Renaissance, de Beyoncé : que comprendre par la pochette de son nouvel album ?

Le 30 juin dernier, Beyoncé nous offrait/partageait l’œuvre d’art résultant de ses sessions passées en studio. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la jaquette de l’album Renaissance, attendu pour la fin juillet, n’a laissé personne insensible.

Que veut nous dire Beyoncé avec cette nouvelle pochette ?

Après plus de 6 ans sans production personnelle, Beyoncé gratifie le monde musical d’un nouvel EP à la pochette particulièrement brillante. Fièrement assise sur un cheval à l’air d’argent, le tableau que composent les éléments rend le tout magistral : le port est altier et le cheval semble plus avisé qu’un destrier arabe. 

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Cette fois-ci plus que les autres, le visuel a donné aux fans de quoi laisser libre court à leurs interprétations artistiques. D’après le magazine Numéro, la pochette fait en vérité référence à 3 œuvres d’antan :

  • D’après le mensuel, le cliché renvoie à une toile préraphaélite réalisée par l’artiste anglais John Collier au 19e siècle et intitulée Lady Godiva.
  • ensuite, il s’agirait d’allusion à l’apparition féérique de Bianca Jagger au Studio 54e. Il paraît même que cette anecdote est un “moment épique de l’ère disco qui est pleinement en phase avec les thématiques de Renaissance, le nouvel album de Beyoncé. Ce dernier, porté par le single Break my Soul, s’annonce tourné vers l’hédonisme et les pistes de danse.”
  • Une version « Grace Jones » du mythe de Jeanne d’Arc.

Puisque la reine de la pop a diffusé l’annonce de son projet via Instagram, il est nécessaire d’y prêter attention. En effet, elle précise :

Creating this album allowed me a place to dream and to find escape during a scary time for the world. It allowed me to feel free and adventurous in a time when little else was moving. My intention was to create a safe place, a place without judgment. A place to be free of perfectionism and overthinking. A place to scream, release, feel freedom. It was a beautiful journey of exploration. I hope you find joy in this music. I hope it inspires you to release the wiggle. Ha! And to feel as unique, strong, and sexy as you are.

« La création de cet album m’a permis de rêver et de m’évader pendant une période effrayante pour le monde. Il m’a permis de me sentir libre et aventureuse à une époque où peu de choses bougeaient. Mon intention était de créer un endroit sûr, un endroit sans jugement. […] J’espère que vous trouverez de la joie dans cette musique. J’espère qu’elle vous inspirera à vous déhancher. Ha ! Et à vous sentir aussi unique, forte et sexy que vous l’êtes. »

Beyoncé, via Instagram

Grâce à ces informations complémentaires, l’approche de l’univers sémantique de l’album se fait plus simple. Chez Masculin, nous interprétons le visuel d’une tout autre manière : le cheval peut avoir comme parallèle celui une monture fiable et armurée, dans laquelle la Beyoncé la plus fragile a trouvé un réconfort dans les moments durs auxquels elle se réfère. Ce peut également signifier l’armure qu’elle s’est créée, afin d’y trouver la force d’avancer, la symbolique du cheval étant forte et riche en interprétations diverses.

Un nouvel album, c’est aussi un vrai travail visuel

Il faut dire que, depuis quelques années, les lois de l’univers visuel des artistes en tout genre, se sont vues changer. Au-delà de l’identité artistique, la question d’un travail autour de l’identité visuelle d’un projet redevient de plus en plus récurrente dans le processus de création de ce dernier. Se créer une identité artistique constitue un biais de singularisation comme d’affiliation/représentation (du public à l’artiste). Ainsi, le visuel devient une part entière du projet, étoffée par plusieurs éléments basiques mais indispensables,  tels qu’un nom, un logo ou une image -que l’on peut associer à une référence culturelle, une typographie spécifique, une charte graphique, une histoire. En bref, le storytelling passe donc par tous les biais de stimulation que peut toucher l’univers d’un projet.

Forcément, l’image est importante : elle envoie un signal fort aux auditeurs à propos de ce que sera l’artiste dans le projet. C’est aussi ce qui fera que les auditeurs s’intéressent à la proposition : en créant des liens, en s’amusant à construire des théories plus farfelues les unes que les autres, à se partager leurs hypothèses. L’intérêt que suscite le travail autour d’une forte identité visuelle sur un projet type, permet donc une appréhension de l’artiste ainsi que l’histoire qu’il contera à travers ses titres, et ce avant même  la première écoute.

S’élargissant au delà des mers, le phénomène de l’identité visuelle est repris tant par les artistes mainstream (les plus écoutés) que underground. Certains de nos abonnés nous ont donné leur référence en terme de visuels marquants :

Sont cités : A7 de SCH, Plastic Beach de Gorillaz, RAMONA PARK BROKE MY HEART de Vince Staples, Afterlife des Flatbush Zombies, Run + Ran de Ken Car$on.

A la manière de beaucoup d’artistes, en plus de révéler votre style, la pochette est souvent un élément clé de votre message : comme nous le confie Beyoncé, la pochette peut refléter l’état d’esprit au moment de sa création (ou celle de l’album) de même qu’un sentiment que l’on cherchera à mettre en valeur.

Sortir de la musique aujourd’hui va bien au-delà du format traditionnel consistant à sortir un album sur un grand label et le faire passer à la radio. De plus, par la hausse de l’importance du rôle des auditeurs/consommateurs, les travaux artistiques entourant la musique sont de plus en plus considérés. Nous parlions de jaquette tout à l’heure mais les clips-vidéos n’échappent pas aux lois visuelles ; il existe de ces clips vidéos dont la réalisation est une prouesse, un chef d’œuvre ou un vrai exercice artistique. 

Plutôt que d’être nourris passivement de musique par les grandes maisons de disques, les consommateurs peuvent rechercher une histoire à suivre ou un réel engagement à travers cet art. Face à cela, on peut se demander si certains artistes sont vrais dans leur parole et mise en avant de leur histoire, où s’ils ne font que suivre une mode dont pourrait raffoler leurs fans. 

Ces dernières années aux Etats-Unis, de nombreux artistes se sont entourés de graphistes, designers et directeurs artistiques pour ce qu’il représente ne soit pas juste pour le paraître. Par exemple, le designer émérite feu Virgil Abloh réalisait de son vivant nombre de couvertures d’EP, démocratisant la culture liée au design et au genre musical qu’il sert. Parmi eux on retrouve: A$ap Rocky, Kanye West, John Legend …

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Le renouveau de la créativité artistique s’inscrit dans une logique relativement simple : celle de s’unir pour servir “la cause”. Grâce à ces collaborations entre artistes, on assiste non sans excitation à un spectacle constant d’innovation graphique, musicale ou visuelle. Parfois même, il arrive que la ligne entre tous ces domaines se brouille et permette la cohésion entre esprits d’artistes et esprits de génies. 

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