Pleasure : un film choc qui lève le voile sur les coulisses du porno

Si Venom 2 (Let There Be Carnage) fait beaucoup parler de lui, la sortie cinéma la plus intéressante de ce 20 octobre 2021 est sans doute Pleasure, le film de Ninja Thyberg. La réalisatrice suédoise y offre une plongée fascinante dans l’industrie du porno aux USA.

Pas de voyeurisme au programme, mais un film choc passionnant à plus d’un titre, fraîchement primé au festival de Deauville.

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Plus c’est long, plus c’est bon ?

Retenez bien le nom de Ninja Thyberg. Tout juste âgée de 37 ans (elle les a eus le 12 octobre), la cinéaste suédoise est à l’origine d’un film qui va faire beaucoup parler : Pleasure. Pas seulement parce que son sujet paraît racoleur (le porno), mais plutôt parce qu’il en offre une vision encore jamais vue dans le cinéma traditionnel.

Avant d’envahir nos salles obscures, Pleasure était un court-métrage sorti en 2013. Présenté à la Semaine de la critique du Festival de Cannes, il offrait aux spectateurs une plongée dans l’univers des films pour adulte en Suède. Mais déjà à cette époque, comme elle l’explique à nos confrères d’Allociné, Ninja Thyberg voulait « en faire une version plus longue ».

Après de multiples recherches et après avoir regardé divers documentaires sur le sujet, la réalisatrice a passé 5 ans entre la Scandinavie et les Etats-Unis. Et si elle a bien choisi la fiction pour mettre son propos à l’écran, Pleasure s’inspire grandement de la réalité.

On y fait la connaissance de Bella Cherry (Sofia Kappel, bluffante dans ce rôle-titre), une Suédoise de 20 ans, qui arrive à Los Angeles avec un objectif affirmé : devenir la reine du porno. Mais aussi déterminée soit-elle, la jeune femme va rapidement s’apercevoir que le plaisir est rarement au menu dans ce milieu…

Affiche du film Pleasure

Pourquoi faut-il aller voir Pleasure au cinéma ?

On l’a dit, le film de Ninja Thyberg aurait simplement pu être racoleur, sombrer dans le voyeurisme. Pourtant, elle réussit à aller au-delà des scènes de sexe, à proposer une réflexion nettement plus profonde. C’est sans doute ça, le gros point fort de Pleasure, qui vient de décrocher le prix du jury à Deauville (après avoir aussi été en sélection à Cannes et Sundance).

L’industrie du porno n’est en fait qu’une toile de fond pour dénoncer les dérives de la société patriarcale et notamment le « male gaze« , ce terme très en vogue sur les réseaux sociaux.

Male gaze ou « regard masculin » : selon Wikipedia, il s’agit du fait que la culture visuelle dominante imposerait au public d’adopter une perspective d’homme hétérosexuel. En d’autres termes, il s’agit de la propension à présenter la femme comme objet de fantasme à travers les yeux d’un homme.

Dans Pleasure, le romantisme n’a pas vraiment sa place (pas plus que le désir ou le… plaisir), les tournages X sont mis en scène crument. On l’a compris : Ninja Thyberg n’avait pas l’intention de faire l’apologie du porno. Mais elle n’en fait pas non plus l’incarnation du mal.

Son héroïne Bella Cherry n’est pas une victime du système, c’est une femme ambitieuse qui prend ses propres décisions pour atteindre ses objectifs au plus vite. Sans manichéisme, la réalisatrice parvient donc à critiquer « le patriarcat et le capitalisme » mais aussi (et surtout ?) la « célébrité » après laquelle courent de nombreux jeunes gens.

A ce titre, l’évolution des personnages tout au long du film est un autre gros point fort. On aime la naïveté avec laquelle la jolie Suédoise découvre le porno « made in USA », on a de la sympathie pour elle quand on la voit se démener pour réussir… et on est encore à ses côtés quand elle tente de rebondir après une scène particulièrement marquante.

A bien des égards, le Pleasure de Ninja Thyberg nous rappelle le roman de Céline Tran aka Katsuni, Ne dis pas que tu aimes ça. Dans les deux cas, le spectateur et lecteur sont amenés à comprendre qu’il n’y a pas de mal à vouloir devenir un « objet de fantasmes ». Mais qu’il est essentiel pour cela que les hommes ET les femmes trouvent leur place… ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.

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Pleasure, de Ninja Thyberg
Avec Sofia Kappel, Revika Reustle, Evelyn Claire…
Durée : 1h49
Sortie le 20 octobre 2021

Interdit aux moins de 16 ans avec avertissement

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