème, on applique un traitement local à la cortisone pour atténuer l'allergie, sans que ça ne la supprime. On peut également détruire l'encre au laser, ou enlever les petits tatouages par une opération. On ne peut pas vraiment prévoir qui fera une réaction allergique. Pr. Nicolas Kluger

Si une personne déjà tatouée a connu une démangeaison sur une couleur, le rouge par exemple, il faudra qu'elle évite le rouge pour un nouveau tatouage, y compris toutes les nuances qui en contiennent comme le rose ou l'orange. Il faut savoir aussi que ça ne sert à rien de « faire des tests ».

Souvent les gens se font faire un petit tatouage pour voir comment ils réagissent avant d'en avoir un plus gros, mais les allergies peuvent se déclarer 40 ans après ! Et cela risque de les sensibiliser, il vaut mieux se faire tatouer une seule fois.

Pour les personnes qui ont déjà localisé leurs allergies, on peut déterminer les couleurs à éviter. Un allergique au cobalt devra par exemple éviter le bleu. Mais c'est assez difficile à déterminer : les encres sont de gros mélanges de sels métalliques. On ne peut pas prévoir quel composant provoquera telle réaction. Le noir reste l'encre la plus sûre.

Sur quoi travaillez-vous pour éviter ces risques à l'avenir ?
Pr. N. K. :
Plus d'un point de vue pratique, on travaille avec le syndicat. Les tatoueurs n'ont aucune notion de dermatologie, l'idée serait de concevoir une fiche d'informations pour indiquer les risques éventuels liés aux tatouages. Ensuite, il faut réguler les encres, essayer de les tester. On n'a aucun modèle de test à l'heure actuelle alors que le tatouage est une procédure très particulière : il s'agit d'une piqûre et non d'une application en surface, comme pour les crèmes. Il est plus simple de dresser une liste des produits à éviter. Et en même temps, les encres allégées qui respectent la législation donnent un aspect « fadasse » au dessin. On veut des encres « safe », mais on veut aussi de beaux résultats.

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Quels sont les gestes du quotidien pour les tatouages récents ?
Pr. N. K. :
Il faut scrupuleusement suivre ce que conseille le tatoueur. C'est souvent une toilette à l'eau et au savon, des crèmes cicatrisantes, pas de soleil, pas de sport, pas de bains, et lorsque la partie superficielle du tatouage se met à faire de petites croutes, il ne faut surtout pas gratter car cela risque de faire partir la couleur. Il est conseillé de revoir son tatoueur un mois après pour les retouches, c'est pour ça qu'il est mieux de le faire chez soi plutôt qu'en vacances ou en déplacement.