« Le Serpent » sur Netflix : la traque d’un Tahar Rahim glaçant et méconnaissable [CRITIQUE]

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Netflix revient avec une mini-série en 8 épisodes de son genre favoris : le portrait et la traque d’un serial-killer « inspiré de faits réels ». Hanté par Tahar Rahim, Le Serpent traîne et s’embourbe par endroits mais arrive peu à peu à captiver et à enrager de la meilleure façon qui soit.

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Le Serpent s’ouvre sur une interview datant de 1997 de l’escroc français Charles Sobhraj, qui évite habilement les questions concernant sa culpabilité. Il peint immédiatement l’image d’un homme impassible et condescendant. Sobhraj, un tueur en série français d’origine indo-vietnamienne qui a sévi en Asie à la fin des années 70, faisant au moins 12 victimes connues, ciblait spécifiquement les Occidentaux de passage sur le sentier Hippie dans des pays comme la Thaïlande, l’Inde et le Népal. Il a reçu le surnom de Serpent face à sa façon d’esquiver la loi, évitant d’être capturé à plusieurs reprises jusqu’à ce que son arrogance le rattrape.

Plongez dans une affaire aux nombreux visages

Le Serpent met en vedette Tahar Rahim (Un Prophète, The Eddy) dans le rôle de Sobhraj et Jenna Coleman (Doctor Who) dans le rôle de son amante et complice, Marie Andrée-Leclerc. Mais lorsque la série débute en novembre 1975, leurs alter ego à Bangkok sont Alain Gautier et Monique, marchands de pierres précieuses prompts à tromper les jeunes routards avec l’aide de l’homme de main de Sobhraj, Ajay (Amesh Edireweera). Avec leur complicité, Gautier attire dans ses filets ses futures victimes, dont il n’hésite pas à voler l’identité.

En l’état, Le Serpent est essentiellement une reconstitution dramatique de la façon dont le trio a continué ses transgressions pendant plusieurs mois dans différentes villes sans se faire prendre. Le problème dans l’adaptation d’un conte très médiatisé comme celui-ci est de trouver un moyen d’introduire de nouvelles informations ou d’explorer des aspects relativement inconnus des protagonistes.

La série capture la mode scintillante de l’époque ainsi que son atmosphère criblée de fumée et insouciante, mais n’est finalement ni introspective, ni n’offre quoi que ce soit de particulièrement nouveau à part : « Regardez, voici des gens infâmes qui font des choses inattendues ». De plus, le format 55min impose un développement de l’intrigue assez lent, de quoi tenter parfois le téléspectateur à rechercher des informations sur Internet au lieu d’attendre des réponses à l’écran.

On pense bien sûr à l’enquête au centre, mais aussi à l’histoire personnelle de certains personnages, comme celui de Monique. Doit-on l’apprécier ? Avoir pitié d’elle ? Difficile à dire puisque la série évite de nous donner trop de détails, la laissant subir le cours des événements aux côtés de Charles. Résultat, on s’agace à essayer de comprendre ses raisons au-delà de l’emprise.

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Heureusement, la série trouve un certain encrage émotionnel dans d’autres personnages comme Herman (Billy Howle) et Angela Knippenberg (Ellie Bamber). Herman, un diplomate néerlandais qui était en poste à Bangkok à l’époque, se donne pour mission de retrouver Sobhraj lorsqu’il enquête sur un couple hollandais disparu, malheureuses victimes du Serpent. Il obtient l’aide de sa femme Angela, ainsi que des voisins de Sobhraj, Nadine Gires (Mathilde Warnier, saisissante) et son mari de l’époque, Remi (Grégoire Isvarine).

Nadine devient une sorte d’agent d’infiltration pour Herman, l’aidant à monter des preuves contre Alain et Monique. Le voyage ardu entrepris par cette équipe hétéroclite, avec l’aide d’autres agents comme Paul Siemons (Tim McInnerny) du Service extérieur belge, fait bien plus pour ancrer le Serpent que sa figure titulaire.

Une narration qui joue avec la chronologie

Le Serpent fait aussi allusion à des tangentes potentiellement intéressantes, comme la façon dont le charme de Sobhraj l’a aidé dans ses relations avec la police, et comment presque personne, dont diverses ambassades et commissariats de police, n’a prêté attention aux voyageurs disparus car ils étaient qualifiés de « pauvres hippies ». Il se concentre également occasionnellement sur les histoires de quelques-unes des victimes, dans lesquelles le téléspectateur se laisse volontiers embarquer, le destin de Dominique notamment, un voyageur victime de Sobhraj.

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Ce sont surtout ces récits qui donnent un sens à la série, même s’ils sont perdus dans une narration inutilement complexe qui saute dans le temps. Il est facile de se perdre entre les «2 mois plus tard» ou «4 mois plus tôt» ou «10 mois plus tard» et ainsi de suite, qui interviennent très régulièrement à chaque épisode. Afin de donner de l’impact à une histoire simple et la rendre plus excitante et anticipatrice, Le Serpent use et abuse de ce procédé qui va jusqu’à paraitre factice à certains moments, semblant cacher une faiblesse narrative.

Et enfin Tahar Rahim…

Dans tout ça et malgré nos réticences concernant le choix narratif, il y a bien un élément qui cristallise toute la tension du Serpent : Tahar Rahim. L’acteur révélé dans Un Prophète de Jacques Audiard apporte une énergie charismatique si spécifique à la performance et un tel magnétisme qu’il devient possible de voir comment autant de personnes ont pu être attirées dans ses filets. Il ne cabotine jamais et sa composition riche retranscrit à merveille la personnalité tantôt charismatique, glaciale, avenante et manipulatrice du personnage.

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C’est surtout grâce à cette tête d’affiche exemplaire, et parce que le show arrive à recréer très justement l’époque – décors, accessoires, costumes et bande-son – et à tisser une ambiance poisseuse, malsaine et angoissante, que Le Serpent finit par nous attirer dans son piège.

Notre note : ⭐ ⭐ ⭐ ★ ★

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