Concrete Cowboy avec Idris Elba : on regarde ou on zappe ? [CRITIQUE]

CONCRETE COWBOY - (L-R) Idris Elba as Harp and Caleb McLaughlin as Cole. Cr. Aaron Ricketts / NETFLIX © 2021

Concrete Cowboy est le dernier drame équestre de Netflix, où l’hommage rendu à ces cowboys des villes et le portrait tiré de cette communauté menacée par une urbanisation incessante prennent mille fois plus de sens que le petit drame initiatique qui se joue au premier plan.

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Malgré les similitudes dans le nom, Concrete Cowboy, mettant en vedette Idris Elba et Caleb McLaughlin (Stranger Things), n’a rien à voir avec Urban Cowboy (1980), le film « cheezy » avec John Travolta. C’est une histoire de passage à l’âge adulte à l’état brut, quoique légèrement prévisible, qui se déroule dans le contexte de la sous-culture des cowboys urbains du nord de Philadelphie.

Le film tire donc son essence d’une histoire vraie. Celle de ces cavaliers noirs qui ont pris soin des chevaux pendant des générations et continuent de le faire à ce jour alors même que le monde change radicalement autour d’eux et que l’histoire américaine a blanchi l’image du cowboy.

L’intersection de leur identité personnelle et de l’iconographie américaine est fascinante, mais malheureusement, le réalisateur de Concrete Cowboy, Ricky Staub, l’oblige à résider dans une histoire de passage à l’âge adulte assez primaire.

CONCRETE COWBOY – Caleb McLaughlin (Cole) et Jharrel Jerome (Smush). Cr. Aaron Ricketts / NETFLIX © 2021
critique concrete cowboy

Expulsé de l’école et ayant usé le dernier nerf de sa mère, Cole est envoyé pour l’été chez son père à Philadelphie. Il n’a pas seulement besoin de liens – il a besoin d’une intervention avant de prendre un chemin autodestructeur, voire fatal. Ce sont des enjeux assez familiers, et le film ne s’éloigne pas trop de ce que les téléspectateurs reconnaîtront comme une formule éprouvée, suivant sagement les conventions du récit initiatique.

Inspiré du roman « Young adult » de Greg Neri « Ghetto Cowboy », cette chronique sur le passage à l’âge adulte présente suffisamment de conflits prévisibles, de revers, de tendresse et de triomphe pour se rapprocher du cliché. Mais, entre les mains du réalisateur Ricky Staub, dont c’est le premier film, «Concrete Cowboy» possède également des moments gratifiants de lyrisme et d’authenticité, surtout lorsque le cinéaste plonge le spectateur dans la vie des écuries de Fletcher Street, aux côtés des habitants dont on découvrira dans le générique qu’il s’agit d’authentiques cavaliers du quartier. Quelques fulgurances dans la réalisation, l’image et la bande originale permettent de donner une substance à la besogne.

CONCRETE COWBOY – Lorraine Toussaint (Nessi) et Caleb McLaughlin (Cole). Cr: Jessica Kourkounis / Netflix © 2021
critique concrete cowboy

Mais malgré de fortes performances de la distribution, Concrete Cowboy sape son univers unique en essayant de raconter un récit d’apprentissage aux grosses ficelles, qui néglige l’individualité et la personnalité de ses personnages.

Le problème central dans Concrete Cowboy, c’est son scénario, ou plus précisément l’intrigue principale centrée sur Cole. McLaughlin donne une excellente performance engagée, mais son personnage ne lui laisse pas beaucoup de caractère auquel s’accrocher. Cole est un jeune homme en colère, il a l’impression que son père l’a abandonné, et c’est à peu près tout ce que nous apprenons sur lui. Cole est réduit en grande partie à cette allégorie pour montrer les deux chemins différents qui s’offrent à lui : il peut essayer d’être un cowboy comme son père, ou il peut tenter sa chance dans les rues avec Smush.

CONCRETE COWBOY – Idris Elba (Harp) et Caleb McLaughlin (Cole). Cr. Aaron Ricketts / NETFLIX © 2021
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Et même dans tout ça, alors que le film déroule sur plus d’une heure de pérégrinations, il est difficile de percevoir comment Cole se développe et évolue alors qu’il se dirige vers cette vie de cowboy. Staub, qui a co-écrit le film avec Dan Walser, a manifestement manqué un coche dans la narration et n’a jamais réussi à créer une synergie entre son intrigue principale et son environnement.

En réalité, les vrais éclats viennent des vrais cavaliers de Fletcher Street, lorsqu’ils racontent leurs histoires et participent à cette représentation de leur rue. Quand ils occupent l’écran et racontent leur vie dans ce ghetto animé par la passion pour les chevaux, on en arrive à se demander pourquoi ils ne sont pas au centre de l’histoire. Une fois encore, McLaughlin, Elba et Jerome sont des acteurs formidables, mais Staub et Walser ont manifestement échoué à construire un récit plus fascinant que la réalité captivante de ces habitants.

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Elba, qui est co-producteur, profite d’un personnage dont l’hostilité serait rebutante sans sa sympathie inhérente. Alors que le film atteint son apogée mélodramatique, le public verra presque chaque instant venir. Mais, même dans les limites de son intrigue générique et parfois de son dialogue guindé, Concrete Cowboy finit par être un drame familial engageant et émouvant. Sa sincérité, sa distribution accomplie et ses fières racines de Philadelphie parviennent à le garder réel.

En fin de compte, Concrete Cowboy ne brille que très peu du conte de retrouvailles père / fils. C’est dans sa trame de fond que le film prend vie dans un bel hommage, une ode à un mode de vie spécifique avec des messages universels de la valeur de la communauté.

Notre note : ⭐ ⭐ ⭐ ★ ★

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