David Bowie : un nouvel album en forme de déclaration d’amour

Avec The Next Day, son premier album en 10 ans, David Bowie confirme son statut d’artiste iconique… ainsi que l’amour qu’il porte à la ville de Berlin.

David Bowie aime (toujours) Berlin

Dans son premier album depuis dix ans, l'icône du rock britannique David Bowie revit son histoire d'amour avec Berlin qui, de son côté, conserve toute son affection à celui qu'elle considère comme un fils adoptif.

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À partir de 1976, Bowie a vécu trois ans dans la ville divisée et toujours marquée par les stigmates de la guerre. Fatigué par la gloire, il y cherchait à fuir les démons de la drogue et de l'alcool qui menaçaient d'ajouter son nom à la longue liste des victimes du rock'n'roll.

Ce fut une période prolifique, avec trois albums à la clé parmi lesquels Heroes dont la chanson-titre a d'ailleurs été inspirée par un couple aperçu en train de s'embrasser devant le Mur. La pochette de cet album inspire directement celle du nouvel opus, la photo noir et blanc d'un Bowie à la gestuelle de mime, qui avait été utilisée pour le premier, étant tout simplement reprise pour le second, mais cachée par un carré blanc frappé du titre The next day.

Bowie et Berlin restent intimement liés

Si Bowie a finalement déménagé pour New York, avec la mannequin américano-somalienne Iman ainsi que leur fille, la capitale allemande n'a jamais oublié le chanteur et son fantôme glamour hante toujours les esprits des expatriés venus en masse découvrir la ville depuis la chute du Mur en 1989.

« Bowie a influencé l'histoire de Berlin, tout comme Berlin a influencé Bowie », estime Mike West, 29 ans, qui, dans les visites guidées qu'il organise, n'oublie pas de faire découvrir l'ancien appartement de la star, le bar gay dans lequel il prenait son petit-déjeuner presque tous les matins et les studios Hansa où il a enregistré. « Les Berlinois sont très fiers de Bowie et du fait qu'il ait produit sa meilleure musique quand il était ici », ajoute West.
Nulle part ailleurs l'intérêt pour le premier single du nouvel album, sorti le 8 janvier dernier pour le 66ème anniversaire du musicien, n'a été aussi grand qu'à Berlin : gigantesque couverture médiatique, soirées Bowie dans les clubs et regain d'intérêt pour les visites guidées comme celle de West.

Et la période berlinoise de Bowie, durant laquelle il passait le plus clair de son temps avec l'Américain Iggy Pop, inspire également un projet de film germano-britannique baptisé Lust for Life.

Un premier single emblématique : Where are we now?

Marqué par la mélancolie et baptisé Where are we now?, le premier single diffusé de ce nouvel album est une évocation de la ville, jalonnée des noms de quelques-uns de ses lieux les plus typiques.

Il est sorti en même temps qu'une vidéo réalisée par un collaborateur de longue date du chanteur, Tony Oursler, dans laquelle se succèdent les images du quartier de Schöneberg dans lequel Bowie a vécu, de Potsdamer Platz, du Reichstag ou du Mur.

Selon le journaliste Tobias Rüther, auteur en 2008 d'un livre sur Bowie et Berlin, c'est la capacité de la ville à se transformer sans cesse qui a captivé un artiste déjà séduit par l'idée de se réinventer. « C'était un mélange entre, d'un côté, un retour aux années 20 dont la création artistique et la peinture l'ont toujours fasciné, et de l'autre, son idée qu'agissait de l'endroit où l'on produisait la musique la plus intéressante », a-t-il expliqué à l'AFP.

« J'ai toujours pensé que Bowie avait été le premier à comprendre que Berlin, avec ce passé, cette situation étrange, ces ruines, ces nouveaux immeubles et ces grands espaces vides, était un endroit propice à la création, un lieu où l'on pouvait se trouver », a-t-il ajouté.

« Jamais aussi libre qu’à Berlin »

Dans une rare interview sur cette période, accordée au quotidien berlinois Tagesspiegel en 2002, Bowie affirme avoir puisé son inspiration de l'horreur et de la gloire que la ville avait à offrir : le passé nazi, la rivalité est/ouest, les chefs-d’œuvre de la peinture expressionniste, les pièces de Bertolt Brecht ou encore la scène électro émergente.

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« Je n'aurais pas pu écrire la musique que j'ai écrite si je n'avais pas été complètement pris par Berlin, par ses tensions, sa structure particulière… le Mur et son influence sur la ville », déclarait-il.
Pour Rüther, la nostalgie du chanteur à l'égard de Berlin est liée au fait que son séjour correspond à l'une de ses périodes les plus créatives. « Il a toujours dit qu'il ne s'était jamais senti aussi libre qu'à Berlin ».