Organskateboard : un projet malin et écolo
Il n'a pas son bac mais un plan d'affaires digne d'un diplômé d'école de commerce: à partir de skateboards usagés, Maxime Coeur, 23 ans, élabore de nouvelles planches de glisse, des objets d'art et même des lunettes.
« J'ai toujours été très manuel et attiré par l'art. Alors je me suis dit pourquoi pas mélanger skate, art et bois », explique ce jeune homme posé, casquette à l'envers et habits amples de skater, dans son atelier à Metz.
Des planches de skate recyclées
Un CAP en menuiserie en poche, il profite d'une longue période de chômage pour voyager en Europe dans le milieu de la glisse. Là, il commence à mûrir son projet baptisé Organskateboard (skate organique), en notant toutes ses idées dans un carnet.
A partir de mai, il commence à mettre son projet à exécution. Il se procure ses premiers outils et machines -scie à onglet, ponceuses- dans des magasins de bricolage. Il travaille dans un garage prêté par un retraité, avant de louer un sous-sol spacieux et voûté, reconverti en atelier.
Là, il transforme de vieux skateboards en de nouvelles planches plus petites, appelées cruiser, qui sont ensuite sérigraphiées. Avec un résultat probant. « Quand je les ai présentées à un magasin de skate, les responsables avaient du mal à croire qu'elles avaient déjà servi », s'amuse-t-il.
Quant aux planches trop abîmées et aux chutes de bois qui s'entassent dans un coin de son atelier, elles sont réservées à sa confection d'objets d'art tels que bagues, porte-clés ou montures de lunettes en bois ultra-légères, en coopération avec un opticien messin.
Victime de son succès
Dans le petit monde du skate et des magasins branchés, son offre surfant sur la vague du développement durable fait mouche. Sans la moindre publicité, grâce aux seuls réseaux sociaux et au bouche à oreille, on parle déjà de sa marque au Chili, en Angleterre, en Suède ou en Espagne, depuis la livraison de premiers échantillons.
« Je reçois énormément de mails de magasins de toute l'Europe qui sont intéressés », raconte l'auto-entrepreneur. Il avoue être un peu victime de son succès, qui l'a pris de court. « J'ai peur de ne pouvoir honorer toutes les futures commandes et d'être imité par des gens ayant plus de moyens. »
Autre frein à ses ambitions : Maxime Coeur ne parle pas anglais, un comble alors que le monde de la glisse est truffé de termes anglo-saxons. « J'ai acheté des bouquins, j'essaie d'apprendre par moi-même, mais à vrai dire je galère! Je réponds aux mails en m'aidant de Google Traduction, mais je vois bien que ça ne le fait pas trop », se désole le jeune homme. En attendant, il a tout compris à l'expression « faire le buzz ».