Toutes les voitures électriques se ressemblent. On a aucune sensation de conduite à leur bord. C’est ennuyeux… On entend souvent les mêmes remarques au sujet des véhicules zéro émission. Mais ça, c’était avant. Avant l’arrivée de cet ovni qu’est la Microlino, sorte de croisement entre une Fiat 500 et une Citroën AMI ou (plutôt) réinterprétation contemporaine de la BMW Isetta.
Doté d’un look unique, ce véhicule pas comme les autres fait certes tourner les têtes… mais pour quel résultat au quotidien ? C’est ce que l’on vous propose de découvrir à travers cet essai de la Microlino.
Un petit pot de yaourt qui ne passe pas inaperçu
2,52 m de long, 1,47 m de large et tout juste 1,50 m de haut pour un poids d’environ 500 kilos. Sur le marché de l’automobile, la Microlino fait figure de puce. On devrait d’ailleurs plutôt parler du marché de la mobilité, car il ne s’agit pas d’une voiture à proprement parler, mais d’un quadricycle lourd selon l’appellation officielle. Entendez par là que la Microlino nécessite bien un permis de conduire (B ou A1, à partir de 16 ans) et qu’elle ne peut se déplacer que sur les routes départementales et nationales (et en aucun cas sur voies rapides et autoroutes).
Mais ce n’est pas parce qu’elle est petite que la Suisso-Italienne ne sait pas se faire remarquer… bien au contraire ! Des engins comme la Ford Mustang cabriolet ou l’ID.Buzz de Volkswagen avaient déjà donné lieu à de multiples rencontres et scènes amusantes lors de précédents essais. Mais jamais autant de réactions qu’au volant de la Microlino : « Oh, c’est la classe, ça ! », « Trop marrant, trop mignon cette petite voiture ! », « Je peux vous prendre en photo ? », « Alors, ça, c’est iconique ! »… Il ne s’agit là que de quelques exemples, qui se sont déclinés à l’envi pendant les 48 heures passées en compagnie de cette choupinette.
Le pouvoir de séduction de cette auto est impressionnant et s’explique par ses lignes inhabituelles. Au-delà de son gabarit, elle reprend un design largement inspiré de celui de l’Isetta des années 1950. On retrouve une structure monocoque profilée avec une unique porte sur l’avant et deux roues arrière plus rapprochées qu’à l’avant. Ajoutez à cela une signature lumineuse savamment étudiée, avec deux yeux lumineux sur les rétroviseurs et deux larges bandeaux à l’avant et à l’arrière, un toit ouvrant manuel en toile et de toutes petites roues à bâtons et le capital sympathie de la Microlino est encore décuplé.
N’imaginez donc pas prendre la route sans être questionné au premier feu rouge ou sans voir des pouces levés ou des smartphones pointés vers vous sur votre passage !
La ville est son élément
Pour la discrétion, on repassera, vous l’aurez compris. Mais à l’usage, comment se comporte cette Microlino ? En pénétrant à son bord, elle continue à jouer la séductrice. L’ouverture de la porte permet un accès très aisé au poste de conduite et une fois installé, l’impression d’espace est bluffante. Même en étant deux à bord et en approchant les 190 cm.
Pour ne rien gâcher, de multiples bacs de rangement et élastiques rendent l’habitacle bien pratique, sans oublier le généreux coffre de 230 litres qui peut accueillir sans problème une grosse valise (ou trois caisses de bière dixit la marque)… et qui dépasse le volume d’une Fiat 500 !
Malgré quelques éléments en plastique un peu grossiers, la présentation demeure très soignée à l’intérieur. Les lignes sont harmonieuses, l’instrumentation très lisible, tant au niveau du (tout) petit écran tactile central que de la dalle placée derrière le volant trois branches. On aime aussi les petits détails tels que le support pour smartphone à l’effigie de la voiture ou le petit bouton permettant d’actionner le mode « sport »… avec le dessin d’une fusée sur le toit.
Justement, il est temps de parler du moteur qui animer cette Microlino. Il s’agit donc d’un petit bloc de 12,5 kW (89 Nm de couple) avec une batterie lithium-ion, ou plutôt 3 packs de batterie, de 6, 10 ou 14 kWh selon la version choisie. Suffisant en tout cas pour propulser l’auto de 0 à 50 km/h en 5 secondes et atteindre 90 km/h en pointe (avec le fameux mode sport). Mais attention, car l’autonomie, elle, est comprise entre 90 et 230 km… et descendra d’autant plus rapidement dès que vous sortirez de la ville.
Interdite de circulation sur le périphérique (car dépourvue d’ABS, ESP et airbags), la Microlino fait en revanche preuve d’une agilité et d’une vivacité rares dans les ruelles étroites et en milieu urbain. Ses suspensions auraient pu être un tantinet plus douces au moment de franchir des pavés ou de « gravir » des dos d’âne, mais c’est un reproche inhérent aux quadricycles de ce genre. Et comme son gabarit lui permet de se garer partout et même à la perpendiculaire de la route, il est facile de sortir (et pratique) de la voiture directement sur le trottoir !
En résumé, notre avis sur la Microlino
Elle est (très) belle, elle est (assez) pratique, elle est (plutôt) confortable : doit-on donc dire que la Microlino a tout juste ? Presque. Car son interdiction de rouler sur voies rapides, son autonomie relativement réduite ou sa recharge complète en 3 ou 4h (via la prise Type 2 de base ou avec une prise domestique classique) sont des éléments qui peuvent venir écorner son image de séductrice.
Mais c’est surtout son prix qui a de quoi laisser dubitatif. Proposée à partir de 17 990€ dans sa version de base (Urban 6 kWh), elle s’affiche à 22 990€ dans la série spéciale Pioneer que nous avons pu essayer (avec toit ouvrant, batterie 10,5 kWh et… enceinte Bluetooth !). Un tarif particulièrement élevé si on le rapproche de celui d’une Ligier Myli électrique et sans permis (à partir de 12 499€) ou même d’une Dacia Spring, autrement plus polyvalente et accessible dès 20 800€…
Certes, l’Italienne aura toujours une longueur d’avance en matière de pouvoir de séduction, mais cela sera-t-il suffisant pour imposer cette bubble-car pas comme les autres sur le marché ?