Essai Ford Mustang Mach-E : esprit, es-tu là ?

Une Mustang ! Electrique ? C’est exactement cette combinaison improbable au premier abord qu’a choisie Ford pour attaquer le marché du véhicule électrique, en associant le nom de sa sportive mythique avec la fée électricité. Nous avons pu essayer la Mustang Mach-E pendant 24h, sur les routes de l’Orne au moment de son arrivée en concessions en France.

Une Pony-car haute sur pattes

Mustang c’est d’abord un blason, celui d’une Pony-car Ford qui depuis les années 60 a fait le pari à l’origine de proposer une sportive compacte avec un rapport sensations / prix imbattable. Si elle s’est embourgeoisée au fil des années, la Mustang thermique a gardé la recette d’origine : un look agressif, un gros moteur qui fait glouglou, et du plaisir à revendre.

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Mais ici, point de V8 à l’horizon, la Mustang Mach-E est une 100% électrique, une première pour une Mustang, qui inaugure aussi un nouveau type de carrosserie, exit le coupé, bienvenue au SUV coupé !

Essai Ford Mustang Mach-E

Les designers de Ford ont fait leur maximum pour garder l’esprit et les lignes (surtout la poupe) de la Mustang originelle, mais c’est bien un SUV de 2,2 tonnes que nous découvrons sur le parking. Un SUV fier de son héritage et qui arbore un blason Mustang sur la calandre et à l’arrière, le seul petit logo Ford étant relégué en haut du pare-brise.

Les lignes sont franchement réussies, et le Gris Iconic de notre modèle d’essai permet de bien appréhender les courbes flatteuses de la Mach-E. Mention spéciale pour l’arrière avec des feus qui reprennent l’esprit du design originel.

Un intérieur épuré ET plaisant

Pour poursuivre notre présentation et rentrer dans la Mustang Mach-E, point de poignée au programme, mais un bouton qui va déverrouiller la porte et légèrement l’ouvrir, pour pouvoir mieux attraper l’appendice aérodynamique prévu à cet effet.

A l’intérieur, c’est une partition très différente qui se joue, tant la Mustang Mach-E s’éloigne des standards actuels, sans pour autant tomber dans l’extrême.

Si le volant – gainé de cuir et chauffant – reste très classique, comme les comodos, le compteur numérique de 10,2″ situé derrière adopte une forme atypique, tout en largeur. L’écran central de 15,5″ à contrario est vertical et prend tout l’espace au milieu du tableau de bord, totalement dépourvu de bouton par ailleurs. Seuls les boutons « obligatoires », comme les warning, le frein de parking électrique, ou encore la molette de sélection des vitesses, subsistent sur la console centrale.

La Mustang Mach-E est équipée du dernier système d’infodivertissement de Ford, le SYNC 4A, permettant la connexion à Carplay sans fil et offrant une interface vraiment fluide et intuitive. La dalle brillante est néanmoins sujette aux reflets, surtout par une journée ensoleillée comme celle de notre essai.

Le tableau de bord est bien fini, avec un bandeau d’aérateurs élégant devant le passager qui se prolonge jusqu’à l’autre côté de l’habitable, le tout surmonté par un tissu gris recouvrant la barre de son du système Bang & Olufsen 10 HP. Deux ports USB dont un USB-C sont disponibles au bas de la console centrale, ainsi qu’un chargeur à induction pour smartphone.

Très techno, elle permet après configuration de n’emporter que son smartphone avec soit (jusqu’à 4 smartphones configurables) et mieux encore, elle peut se déverrouiller via un code et démarrer grâce à votre mot de passe, sans clé ni téléphone.

Les sièges avant électriques et perforés en cuir végétal offrent un bon maintien et sont chauffants avec surpiqures rouges, vu la température extérieure de notre essai avec 15° et un magnifique soleil, non, nous ne les avons pas essayés.

A l’arrière, la Mustang Mach-E offre beaucoup de place aux jambes. Il faut dire qu’avec son empattement record de près de 3m, les passagers arrières sont vraiment à l’aise tant qu’ils restent à deux, le passager central devra composer avec un dossier vraiment raide.

Le toit vitré panoramique participe à ce sentiment d’espace et s’étire des pare-soleils avant jusqu’aux appuis-tête arrières pour illuminer l’habitacle.

Le coffre arrière – parce qu’il y en a aussi un à l’avant – n’est pas très généreux avec seulement 402l pour un SUV qui mesure 4,71m ; mais il suffit au quotidien et les câbles peuvent être rangés sous le plancher. Il dispose d’un hayon électrique mains-libres, alors que ce n’est pas le cas du frunk (coffre avant) qui reste manuel. A l’avant donc, ce petit coffre compartimenté et étanche de 81l permet de ranger quelques accessoires, une sacoche par exemple. Il peut aussi s’avérer très pratique pour ranger ses chaussures boueuses après une randonnée, étant lavable avec une vidange vers le bas du véhicule.

Une seule pédale suffit

La première question qui se pose quand on découvre la Mustang Mach-E, c’est de savoir si le ramage se rapporte au plumage, agressif et sportif de notre SUV coupé. Nous avions en main la version Mustang Mach-E Extended Range AWD, disposant de 4 roues motrices et de la grosse batterie de 99 kWh.

Deux moteurs électriques sont à l’œuvre, un par essieu, proposant une puissance cumulée de 351 ch et un couple respectable de 565 Nm, disponible instantanément.

La Mustang propose 3 modes de conduite, Active, Whisper et Untamed ; le premier correspond à un mode « normal », le second permet une conduite plus coulée et moins énergique, et le dernier vous servira à exploiter toute la puissance de la Mach-E, en rajoutant également un bruit de moteur artificiel avec une sonorité plutôt correcte.

A l’usage, même en mode Whisper, vous ne manquez jamais de puissance et les relances proposées sont bien suffisantes pour mouvoir le lourd SUV de 2,2 tonnes dans la circulation quotidienne. Le mode Active propose une réponse un peu « pêchue » pour les sorties de rond-point sur nationale.

Nous avons bien évidemment essayé le mode Untamed, et au delà des compteurs numériques qui prennent des tons cuivrés et du glouglou artificiel, le conducteur ressent beaucoup mieux la route, avec un volant un peu moins avare en informations sur l’état de route. La réponse de l’accélérateur est immédiate, et les sensations sont bien présentes, et pas seulement en ligne droite.

Notre modèle en 4 roues motrices est certes capable d’une accélération de 0 à 100 km/h en 5,1 secondes, mais surtout, ses suspensions collent littéralement la Mach-E à la route et offrent une excellente tenue de route grâce à son centre de gravité très bas. L’inscription en courbe est très « lisible » et le train arrière vraiment accrocheur même à vitesse élevée, avec un comportement très sain.

Un bémol néanmoins, avec le confort des suspensions qui est parfois un peu en retrait sur chaussée dégradée avec nos roues de 19″, en série sur l’Extended Range AWD. Avec plus de 2,2 tonnes à vide sur la balance, les ingénieurs de Ford ont privilégié un tarage d’amortisseurs dur pour supporter correctement le poids des batteries, on comprend, mais on aurait aimé un poil plus de souplesse en conduite coulée.

La Mustang Mach-E propose la fameuse conduite à une pédale, activable dans les options du véhicule, qui vous permet de fortement décélérer au lever de la pédale d’accélérateur, jusqu’à l’arrêt complet. Idéal en ville, ce mode vous permet de ne quasiment jamais toucher à la pédale de frein avec un peu d’habitude, et on se prend au jeu de lever le pied au bon moment pour arriver pile derrière la voiture qui nous précède sur un feu rouge.

Un mot sur les nombreuses aides à la conduite qui sont vraiment bien faites sur la Mach-E, avec un régulateur de vitesse intelligent qui lit les panneaux et adapte automatiquement votre vitesse, en tenant compte d’une marge que vous pouvez définir dans les menus. Que ce soit en ville, sur nationale ou autoroute, c’est un vrai plaisir à utiliser avec le maintien actif dans la voie qui est doux et précis.

Malgré son gabarit imposant, son bon rayon de braquage, et le cas échéant le système de caméras 360°, permettent à la Ford Mustang Mach-E d’évoluer sans problème en agglomération. On n’a vraiment pas l’impression de conduire un SUV de 4,71m. Agréable en ville, envoutante sur nationale et confortable sur autoroute… Mais sur combien de kilomètres ?

Et alors, ça consomme ?

Depuis l’avènement des voitures électriques grand public – surtout avec l’arrivée de Tesla – l’autonomie reste le sujet de crispation principal des acheteurs potentiel et commentateurs divers. En 2021, plusieurs modèles arrivent sur le marché en promettant plus de 600 km d’autonomie en cycle mixte, ce qui commence à correspondre à des chiffres intéressants.

Notre modèle d’essai, la Ford Mach-E Extended Range AWD dispose de 4 roues motrices et de la plus grande batterie de 99 kWh avec 88 kWh de capacité utile ; c’est aujourd’hui le modèle le plus huppé de la gamme en attendant la version GT et ses 487 ch.

Sur le papier, elle propose une autonomie de 540 km en cycle mixte WLTP, ce qui correspond à une consommation de 16,3 kWh/100km.

Sur notre essai d’environ 350 km sur les routes entre la région parisienne et l’Orne, nous avons consommé en moyenne 18 kWh/100km, avec une température extérieure autour des 18°, qui permet une autonomie d’environ 490 km, assez proche de l’homologation.

D’après nos relevés, la consommation moyenne en ville est autour des 15 kWh/100km, 17 kWh/100km sur nationale et environ 23 kWh/100km sur autoroute à 130 km/h, assurant un peu plus de 350 km d’autonomie sur autoroute.

Et la recharge dans tout ça ? La Ford Mustang Mach-E dispose de deux connecteurs distincts, une prise type 2 permettant de recharger jusqu’à 11 kW AC – en triphasé, qui sera principalement utilisé à la maison via une box de recharge. Il faut compter un temps de charge d’environ 10h batterie vide, permettant de repartir à 100% quoi qu’il arrive le lendemain.

Elle embarque également une prise combo CSS avec une puissance en courant continu de 150 kW sur notre version AWD avec batterie 99 kWh, promettant une recharge de 20% à 80% en une trentaine de minutes sur des bornes comme les Ionity.

Ford a d’ailleurs prévu un accès aux bornes de recharge Ionity gratuit pendant un an, au lieu de 18€/mois, et surtout, la possibilité de recharger à un tarif préférentiel par rapport aux clients hors réseau.

Malgré les déploiements progressifs de Ionity, il est encore impossible début 2021 de trouver un chargeur rapide en Normandie, et il n’y en a qu’un seul en Bretagne, pareil pour le Grand-Est encore mal desservi, et pire encore, il n’y en a tout simplement aucun en Île de France, le plus proche se situant dans la banlieue de Chartres.

Si l’immense majorité des recharges de voitures électriques sont effectuées à la maison, la couverture partielle de Ionity reste encore un obstacle pour les longs trajets et les vacances, surtout dans le Nord de la France et le bassin parisien.

Notre avis sur la Ford Mustang Mach-E

Paradoxalement, cette Mustang Mach-E est à sa manière dans la continuité de ses ainées thermiques, en offrant design, sportivité et plaisir de conduire pour un ticket d’entrée à 48 990€.

Si notre version d’essai est bien plus chère à 69 500€, il ne lui manque rien : technologique, bien dessinée, performante et plutôt endurante pour une électrique, la Mustang Mach-E représente un argument de poids pour l’arrivée de Ford sur le marché des véhicules 100% électriques.

Il lui reste les défauts inhérent à tous les véhicules électriques d’aujourd’hui, avec un poids important, qui n’altère cependant pas ses qualités dynamiques, et la nécessité de planifier un minimum les longs trajets, même si ici encore, Ford a bien travaillé en proposant des outils de planification directement dans le GPS et via l’application.

Essai Ford Mustang Mach-E

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Elle se présente sur le marché Français sans grande concurrence, avec une Tesla Model Y toujours pas disponible, des ID.4 et ENYAQ iV moins puissantes (204 ch maximum) et des Mercedes EQC ou Audi E-Tron nettement plus chères à équipement équivalent. Ford a une jolie carte à jouer sur un marché encore confidentiel avec une proposition cohérente et agréable au quotidien, et s’il faut choisir, nous vous conseillons la version 2 roues motrices avec batterie de 99 kWh, développant tout de même 294 ch et proposant une autonomie WLTP de 610 pour 56 500€.

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