Victor De Le Rue : le freeride, un sport fou… mais pas inconscient !

Champion du monde de snowboard freeride en 2019, Victor De Le Rue vise un deuxième titre en 2021. A quelques jours de la première étape du Freeride World Tour en Andorre, il nous a accordé un long entretien en marge de sa préparation.

Quand on le regarde évoluer sur la neige, on pourrait le croire inconscient. Pourtant, Victor nous a prouvé par A+B que le freeride était surtout une discipline où rien n’est laissé au hasard !

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Le snowboard, une histoire de famille chez les De Le Rue

Né le 8 juin 1989, Victor de Le Rue est le dernier-né d’une fratrie de 5 enfants. Parmi eux, deux noms connus du public assidu des sports d’hiver, Paul-Henri et Xavier De Le Rue : le premier a notamment été médaillé de bronze de snowboard cross aux JO de Turin 2006 (et 4e à Sotchi en 2014) quand le second a remporté trois fois la Coupe du monde de la spécialité (en 2003, 2004 et 2005), deux médailles d’or aux championnats du monde (en 2003 et 2007) et trois fois le Freeride World Tour en 2008, 2009 et 2010…

Chez les De Le Rue, le snow, c’est quelque chose qu’on a dans le sang. Une belle histoire de famille, comme nous l’a confirmé Victor…

Xavier de Le Rue, le frère de Victor, au Freeride World Tour 2010 à Verbier
Xavier De Le Rue au Freeride World Tour 2010 à Verbier

Rencontre avec Victor De Le Rue avant le Freeride World Tour 2021

On aurait tort de résumer la carrière de Victor De Le Rue aux succès de ses frères. Car le jeune trentenaire a aussi un joli palmarès et un certain talent pour le « surf des neiges » : comme son aîné, il a remporté le Freeride World Tour en 2019, une compétition qui lui vaut plus ou moins officiellement le statut de « champion du monde de snowboard freeride »… Et, comme vous allez le comprendre, il compte bien doubler la mise en 2021 !

Masculin.com : Quand on voit le nom De Le Rue, et qu’on regarde les JO et le snowboard à la télé comme moi, on pense forcément à Paul Henri et Xavier. Avec une telle fratrie, ta carrière pouvait-elle se trouver ailleurs que dans le monde du snowboard ? Et d’ailleurs, à quel âge as-tu commencé ?

Victor De Le Rue : Je pense que l’endroit où tu vis détermine qui tu deviens. Nous, on a grandi à Saint-Lary, dans les Pyrénées. Nos parents avaient un magasin de sport au pied des pistes et travaillaient sur les remontées mécaniques. Le principe de base dans l’éducation, c’est qu’ils voulaient qu’on soit dehors et qu’on fasse du sport. Passer la journée dans le salon devant la télé, c’était hors de question !

Du coup, je pense que je me suis retrouvé sur des skis dès 2-3 ans, tout petit en tout cas, je ne me souviens même plus. Après, j’ai eu mon premier snowboard à 6 ans, il y avait le snow park dans la station, donc j’étais content de progresser au quotidien, de voir tout ce qu’on pouvait faire sur une planche…

Après, par mimétisme, c’est logique de faire comme les grands frères et soeurs. Mais moi, j’ai toujours été plus dans le freestyle, la vidéo backcountry, tout ce qui est poudreuse et un peu extrême !

L’extrême, ça m’amène au Freeride World Tour. Tu as gagné en 2019 et fini 2e en 2020. La première étape s’annonce 2021 s’annonce à Arcalis (Andorre). Peux-tu nous présenter cette compétition ?

En théorie, il y a 5 compétitions à faire chaque année, le vainqueur étant désigné champion du monde de freeride. Là, avec le contexte particulier, les deux premières étapes ont été annulées, mais elles devraient être reprogrammées pour qu’on arrive bien à 5, avec une finale en Suisse.

Du 20 au 26 février, la première étape a lieu à Ordino-Arcalis. Maintenant, l’objectif, ce sera de rider mieux que l’an dernier, tenter des trucs nouveaux et se faire plaisir !

Pour les non-initiés, est-ce que tu peux nous dire un peu comment ça se passe ?

Ben, en fait, tu as un point de départ, un point d’arrivée et entre les deux tu fais ce que tu veux. Tu peux aller vite, tu peux envoyer des grosses figures, tenter des tricks originaux… Ca laisse beaucoup de place pour s’exprimer et c’est vraiment ce qui m’attire dans le freeride.

Après, ce sont les juges qui nous départagent, qui donnent des notes (6 juges au total qui notent la difficulté du parcours choisi, la fluidité dans la descente, les sauts et tricks tentés et la technique, ndlr). Par contre, tu n’as qu’un essai, pas d’entraînement, pas de repérage.

« Tu as une seule montagne, mais 100 façons de la rider, donc ça donne envie de montrer quelque chose de chouette, de prendre du plaisir en faisant des choses originales. »

Mais s’il n’y a pas d’entraînement, comment peut-on connaître le terrain et préparer son run ?

Clairement, l’expérience joue beaucoup. Tu arrives à mieux appréhender le terrain, même s’il change d’un jour à l’autre, d’une année à l’autre, en fonction de l’enneigement, la qualité de la neige, la météo, le vent, les rochers… Du coup, il y a un très gros travail de repérage et de visualisation au bas de la pente.

Victor De Le Rue au Freeride World Tour

Oui, mais quand même, il faut pas être un peu fou pour tenter des trucs pareils ? Ca fait de très belles images, mais justement, rien qu’à les regarder, ça fait peur !

Quand on est sur le Freeride World Tour, c’est qu’on n’est pas un débutant. On fait tous ça depuis qu’on est petit. Si on tente une figure à tel endroit, c’est généralement qu’elle a déjà été faite ici ou ailleurs. Contrairement à ce que peut croire le grand public, on n’est pas inconscient !

On se pousse à chaque fois un peu plus au quotidien, juste un peu plus pour progresser. On sait ce qu’on fait. C’est pour ça que je disais que c’est l’expérience qui parle : tu apprends systématiquement à t’adapter à l’environnement, à analyser chaque module, reconnaître le terrain… On se place en bas de la face, on observe avec des jumelles, on regarde des photos. On voit quelles sont les portions ensoleillées, celles où il risque d’y avoir plus de glace, on analyse la présence des arbres, des roches…

Et puis bon, clairement, il y a plein de fois où on s’est fait avoir et donc on essaie… de ne plus se faire avoir ! C’est ça, l’expérience !

N’empêche que tu as déjà dû prendre de sacrées gamelles. Combien de fractures à ton actif ?
Je ne sais pas, je n’ai pas compté, mais c’est vrai que je me suis déjà fait les poignets, les chevilles, les épaules… Mais comme j’ai dit, on fait ça depuis tout petit, donc au fur et à mesure, on essaie de limiter la casse avec l’expérience, on va dire !

Et il y a des fois où tu as eu vraiment peur ?

La première fois où je suis arrivé au Bec des Rosses, à Verbier (en Suisse), j’ai été choqué. J’ai compris pourquoi on parlait de l’Xtreme de Verbier. J’étais abasourdi de voir qu’on pouvait organiser un événement comme ça, à un tel endroit. Tu te dis que si tu fais une erreur là, tu meurs, c’est tout, c’est fini.

Maintenant que tu es papa (Victor a eu un petit garçon à l’été 2020, ndlr), est-ce que tu as un autre rapport au danger ?

On ne va pas se mentir, la paternité va me faire poser plus de questions. Mais avec l’expérience, on limite les risques, c’est du risque calculé. Des fois, on a des légers doutes sur la pente, donc je me poserai peut-être davantage la question… mais pas trop non plus, parce que c’est là que tu risques la chute !

Avec les confinements successifs et le contexte sanitaire particulier, comment t’es-tu préparé pour cette saison ?

En fait, je ne pas très assidu à l’entraînement, je ne vais pas en salle. Je fais plutôt pas mal de sport hiver comme été (du parapente, de l’escalade, de la rando…). Mais là, du coup, c’est la première année où je me suis dit que j’allais être gainé, que ça m’aiderait à progresser. Alors, pendant 2 mois, j’ai fait du gainage, juste 10 minutes par jour, mais au quotidien. Et puis, j’ai perdu le fil.

Mais à côté de ça, je me suis aussi construit quelques installations à domicile, sur des poutres en bois, des prises d’escalade sur un mur… Et puis, j’ai aussi partagé tout ça sur les réseaux sociaux, avec un pote. On a la chance d’avoir une belle maison à Capbreton, j’étais bien entouré, donc clairement, je vois le positif, il y a des gens bien plus à plaindre que moi dans cette histoire.

Là, l’actualité immédiate, c’est le Freeride World Tour. Mais quels sont tes objectifs à plus long terme ?

Je n’ai jamais réussi à me projeter à plus d’un an, donc, pour moi, c’est vraiment impossible de dire ce que je ferai plus tard. Pour l’instant, j’ai des objectifs à court terme et pour ceux-là, je me donne à fond !

Et puis après, ben, j’adore la montagne, le camping, l’aventure… donc, d’une façon ou d’une autre, je resterai proche de la montagne. Et puis, bien sûr, il y a mon petit garçon et la famille !

Un dernier mot sur Alpina, sponsor de l’épreuve et dont tu es l’ambassadeur. Quel rapport entretiens-tu avec l’horlogerie ?

Pour être honnête, je ne m’y étais jamais trop intéressé jusque-là. Et puis Alpina, qui sponsorise le Freeride World Tour, m’a parlé d’un projet. J’ai pu visiter leur usine, échanger avec les responsables de la marque, et je trouvais tout ce qu’il me présentait super sympa, j’ai vraiment accroché, c’était une belle rencontre.

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Du coup, j’ai découvert plusieurs de leurs montres et elles aussi sont très sympas, notamment l’AlpinerX et l’AlpinerX Alive !

Victor De Le Rue

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