Marc-Antoine Barrois, le petit prince du parfum de luxe

Découverte des parfums Marc-Antoine Barrois

En l’espace de seulement deux créations, B683 et Ganymède, Marc-Antoine Barrois s’est forgé une jolie réputation sur le marché du parfum de niche. Alors que sort sa nouvelle fragrance, B683 Extrait, nous avons pu lui poser quelques questions.

Qui est Marc-Antoine Barrois ?

Portrait de Marc-Antoine Barrois par Olivier Yoan

Marc-Antoine Barrois est né le 6 octobre 1983 (une date importante, on y reviendra plus tard) dans le Nord de la France. Issu d’une famille travaillant dans le textile, il a toujours été fasciné par le milieu de la création. « Alors que je voulais me lancer dans des études de stylisme, on m’a gentiment orienté vers le métier d’ingénieur textile », reconnaît-il.

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Mais on le comprend vite en l’écoutant réciter son parcours : ce qui plaît à Marc-Antoine Barrois, ce n’est pas la technique pure, mais bien l’aspect créatif.

De 2003 à 2009, il se forme donc auprès de prestigieux créateurs, d’abord avec Dominique Sirop, puis au sein de la maison Hermès, avec Jean-Paul Gaultier et Jean-Claude Jitrois. « Au fur et à mesure de cette formation, je me disais que je pouvais offrir ça aux hommes, que c’est ce que je voulais vraiment.« 

D’où la création de la Maison Marc-Antoine Barrois en 2009. Le couturier propose alors des vêtements uniques, sur-mesure, se spécialisant notamment dans les beaux smokings, les manteaux… Quelques années plus tard, en 2016, il se lance dans une nouvelle aventure, la parfumerie, avec sa première fragrance, B683.

A la découverte des parfums Marc-Antoine Barrois

Avec cette double casquette de couturier-parfumeur, Marc-Antoine Barrois se pose aujourd’hui comme un créateur accompli. Il a accepté de répondre à nos questions pour essayer d’en savoir un peu plus sur son univers et son processus créatif.

« A mes yeux, le parfum est un vêtement à part entière »

Ganymède Marc-Antoine Barrois

Masculin.com : Bonjour Marc-Antoine. Gaultier, Saint Laurent, Chanel, Dior… Tous les grands couturiers ou presque ont un jour créé leur propre parfum. Qu’est-ce qui lie donc ces deux univers ?

Marc-Antoine Barrois : Quand on crée des vêtements (enfin, je parle au moins pour moi), c’est parce qu’on veut créer des pièces uniques, écouter les envies et les rêves de chacun, proposer quelque chose de différent des grandes enseignes de prêt-à-porter.

Au fur et à mesure que l’on acquiert de l’expérience, que l’on mûrit son ADN créatif, l’envie de faire un parfum m’est venue naturellement. En fait, je dis souvent qu’à mes yeux, le parfum est un vêtement à part entière. Donc, puisque j’habille mes clients, j’ai envie de faire mon parfum.

Par contre, je tiens à préciser que je ne suis pas parfumeur. La direction artistique, OK, mais je ne m’occupe pas de la création en tant que telle.

Justement, pouvez-vous nous parler de votre rencontre avec Quentin Bisch, le parfumeur à l’origine de B683 et Ganymède ?

Clairement, si je n’avais pas rencontré Quentin, un parfumeur aussi talentueux, mon envie de créer un parfum aurait pu prendre 10 ans de plus ! Ca va paraître un peu cliché de dire ça, mais on s’est vite rendu compte que l’on avait plein de points communs : on a le même âge, on avait les mêmes attentes, on partage les mêmes valeurs dans de nombreux domaines… Je le considère presque « comme un jumeau » : on a tous les deux un père prof, on a reçu la même éducation, on a la même proximité avec la nature…

Cela se retrouve aussi au niveau du parfum. On associe les mêmes odeurs avec les mêmes choses. Et la mémoire olfactive est vraiment quelque chose d’important : si quelqu’un a eu une mauvaise expérience avec une rose, il n’aimera pas l’odeur de la rose, en gros. Quentin et moi, on aime beaucoup les odeurs boisées, les senteurs de mousse, de forêt. Pareil pour le géranium. On a mis du temps à associer nos idées, à essayer de se comprendre et créer ce qu’on voulait être un beau parfum. Mais finalement, je crois qu’on y est bien arrivé !

Mais c’est quoi un beau parfum ?

Les anciens parfums Hermès sont ce que j’appelle des beaux parfums. Ils ne sont pas expérimentaux ou « fashion » : Bel Ami ou Equipage durent depuis des années par exemple.

Aujourd’hui, les parfums sont souvent plus expérimentaux ou visent à être dans la tendance, voire à créer une tendance ou faire la buzz. L’envie que l’on avait tous les deux, avec Quentin, c’était de trouver une élégance intemporelle.

On est donc revenus sur un parfum ancien, peut-être un parfum de grand-père, mais en essayant de le twister, de le moderniser et l’ancrer au 21e siècle. D’où cette association de cuir et de safran que l’on retrouve sur nos deux premières créations. J’ai voulu laisser libre cours aux expressions de Quentin. Tant que le résultat est beau, « essayons » !

B683 Extrait Marc-Antoine Barrois

Parlons plus précisément de B683… Comment s’est passé le processus créatif ? Quel a été le point de départ ?

En fait, on a construit notre parfum en partant de rien. On y est allé pas après pas ; on s’est d’abord demandé quelle serait la première pierre, puis la suivante et ainsi de suite. A chaque fois, on procédait à des ajustements, comme pour un vêtement en fait. Quand je crée, je dessine. Et à chaque fois, je me demande si ce que je viens d’esquisser, ça sert vraiment le vêtement. Si la réponse est non, je l’enlève et je recommence. Eh bien, ça a été la même chose avec B683.

En tout cas, contrairement à certains parfumeurs, on n’a pas voulu partir d’un ingrédient précis, travailler toute une fragrance autour d’un ingrédient. J’aime l’idée d’un parfum subtil qui évolue : c’est cela qui nous a guidé. Comme j’ai dit, j’exprimais des idées et je faisais confiance à Quentin pour les traduire.

Il y a juste eu une exception : il a ajouté une « pierre » alors qu’il savait que je n’aimais pas ça. Je lui ai demandé de rendre le parfum plus sensuel, plus addictif et il a ajouté de la teinture de vanille sans me le dire. Je ne le savais même pas et au final, il a eu raison !

Et comme souvent, dans la parfumerie de niche, vous avez volontairement pris le risque de créer un parfum clivant. B683, on l’aime ou on le déteste, non ?
Je suis tout à fait d’accord ! Pour moi, un bon parfum, c’est un parti pris, il y a de la personnalité. C’est comme l’art : on aime Rothko ou pas, pareil pour Molière ! On n’est pas des clones, nous ne sommes pas faits pour tous aimer les mêmes choses.

D’ailleurs, je trouve dommage que tout le monde aime un parfum. Bleu de Chanel ou Sauvage de Dior, tout le monde les aime et ce sont pour ainsi dire les mêmes parfums.

« Je suis presque content quand on me dit qu’on n’aime pas mon parfum ! Au moins, cela signifie qu’il suscite des émotions ! »

Et que peut-on dire au sujet de Ganymède, qui a été récompensé par la Fragrance Foundation en 2020 ?

On a pris un peu plus d’un an pour créer B683 et il nous a fallu 3 ans pour Ganymède ! Là encore, on a utilisé le cuir et le safran. Je crois qu’on a pu montrer qu’on pouvait faire deux « frères » avec des caractères très différents.

Pour ce qui est de la récompense en France, puis à Londres (dans la catégorie Perfume Extraordinaire, ndlr), jamais je n’aurais pensé gagner. Il y a 700 candidats au départ, on était contre des parfums Hermès, Molton Brown, Creed Aventus Cologne… C’est une reconnaissance de la profession qui est absolument énorme ! En quelques secondes, je passe du statut d’inconnu au bataillon à celui où les parfumeurs du monde entier connaissent le nom de « Marc-Antoine Barrois Parfums » !

Parfum Ganymède Marc-Antoine Barrois

D’où viennent les noms de ces deux premières fragrances ? Pourquoi ce rapport aux planètes ?

A la base, quand j’ai créé B683, je devais juste l’appeler « Parfum Marc-Antoine Barrois ». Et puis, un jour, je me suis dit qu’il était tellement intime, tellement proche de moi, qu’il fallait lui trouver un autre nom. Je voulais mettre « plus de moi » dans ce parfum, en quelque sorte. J’ai pensé à mon livre préféré, Le Petit Prince, dont le personnage vient de la planète B612. Ca a trouvé un écho en moi et le 683 renvoie à ma date de naissance, le 6 octobre 1983.

Quant à Ganymède, retourner sur une planète n’était pas un choix au départ. Mais pour moi, un parfum, c’est une histoire d’évasion. Je suis un grand rêveur, j’aime imaginer d’autres ailleurs. Je me suis donc repenché dans les monographies d’artistes que j’avais étudiés aux Beaux-Arts, et je suis tombé sur une oeuvre de Pierre et Gilles, « l’Enlèvement de Ganymède« . Encore une fois, ce mot a résonné dans ma tête, j’ai cherché sur Internet et découvert qu’il s’agissait de la plus grosse lune de Jupiter dont la surface est recouverte d’eau salée. Et là, j’ai trouvé, je me suis dit « c’est ça, son nom ».

Le truc marrant, c’est que quand j’appelle Quentin pour lui annoncer, il me dit qu’il voulait justement rajouter de l’immortelle dans le parfum. Et cette plante pousse principalement autour des étendues d’eaux salée…

Enfin, je voulais aussi parler de votre démarche « écologique et responsable ». C’est tendance dans le prêt-à-porter et la cosmétique, notamment, mais on en parle moins dans la parfumerie…

Depuis tout petit, pour ainsi dire, j’essaie d’être respectueux de l’environnement dans ma vie quotidienne. Ca me paraît donc évident que ce soit pareil dans le cadre de mon activité. On dit que chaque petit geste est une goutte d’eau pour les particuliers, mais dans ce cas, chaque geste est une bouteille d’eau au niveau de l’entreprise !

C’est pour ça que le packaging des parfums a été soigneusement étudié. Par exemple, sur le flacon, on a choisi une tampographie à l’or fin plutôt qu’une plaque dont il faudrait recycler le métal. On n’utilise pas non plus de plastique, mais que du carton recyclé et/ou recyclable.

On a aussi veillé à supprimer tous les conservateurs et perturbateurs endocriniens trop souvent utilisés dans les parfums. Alors, oui, ils risquent de s’altérer au bout de 3 ans, mais quand on fait un parfum, c’est pour le porter et l’utiliser !

On essaye aussi de tout faire en France : la verrerie à Masnières, dans le Nord, le conditionnement à Arras, la boîte à Valence… Enfin, on travaille avec un ESAT en Île-de-France pour le conditionnement et avec l’association Amitié Partage à Roubaix, qui aide à la réinsertion des femmes.

Voilà, ce ne sont peut-être que de petits gestes, mais s’ils peuvent aider des personnes d’une façon ou d’une autre, ça me parait important.

Après B683 Extrait, une version encore plus animale et concentrée de votre premier parfum, que préparez-vous pour la suite ?

J’ai l’habitude de ne jamais parler de mes prochains projets, mais il y a bien un nouveau parfum qui sortira. On a déjà le nom (normalement), mais la fragrance est encore en cours d’élaboration.

En attendant, j’ai une deuxième boutique qui ouvrira à Paris, début juillet. La première, située rue de Budapest, avait un showroom et me permettait de montrer les vêtements, la joaillerie et les parfums. Le nouveau magasin, lui, sera dédié à la parfumerie.

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Boutique Marc-Antoine Barrois à Paris

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