CODA et Calls sur Apple TV+, deux productions françaises adaptées par Hollywood

4 septembre 2021 - #apple tv+ #critique

Le dîner de cons, Taxi, Un indien dans la ville ou encore LOL sont quelques exemples de films franco-français qui ont traversé l’atlantique sous la forme de remake, dont on laissera à chacun le soin de juger de la qualité. Plus récemment, c’est La Famille Bélier et Calls, mini-série Canal+, qui ont attiré l’attention d’Apple TV+ pour deux remake sortis ces derniers mois : CODA et Calls us. Deux programmes opposés qui devraient retrouver leur public originel. Pour les autres, rien n’est moins sûr.

CODA : mieux que l’original ?

CODA – acronyme anglais pour « hearing child of deaf adults » (enfant entendant de parents sourds) – est donc le remake américain de la comédie française La Famille Bélier sortie en 2014, qui mettait notamment en scène Louane Emera, Karin Viard et François Damiens. Le film retraçant le parcours d’une fille entendante de parents sourds qui rêve secrètement de devenir chanteuse a rencontré un succès retentissant au festival du film Sundance, remportant un contrat de distribution record de 25 millions de dollars avec Apple TV+ ainsi que quatre des plus grands prix du festival.

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Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi : c’est chaleureux, différent et « feel good », prenant un conte intemporel de passage à l’âge adulte et le tressant avec un agenda politique opportun. Qui plus est, le scénariste et réalisateur Siân Heder (Tallulah) prend soin de renforcer et d’améliorer la représentation de la communauté sourde à l’écran, en faisant jouer des acteurs sourds dans des rôles sourds, une responsabilité que le film original a négligée.

CODA Apple TV+

Alourdi par une intrigue prévisible et gémissante – qui comprend un « crush » pour le garçon mignon, un professeur de musique coloré (Eugenio Derbez) et une audition de chant culminante – CODA savoure l’occasion de montrer l’expressivité de la langue des signes – le film est largement sous-titré. Les acteurs travaillent ensemble de manière transparente, le cadre côtier est richement réalisé et la cohésion familiale solidement établie. Et si certaines interactions évoluent vers les rythmes clichés d’une sitcom, les efforts de Ruby pour partager son talent musical (notamment dans une jolie scène avec son père) sont remarquablement touchants.

CODA Apple TV+

Plus d’une fois, Heder fait basculer efficacement le point de vue du film sur celui de ses personnages sourds. Lors d’un concert à l’école, la caméra regarde la famille de Ruby dans le public alors que la bande-son se coupe brusquement, nous permettant d’entrevoir l’isolement parfois étouffant d’un monde silencieux. Dans des moments comme celui-ci, lorsque le dialogue plaisant s’atténue et que l’histoire se détend, nous percevons le fantôme d’un film plus fructueux, un film qui préfère surprendre ses téléspectateurs que de leur donner une formule prête à mâcher. A voir en famille.

Notre note : ⭐ ⭐ ⭐ ★ ★

Calls us : une expérience sensorielle

Bien plus confidentiel que La Famille Bélier, Calls est une mini-série Canal+ sortie en 2017 basée sur une idée originale de Timothée Hochet : un thriller sous forme de série télévisée à écouter. Avec son remake US signé Fede Alvarez, Apple TV+ fait référence à une « expérience télévisuelle immersive et révolutionnaire ». Plus sobrement, il s’agit d’une série en neuf épisodes composée d’appels téléphoniques apparemment sans rapport qui finissent par former un mystère effrayant, raconté à l’aide d’audio et d’images abstraites.

Le trait de génie qu’a eu Hochet dans la série originale – et ce qui la catégorise parmi les OFNI (Objet Filmique Non Identifié) – c’est de faire reposer son récit essentiellement sur des éléments audio. À l’écran, comme pour nous hypnotiser, des visuels minimalistes viennent rythmer le son et guider notre attention sans qu’on ne s’en rendre vraiment compte.

Calls, Episode 3 “Pedro Across the Street” | Credit: Apple TV+
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Quand la communication se brouille, rompt, grésille ou s’échappe comme dans un dernier souffle, l’image fait de même. Ces animations sous la forme d’ondes sont là pour renforcer l’impact et amplifier l’atmosphère déjà étrange de la série, mais les quelques informations qu’elles contiennent viennent servir la narration. Quand on vous dit que Calls est une expérience sensorielle, on n’exagère pas. C’est une série à regarder dans le noir, avec des écouteurs vissés dans les oreilles. Il faut accepter de se laisser envelopper, de lâcher prise.

Dans Calls à l’américaine, avec une distribution de voix comprenant des noms comme Nicholas Braun, Lily Collins, Pedro Pascal, Mark Duplass, Rosario Dawson, Judy Greer ou encore Nick Jonas, et bien d’autres encore, on veut en mettre plein les yeux (enfin…). C’est forcément mieux sur le générique mais pour l’action elle-même, une telle tête d’affiche est secondaire.

Chacun des 9 épisodes dure entre 14 et 20 minutes, sans aucune temps mort. Si la version américaine connecte assez vite les épisodes entre eux, on retrouve quand même un peu de cette confusion qui faisait le charme de l’œuvre originale, celle qui laisse le spectateur un peu hésitant à la fin de chaque épisode.

Calls, Episode 5 “The Universe Did It” | Credit: Apple TV+
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Je pense qu’il est prudent de supposer que beaucoup de personnes vont tout « binge-watcher » en une seule fois (cela fait un peu plus de 2,5 heures au total), sachant que la série distille ce qu’il faut d’indice et de suspense au fil des épisodes pour donner envie de pousser jusqu’au prochain. Qu’est-ce que 15 min de plus quand il est déjà 1h du matin ?

Sans aller jusqu’à qualifier Calls de révolutionnaire, il s’agit d’un remake réussi qui offre une évasion sous les formes les plus étranges, combinant des éléments de mystère avec une horreur corporelle grossière et des idées époustouflantes sur le temps. Avec l’aide d’une conception sonore stellaire et d’une partition délicieusement inquiétante, Calls est capable de vous attirer et de vous tenir uniquement par vos oreilles.

C’est une série à vivre avec le moins de contexte possible, une série qui ne conviendra certainement pas à tout le monde, mais qui pourrait très bien surprendre plus que quelques sceptiques.

Notre note : ⭐ ⭐ ⭐ ⭐ ★

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