Une petite sportive, électrique, qui fait du bruit. Une association a priori contre nature et pourtant, c’est le pari de Fiat avec sa 500e version Abarth qui délaisse la combustion au profit des électrons. Pragmatisme pour ne pas (trop) froisser les fidèles de la marque, coup de génie ou anachronisme, les avis divergent. Et si chacun détenait une part de vérité ? Éléments de réponse après un essai électrisant à bord des Abarth 500e berline et Abarth 500e cabriolet.
Pour faire connaissance avec la piquante citadine au scorpion, rendez-vous est pris un matin de juin du côté de Mortefontaine. A peine arrivé sur le circuit du CERAM, une dizaine d’Abarth 500e sont soigneusement alignées. Force est de leur reconnaitre une certaine prestance dans cette nouvelle déclinaison sportive de la Fiat 500e.
Les deux coloris flashy, n’y sont sans doute pas étrangers. Bleu poison ou vert acide. Eh oui, officiellement, l’Abarth 500e est verte et non jaune. En pratique, c’est pourtant l’inverse qui est perçu même si, à l’ombre, de subtiles nuances vertes peuvent se dévoiler. Laissons ce débat stérile de côté car certes, il faudra accepter de ne pas passer inaperçu, mais ces deux coloris siéent à merveille à l’Abarth 500e. Pour plus de discrétion, il est toujours possible d’opter pour le blanc antidote, le noir venom ou le rouge adréaline.
Ailes élargies (+ 6cm), jantes 17/18 pouces « gris titane diamantée », boucliers, diffuseur et bas de caisse spécifiques, la Fiat 500e en tenue de sport est encore plus désirable tant dans sa version Berline que Cabriolet (ou plutôt découvrable).
A l’intérieur, l’ambiance sportive règne aussi. Volant trois branches siglé Abarth avec point milieu bleu poison et insert alcantara. Une matière aussi présente sur le tableau de bord embossé et les sièges cuir / alcantara sur la finition Turismo, la plus haute de gamme. Double surpiqures bleue et jaune, logo scorpion sur les appuis tête, conducteur et passagers seront rapidement piqués au vif. L’écran central de 10 pouces reçoit un affichage supplémentaire orienté « performance » avec un compteur de puissance et un onglet « Drag Race » qui enregistre les meilleurs temps au 0 à 60 km/h et 0 à 100 km/h. Ambiance…
Côté look, la nouvelle Abarth 500e coche toutes les cases pour séduire un large public grâce à son « sex-a-pile ». Mais les petits bolides au scorpion ont aussi bâti leur réputation sur leurs performances. Si la capacité de la batterie reste inchangée par rapport à la 500e en tenue de ville, l’Abarth 500e voit sa puissance portée à 155 ch (vs 118 ch) pour un poids total d’environ 1400 Kg. 37 ch supplémentaires donc qui permettent d’abattre le 0 à 100 km/h en environ 7s. En moyenne, l’Abarth 500e est ainsi une seconde plus rapide que son homologue thermique sur les relances.
Associé à un centre de gravité plus bas, un empattement allongé (+24 mm) et au couple (235 Nm) instantané propre à l’électrique, la 500e Abarth profite d’un dynamisme accru. De quoi renforcer son caractère sportif même si sur ce point, une position de conduite (encore) plus basse serait bienvenue.
Saluons en revanche le confort des baquets et de la position de conduite haute qui invite à enchainer les virages et kilomètres. Il faudra néanmoins composer avec la batterie dont l’autonomie avoisine les 200 kms en mode « Scorpion Track » avec une conduite dynamique (environ 22-23 kWh/100). En ayant le pied droit plus léger, et avec le mode « Scorpion Street » qui active le One Pedal, la consommation chute autour de 17-19 kWh/100, soit environ 250 kms en adéquation avec les données WLTP. Un troisième mode, Turismo, est aussi proposé. Davantage pensé pour le quotidien, il limite la puissance à 135 ch et le couple à 220 Nm, toujours avec le One Pedal actif. Ce dernier est plutôt bien dosé et gère les arrêts. En revanche, il ne peut être désactivé, sauf à repasser en mode Scorpion Track.
Côté recharge, l’Abarth 500e accepte jusqu’à 85 kW (Combo CCS), et imposera donc un stop d’une trentaine de minutes pour retrouver une batterie chargée à 80%. C’est sans doute là, la première vraie différence avec les Abarth thermiques, la 500e a son champ d’action davantage taillé pour la ville et le péri-urbain que pour enchainer les virages de la Route Napoléon ou autres road-trip au long cours entre passionnés.
Reste un autre point, source de débats enflammés dès lors qu’il s’agit d’un véhicule électrique à caractère sportif, l’absence de bruit. Au point de pousser tous les constructeurs à proposer des sons numériques, parfois avec de prestigieuses références, à l’instar de BMW avec Hans Zimmer sur sa i4 ou son iX par exemple. Anachronique pour certains, la mélodie d’un moteur reste indissociable du plaisir automobile pour beaucoup. Abarth a d’ailleurs une solide réputation en la matière avec des échappements dont la discrétion n’est pas la première qualité. Conscient de cette dichotomie, les équipes d’Abarth ont manifestement choisi de (tenter) de mettre tout le monde d’accord en proposant une Abarth électrique oui, mais qui peut faire du bruit. Les ingénieurs ont donc passé des centaines d’heures à modéliser le bruit des Abarth thermiques pour ensuite le reproduire de façon numérique. Un active sound est ainsi implanté avec un haut-parleur situé au niveau du passage de roue arrière gauche.
Laissons à chacun le soin de juger ou non de l’intérêt de cet échappement 2.0 (à écouter sur notre chaine Youtube pour les curieux). Saluons en revanche le réalisme de ce générateur de son digitalisé qui parvient à faire plus qu’illusion à l’arrêt (y compris pour reproduire les coups de gaz 🤭) et de façon plus générale, dès lors que le trajet n’est pas monotone. En ligne droite ou à vitesse stabilisée, le rendu est en revanche plus perfectible avec davantage une sensation de sur-régime et l’envie de passer le rapport supérieur sur une boite manuelle pour l’analogie… Point de retour de gaz, crépitement ou résonance dans une ruelle étroite ou sous pont comme le ferait un « vrai » échappement. En somme, ce supplément d’âme qui fait tout le charme de certains modèles.
La logique voudrait alors que ce ronronnement numérique puisse être désactivé via un simple appui sur un bouton. Il n’en est rien. L’option est bien proposée mais cachée dans l’un des sous-menu accessibles depuis le combiné d’instrumentation principal et uniquement à l’arrêt 🙃 Autre grief, le son se réactive à chaque démarrage… Dommage mais les équipes Abarth semblent conscientes de ce détail. Une prochaine mise à jour pourrait donc apporter une solution. Attention toutefois, en France, le générateur de son est disponible uniquement sur la finition Turismo en option (1500€ avec le système audio JBL à 7 haut-parleurs). Il est en revanche inclus sur l’Abarth 500e Scorpionissima, finition en série limitée réservée au lancement mais dont tous les exemplaires ont déjà été vendus !
Commercialisée à partir de 37000€ pour la berline ou 42000€ pour son homologue cabriolet (auxquels il convient de déduire le bonus de 5000€ pour l’achat d’un véhicule électrique en 2023), l’Abarth 500e démontre, si besoin il en était, que l’avenir des sportives peut se conjuguer avec l’électrique. Toutefois, Fiat a peut-être été un peu trop timoré en se contentant de 155 ch. Passer le cap symbolique des 200 ch aurait sans doute aidé les réfractaires à l’électrique à mieux « avaler le scorpion » et surtout éviter de se faire déposer au premier feu rouge par une Tesla ou un SUV électrique… Reste que l’un comme l’autre n’ont pas le capital sympathie de l’Abarth. Mais l’avenir est plein de surprises et il se murmure que la situation pourrait bien s’inverser dans un futur pas si éloigné…