Essai Lexus LC 500 Hokkaido Edition (V8 atmo) : le chant du cygne

À l’heure où l’automobile semble prendre le virage de la raison sur la passion, certains constructeurs sont encore capables de faire tourner les têtes. Et pour une fois, le rêve ne vient pas d’Allemagne, de Maranello ou d’outre-Manche, mais du pays du soleil levant. Plus précisément de Motomachi, ville japonaise de l’île d’Hokkaido où sont situées l’usine et la piste d’essai de Lexus. Et oui, aussi surprenant que cela puisse paraitre, c’est bien la marque pionnière de l’hybridation dont il est question aujourd’hui. Rassurez-vous, point de SUV mais un cabriolet puis un coupé parmi les plus désirables du marché, le Lexus LC 500. Sa signature ? Une ligne à part et une motorisation qui l’est tout autant avec son V8 atmosphérique de 5l de cylindrée. Un anachronisme en 2023… pour notre plus grand plaisir !

Lexus LC 500 Hokkaido Edition

Il y a des essais plus attendus que d’autres. Celui du Lexus LC 500 en fait assurément partie. Confidentielle, la marque japonaise nous offre ici le luxe de mettre à disposition le premier exemplaire d’une série limitée à 80 unités (40 coupés + 40 cabriolets). De quoi renforcer encore un peu plus le côté exclusif de cette livrée Hokkaido Édition. C’est donc avec une certaine excitation que les pas se pressent dans le sous-sol du parc Lexus. 

Passion, innovation et performance sont quelques-uns des mots qui décrivent le mieux la prestigieuse marque italienne Lamborghini. Depuis sa création en 1963, Lamborghini a repoussé les limites du de...Lire la suite

Lexus LC 500 Hokkaido Edition

Après quelques mètres, premier contact visuel avec le LC 500. La lumière blafarde n’est pas la plus flatteuse, mais impossible pour autant de ne pas être impressionné. Près de deux mètres de large, une calandre béante, des jantes de 21 pouces sans parler d’une ligne sculpturale digne des supercars qui font rêver enfant. Bruce Wayne pourrait d’ailleurs jeter son dévolu sur ce LC 500 Hokkaido Édition, sa livrée graphite, ses nombreux éléments d’accastillage délaissant le chrome au profit du noir et ses angles marqués lui donnant un petit air de Batmobile. Quant à la capote, il est possible de troquer le grenat au profit du noir pour plus de discrétion. 

L’approche se poursuit, la signature lumineuse se dévoile et un appui sur la poignée nous permet de s’en saisir pour s’installer à son bord. Ou plutôt devrions-nous dire de descendre. Avec une hauteur de seulement 1m35, ce sentiment sied mieux, il est vrai. Pour autant, nul besoin de se contorsionner. Les sièges sont certes enveloppants, mais pas au point de sacrifier le confort. Le sens de l’accueil (« Omotenashi ») cher à la culture japonaise prend ici sens. En témoigne le soin apporté à l’intérieur du LC 500.

Si le dessin est connu des habitués de la marque, chaque centimètre carré – même ceux cachés – semble avoir été traité avec le plus grand soin. Cuir étendu, alcantara, feutrine, aluminium, les matières nobles se marient à la perfection pour offrir aux heureux occupants une expérience de « conduite détendue, mais palpitante » selon les termes du constructeur. Mention spéciale aux contreportes et poignées de toute beauté. Bien sûr, à l’heure des intérieurs épurés aux interfaces tactiles, la profusion de boutons apparait surannée. Et ce ne sont pas le pavé tactile situé au niveau de l’accoudoir central dévolu au système d’info-divertissement (lui-même totalement daté) ou la caméra de recul pour ainsi dire inutile tant elle se limite à sa plus simple expression, qui viendront contredire cette impression. Rien d’étonnant, le LC 500 n’est autre que la descendance à peine retouchée du concept car LC-LF présenté en 2012. Et puis, avec CarPlay et Android Auto, l’honneur est sauf. Le reste n’est que détails et sera bien vite oublié dès la première pression sur le bouton Start. 

Le V8 se réveille alors dans une sonorité rauque si caractéristique. L’espace d’un instant, le temps se fige pour apprécier ce plaisir coupable d’un frisson appelé à disparaitre sous l’autel de normes et malus (50 000€ en 2023 qui s’ajoutent aux 123 000€ du prix de base) ouvertement hostiles. Ainsi va le cours des choses… 

Les premiers mètres se font donc dans un mélange d’excitation et de prudence, le temps de s’imprégner du gabarit de ce Lexus LC 500. Imposant capot plongeant à l’aveugle, près de 4m80 de long, position (très) basse, des ailes arrières proéminentes, tout semble indiquer qu’il est temps de s’extirper de la circulation parisienne au plus vite. Rejoindre l’A13 en direction de la Normandie s’avère finalement plus aisé qu’imaginé. Il faut reconnaitre que sous ses airs bestiales, le LC 500 est est réalité plus docile qu’il n’y parait. La boite automatique se révèle d’une grande douceur et enchaine les 10 rapports sans chercher à monter dans les tours. Calé à 130 km/h à 1600 tr/min, le V8 semble pour ainsi dire aphone. Quant à la consommation, à peine 9l/100 dans ces conditions. A rythme plus élevé, comptez le double (et encore)…

Road trip en Vallée de la Seine

Cruiser sur l’autoroute est certes agréable mais la tentation de réveiller le V8 sur les petites routes se fait vite la plus forte. Une sortie et quelques kilomètres plus tard, un panneau nous indique notre entrée dans le parc naturel du Vexin français. Il est temps de quitter le mode comfort au profit de son homologue Sport. L’opération s’effectue via la molette située à droite du compteur au niveau de la casquette. Etrange emplacement qui oblige à tendre le bras, mais passons, question d’habitude sans doute.

Les montées en régime deviennent plus franches, la suspension adaptative se fait plus ferme, mais sans jamais être cassante. Le comportement est sain, prévisible même si le train arrière s’autorise parfois à vous rappeler qu’une propulsion de plus de 450 ch et deux tonnes sur la balance ne peut rivaliser avec l’agilité d’une compacte sur les changements d’appuis rapides, encore sur une petite départementale à la chaussée dégradée. Sans doute pas le terrain de jeu idéal pour un cabriolet de deux mètres de large. De quoi occasionner quelques sueurs froides lors des croisements avec d’autres véhicules sur ces routes étroites de campagne. La fraicheur des sièges ventilés est alors bienvenue. Tout comme l’efficacité du système de freinage (disques ventilés de 400 mm avec étriers 6 pistons à l’avant, 358 mm à l’arrière avec étriers 4 pistons) même si l’inertie d’une telle masse ne doit pas être occultée. 

Dans l’absolu le V8 et ses 464 ch n’affolent pas les chronos (0 à 100 km/h abattu en à peine 5s). Mouvoir les deux tonnes n’est pas chose aisée. Et puis comme tout moteur atmosphérique, en dessous de 4000 tr/min, il ne se passe pas grand chose. Ensuite, la cavalerie se réveille dans une envolée lyrique charismatique pour se retrouver catapulté à 7000 tr/min, apothéose du grognement rauque du V8. En mode manuel, c’est aussi le signe qu’il est temps d’enclencher le rapport supérieur. Car oui, la boite automatique a cette délicatesse (en plus d’être tout aussi efficiente en mode Sport) de ne pas reprendre la main toute seule comme c’est désormais la norme. Old school, ans aucun doute, mais tellement plus jouissif. Tout comme peut l’être ce petit à-coup qui suit l’appui sur la palette droite. Rétrograder l’est encore plus avec ces discrets crépitements si addictifs. Présents certes, mais sans commune mesure avec l’extravagance des « pop & bang » dont certains sont désormais si friands… Rien d’artificiel ici, juste la noblesse d’un V8 qui s’exprime. Nul besoin d’active sound donc, ce qui vous laissera ainsi tout loisir d’apprécier la HiFi Mark Levinson, ses 13 haut-parleurs et son lecteur CD s’il vous plait !

Après tout, nul besoin de chahuter le LC 500 pour l’apprécier. Rouler cheveux au vent, permet d’apprécier encore plus les vocalises du V8 et de dévoiler une ligne tout aussi, si ce n’est plus désirable, que celle du coupé. De profil, le cabriolet Lexus prend des airs de Riva, ces bateaux surpuissants à l’élégance intemporelle voguant sur les Grands Lacs italiens. 

Du charme, la supercar Lexus n’en manque pas. Ses apparences viriles cachent de multiples petits détails qui se dévoilent au fil des jours, à l’image de ces nombreuses références au L du logo Lexus disséminées çà et là. Dans le dessin des optiques, la signature lumineuse, la calandre, sur le polychrome des jantes et sans doute ailleurs, mais le temps est venu pour nous de clôturer cet essai du LC 500. 

Une restitution empreinte de nostalgie forcément, avec la certitude de taire à jamais la douce symphonie du V8 atmosphérique… Une page se tourne, une autre s’écrit. Lexus le sait et offre déjà une solution avec le V6 Hybride des LC 500h. Illustration parfaite du marché automobile actuel. A la fois nostalgique du passé, mais déjà tourné vers le futur.

Alors oui, sur le papier, le V6 de 3,5l avec ses 359ch (à 6600 tr/min pour un couple de 348 Nm à 4900 tr/min) semble faire pâle figure face aux 464 ch du V8 (à 7100 tr/min et 540 Nm à 4800 tr/min), mais l’ajout du moteur électrique permet de combler le creux sous les 4000 tr/min de ce dernier. Conséquence, les performances se tiennent dans un mouchoir de poche et penchent même en faveur de la motorisation hybride. 

Reste la sensation déroutante d’alterner les phases de silence propre à l’électrique et le ronronnement du V6 dès que la pédale de droite est effleurée. Pas désagréable au demeurant, ce dernier ne peut égaler les vocalises de son homologue désormais persona non grata. Saluons toutefois le travail des ingénieurs Lexus qui ont presque réussi à gommer cette sensation de « patinage » propre aux boites à variation continue (CVT). Et surtout, une consommation digne d’une berline avec 7l/100 avec une conduite éco-friendly (12-15l en adaptant un style plus « dynamique »). C’est aussi le moyen d’avoir un malus moins dissuasif (12 500€)…

Quant à choisir entre coupé et cabriolet, c’est là un choix totalement subjectif tant les deux sont désirables. Mention spéciale toutefois pour la ligne de toit sans montant arrière du LC 500h Coupé, tout bonnement splendide. Le coffre se la joue aussi minimaliste (197 litres en V8 vs 172 litres en V6 hybride). Reste la possibilité de loger quelques bagages sur la banquette arrière, les deux sièges étant pour simplifier inexploitables, même pour des enfants. Mais là n’est pas la vocation du LC 500. Pour cela, la Lexus LS 500, aussi doté de la motorisation hybride V6, est toute désignée. 

Lexus LC 500h

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© Julien Thoraval – Photos non libres de droits.

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