Qu’on le veuille ou non, le western a retrouvé une grosse cote de popularité auprès du public et le succès de Yellowstone n’y est sans doute pas étranger. Depuis que la franchise initiée par Taylor Sheridan a débarqué sur Paramount+, les cow-boys sont de plus en plus nombreux à l’écran, comme on a encore pu le voir cette année avec A l’aube de l’Amérique ou Nouvelle vie à Ransom Canyon.
Et dans cet univers majoritairement masculin, les femmes ont désormais leur mot à dire (merci Beth Dutton ?). Ce sont même elles qui mènent le bal dans The Abandons, la nouvelle série western disponible sur Netflix ce 4 décembre 2025, avec Gillian Anderson et Lena Headey en têtes d’affiche. Un casting cinq étoiles pour une fresque crépusculaire signée (du moins à l’origine) Kurt Sutter, le créateur sulfureux de Sons of Anarchy.
Un duel de matriarches dans un Ouest impitoyable
The Abandons nous plonge dans les années 1850, au cœur du territoire sauvage de l’État de Washington. Deux femmes, deux visions du monde, et une seule certitude : la survie passe par la force et la ruse. D’un côté, Fiona Nolan, interprétée par Lena Headey (Game of Thrones), farouche propriétaire terrienne refusant de céder son ranch. De l’autre, Constance Van Ness, campée par Gillian Anderson (X-Files, Sex Education), issue d’une famille riche et influente, prête à tout pour imposer sa loi.
Entre elles, des orphelins, des marginaux, des gisements d’argent convoités et un amour maudit : les éléments classiques du western sont bien là, mais revisités avec une intensité dramatique plus contemporaine. La série revendique clairement un ton « crépusculaire » et social, à l’image de ce qu’avait tenté Deadwood ou plus récemment Godless, autre western féminin déjà diffusé sur Netflix.
Si le pitch reste ancré dans une narration américaine traditionnelle (entre conflits de territoire, luttes de classes et dilemmes moraux), il est surtout servi par une mise en scène sombre, des décors poussiéreux et une tension omniprésente, comme en témoigne la bande-annonce.
Le producteur exécutif Chris Keyser résume l’ambition de la série : « C’est une histoire de frontière, de familles en guerre, d’amour interdit, de vengeance, mais surtout, une exploration de ce qui fait une famille et de ce qu’on est prêt à sacrifier pour ceux qu’on aime. »
Un projet maudit mais ambitieux
À l’écran, le résultat promet du solide. Outre Gillian Anderson et Lena Headey, le casting rassemble des profils très divers parmi lesquels Nick Robinson (Love, Simon), Lucas Till (X-Men, MacGyver), Ryan Hurst (Sons of Anarchy) et Diana Silvers (Booksmart), pour ne citer qu’eux.
Mais The Abandons, c’est aussi une histoire de production mouvementée. Initialement porté par Kurt Sutter, le créateur avait commencé le développement en grande pompe avec Netflix… avant de claquer la porte en pleine production. Selon Deadline, il aurait été écarté pour « différends créatifs », une formule polie pour évoquer un conflit ouvert, dans la lignée de son éviction de Mayans MC en 2019. Résultat : des showrunners de remplacement ont repris les rênes, assurant un tournage sans retard majeur malgré les grèves qui ont paralysé Hollywood entre 2023 et 2024.
Composée de 7 épisodes, la série n’a pas vocation à s’étirer en longueur inutilement. Elle vise l’efficacité, avec un format resserré qui pourrait en faire une mini-série marquante de cette fin d’année.
Avec The Abandons, Netflix espère réitérer le succès de fictions comme Godless ou même Peaky Blinders, en mélangeant codes du western et enjeux sociaux contemporains. Car au-delà des fusillades et des chapeaux noirs, la série explore surtout la violence du pouvoir, les luttes de territoire, les inégalités sociales et la place des femmes dans une société hostile. Des thèmes qui résonnent plus que jamais aujourd’hui… et pas seulement dans l’Ouest américain.
