C’est le moment ou jamais de partir en voyage à Lisbonne

Nouvelle Mecque du tourisme européen, Lisbonne attire de plus en plus de visiteurs. Mais aussi les constructeurs qui multiplient les projets hôteliers.
25 septembre 2014 - #voyage

Après, il sera peut-être trop tard pour découvrir « la vraie Lisbonne »

Le charme suranné des ruelles pavées et façades décrépites de Lisbonne attire toujours plus de touristes européens en quête d'authenticité. Mais cet afflux de visiteurs s'accompagne d'une frénésie de projets hôteliers qui risque de changer le décor de la ville.

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En tout, 1,5 million de touristes étrangers ont posé leurs valises dans la capitale portugaise pendant les six premiers mois de 2014, soit 14,3% de plus qu'un an auparavant. La plus forte hausse a été signée par les Français (+27,6%), suivis des Britanniques (+27,3%), Espagnols (+15%) et Allemands (+13,9%).

"Nous sommes en concurrence directe avec Madrid, Barcelone, Vienne, Amsterdam ou Berlin. Lisbonne est devenue plus facile d'accès avec les nouvelles liaisons inaugurées cet été par les compagnies aériennes", a commenté à l'AFP Vitor Costa, directeur général de l'Association du tourisme de Lisbonne.

Hôtels 4 et 5 étoiles se multiplient

Les projets d'hôtels 4 et 5 étoiles prolifèrent, des auberges de jeunesse stylisées (hostels) ouvrent dans des anciens palaces, des immeubles vétustes sont restaurés, les devantures des boutiques repeintes … tout est fait pour mieux accueillir le touriste.

Les magasins A Vida Portuguesa, qui surfent sur la vague rétro, ont profité du boom touristique: "plus de 70% de nos clients sont des étrangers, notre chiffre d'affaires est en hausse de 10% depuis le début de l'année", témoigne sa dynamique propriétaire Catarina Portas, 45 ans.

"Le tourisme est le moteur de l'économie de la ville et nous sauve de la crise. Mais il ne faut pas tuer la poule aux oeufs d'or, il faut préserver les petits commerces anciens. Ce qui fait la différence de Lisbonne, c'est son authenticité", prévient-elle.

Des lieux typiques à découvrir à Lisbonne

Le temps semble s'être arrêté à la Barbearia Campos dans le quartier du Chiado, fréquentée depuis 1886 par des artistes, des hommes politiques, voire des membres de familles royales. Aujourd'hui, une grande partie de la clientèle du plus ancien barbier d'Europe sont des touristes.

Udo Wilschewski, un travailleur social de 53 ans originaire d'Aix-la-Chapelle (ouest de l'Allemagne), s'offre un rasage tout en douceur, perché sur une chaise d'époque pendant que sa femme le prend en photo. "Ce serait une honte de voir disparaître ce barbier, il fait partie du patrimoine du Portugal", dit-il.

Une lettre du propriétaire de l'immeuble plus que centenaire qui veut y construire des appartements de luxe a pourtant donné jusqu'au 15 décembre au barbier pour partir moyennant une indemnisation ou accepter une forte hausse du loyer.

Vue sur les toits de Lisbonne

Nouvelle législation

La nouvelle législation en vigueur depuis 2012 permet en effet de déloger les locataires pour restaurer les lieux. Fini les loyers bas gelés en 1948 par le dictateur Salazar. "Nous espérons négocier un compromis nous permettant de rester", confie José Lopes, marié à une des gérantes de l'échoppe.

"Cela n'aurait aucun sens de tout casser et reconstruire. Nous tenons à garder les façades historiques qui font le charme de Lisbonne", assure Luis Borges das Neves, directeur de l'agence immobilière Fine & Country, qui jouxte le barbier et a mis en vente les futurs appartements.

Ginjinha Sem Rival, un bar mythique menacé

Autre haut lieu lisboète depuis 1890, le minuscule bar Ginjinha Sem Rival, sert aux touristes et autochtones ses fameuses liqueurs de cerises griottes. Menacée de fermeture cet été, la buvette qui compte parmi ses clients George Clooney et Brad Pitt a obtenu un sursis.

"Le propriétaire, un investisseur russe, voulait rénover l'édifice pour le transformer en hôtel. Finalement, on pourra rester sept ans de plus, en échange d'une hausse conséquente de notre loyer. Après, on verra", raconte Nuno Gonçalves, 41 ans, arrière-petit-fils du fondateur du bar.

"Avec ces nouvelles lois, on risque de détruire le patrimoine historique de Lisbonne. Et cette fois-ci, ce ne sera pas dû à un tremblement de terre", s'insurge-t-il, faisant allusion au séisme qui avait dévasté la capitale portugaise en 1755.

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Marcin Maj, un jeune touriste polonais, repart à Varsovie avec une bouteille de ginjinha sous le bras : "C'est ici que je trouve la Lisbonne traditionnelle. Il ne faut surtout pas fermer ce bar!".