Exploration intime : les fantasmes, clés d’une sexualité épanouie et désirable

©Maria Vlasova/ Unsplash

Il paraît que « le plus excitant des fantasmes est celui que l’on n’a pas vécu… ». Alors, entre vivre et assouvir son fantasme et continuer à le rêver, le choix est parfois dur. Quelle est la meilleure solution pour une sexualité plus épanouie ?

On va essayer d’y voir plus clair dans cet article. D’abord en comprenant bien d’où nous viennent nos fantasmes. Mais aussi en s’interrogeant sur ces hommes et ces femmes qui sont excitées par des pratiques… très étranges !

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Qu’est-ce qu’un fantasme ?

Un fantasme (et non pas « phantasme », s’il vous plaît) est une envie forte voire obsessionnelle d’une nouvelle expérience généralement du ressort sexuel. C’est une projection de l’esprit, une idée d’autant plus insistante qu’elle est irréalisable. Car en effet, parler de fantasme, c’est avant tout braver l’interdit ou tout du moins les convenances.

D’où nous viennent-ils ?

Selon l’éducation que l’on a reçue, les fantasmes seront plus ou moins osés. Les personnes qui ont été élevées dans une famille très pratiquante n’auront évidemment pas les mêmes fantasmes que celles élevées dans une famille recomposée (sans tomber dans le cliché, bien sûr). Tout dépend en fait où ont été posées les limites de l’interdit, de la pudeur, du respect des autres, etc.

Si le fantasme est par nature tenu secret par le plus grand nombre, il n’est pas difficile de pointer ceux qui taraudent la majorité des hommes. Faire l’amour à trois ou tout simplement se caresser dans un lieu public sont régulièrement cités, par exemple.

Faut-il braver les interdits ?

La transgression est excitante mais, avant tout, l’idée de pouvoir être surpris l’est plus encore. Le fantasme de l’amour dans l’ascenseur rejoint la même logique. À tout moment les portes peuvent s’ouvrir pour vous surprendre…

Une autre catégorie de fantasmes s’exprime fréquemment à tous les âges. Il est non plus basé sur la situation géographique mais dans le choix du partenaire : qui n’a pas fantasmé un jour d’avoir une relation avec son professeur, la copine de sa mère, ou encore une idole de la chanson ? Là, l’interdit est du registre de l’intouchable. Une sorte de rêve dont on sait pertinemment qu’il ne pourra pas se réaliser sans avoir de graves conséquences sur sa vie quotidienne.

Quant aux fantasmes les plus osés, comme faire l’amour à sa mère, à plusieurs, avec une personne du même sexe, etc. Ils servent de soupapes de sécurité, comme le soulignait à juste titre Freud. Dès que l’idée se transforme en acte, le charme est rompu. Le fantasme a vécu.

Quand deux femmes nous parlent de leurs fantasmes

Au-delà de ces considérations psychologiques, nous avons voulu demander à deux femmes de nous parler de leurs fantasmes. Le rapport qu’elles entretiennent avec ces rêves, notamment. Béatrice, originaire de la région Rhône-alpes, et Valérie, de la région parisienne, ont bien voulu répondre à nos questions (parfois indiscrètes) avec sincérité et humour. Nous les remercions toutes les deux.

Selon Wikipedia, « le fantasme, dans le domaine de la sexualité, est la représentation mentale d’images ou d’idées provoquant un désir ou une excitation sexuelle » . Qu’ajouteriez-vous à cette définition ?

Béatrice (40 ans) : Que ça peut être aussi tout un scénario, une mise en scène. Je fais une différence entre les fantasmes réalisables et ceux qui ne servent qu’à l’excitation intellectuelle. Et puis que le fantasme, c’est comme un rêve… mais sexuel.

Valérie (22 ans) : J’ajouterais la représentation d’images ou d’idées bien souvent insolites et non déjà réalisées.

Dans votre/vos relation(s) amoureuse(s), quelle(s) importance(s) ont pour vous les fantasmes ?

Béatrice : C’est très important, car c’est la fantaisie du couple… La technique, c’est la technique. Les fantasmes, c’est l’essence même du sexe, nous ne sommes pas que des reptiliens ! Dans une relation amoureuse sans fantasmes, le couple se meurt et la relation amoureuse ne devient plus… qu’hygiénique !

Valérie : Ils sont très importants, c’est une sorte de moteur du couple.

À quoi vous servent-ils dans votre/vos relation(s) amoureuse(s) ?

Béatrice : À soigner bien des maux, quand je vais mal ou suis trop stressée, je mets toute cette énergie dans un fantasme et j’essaye de le réaliser. À savoir qu’avec mon mari, je ne cherche pas plus loin que des lieux et des positions différentes. Un jour, j’ai essayé de lui expliquer mes autres fantasmes plus « hard » et ce jour, je suis allée trop loin dans ses limites personnelles. Mon mari a pris peur, son instinct protecteur a pris le dessus. Pour me préserver de mes drôles d’idées, il a fait chemin inverse.

Depuis, je garde ces fantasmes pour moi toute seule, du moins, un peu plus depuis un certain temps, car j’ai décidé de les écrire. Quelque part, ça m’aide à les exorciser car tous ne sont pas réalisables.

Valérie : Les fantasmes sont des buts à atteindre, un idéal sur le moment de l’acte sexuel. Que se soit un type de relations, un lieu… Tout cela représente en fait l’envie réelle du moment. Ils nous servent donc de « guide sexuel » pour une bonne relation. On essaye toujours de les réaliser pour être pleinement satisfait de notre relation avec mon copain.

©We-Vibe Toys/ Unsplash

Avez-vous déjà réalisé au moins un de vos fantasmes et, si ce n’est pas trop indiscret, lequel ?

Béatrice : Oui. Je vivais avec un homme qui voyageait beaucoup et plutôt que les interminables bisous de l’embarquement, je me disais souvent que j’aimerais mieux aller faire l’amour dans un petit coin de cet aéroport. À chaque fois que j’allais à l’aéroport, l’idée me revenait. Un jour, je me suis lancée et je lui en ai parlé. Nous l’avons fait dans les toilettes hommes de l’aéroport.

Par contre, trop excités sûrement par la situation, nous avons joui très vite tous les deux… Je me souviens même d’un monsieur qui se lavait les mains et quand je suis sortie des toilettes, il m’a dit « salope ». Je l’ai regardé droit dans les yeux et je lui ai répondu « OUI ». Je crois que c’est le moment que j’ai le mieux aimé de ce fantasme car pas prévu au scénario…

Je n’en ai même pas parlé à mon ami, par peur qu’un accrochage entre eux ternisse cette aventure.

Valérie : J’avais toujours eu envie de faire l’amour devant quelqu’un qui ne ferait que regarder. Un soir, nous avons reçu un copain de mon compagnon. Après un bon petit repas et quelques verres, nous avons fait l’amour devant lui. C’est arrivé tout tranquillement et petit à petit. Quand j’ai compris où voulait en venir mon copain en me caressant, c’est devenu impossible pour moi de faire marche arrière. J’avais trop envie d’aller au bout, de tout faire, même si lui n’avait eu que l’envie de m’allumer. C’était un de mes fantasmes qui se réalisait…

Avez-vous connu un orgasme inoubliable lors de la réalisation de celui-ci ?

Béatrice : Je crois que j’ai répondu à cette question précédemment !

Valérie : Inoubliable… non ! Je ne dirais pas cela. Fort, puissant et long, oui, mais pas forcément inoubliable ! La sensation n’est pas la même que pour une fois « classique ». C’est vrai que l’orgasme est plus intense et plus rapide et c’est très excitant de savoir ce que l’on fait mais de ne pas savoir comment cela va finir.

Tous les fantasmes sont-ils réalisables ?

Béatrice : Nooooon !!!

Valérie : À mon avis oui. Enfin tant que cela ne va pas non plus causer du tort à quelqu’un d’autre. De toute manière, une fois un fantasme réalisé, l’imagination étant sans limite, un autre viendra le remplacer en temps et en heure et au gré de nouvelles envies.

Avez-vous des fantasmes que vous savez irréalisables ?

Béatrice : Oui, ceux un peu violents et irrespectueux de l’autre. Et puis, de plus simples mais dans lesquels j’ai tellement mis de détails qu’ils deviennent irréalisables…

J’ai souvenir d’un fantasme récurrent. Dans mon rêve, je vivais avec deux homosexuels, mais rien de physique entre nous, juste entre eux. Ils me dorlotaient, prenaient soin de moi ; moi, j’étais leur copine. Nous dormions dans le même lit et je les regardais s’aimer. Sans mentir, pendant presque un an, tous les soirs quand je posais ma tête sur l’oreiller,  je retournais les rejoindre, les regarder s’aimer. Et toujours, à la fin de ce rêve érotique, ils  me prenaient entre eux et on s’endormait tous les trois, enlacés.

Ce fantasme était devenu un vrai rituel quotidien. Quelquefois, dans la journée, j’avais envie de vite aller me coucher pour retrouver ce rêve. J’ai toujours su que c’était un fantasme irréalisable, et pendant un moment, j’ai traîné sur le net à la recherche de deux homosexuels qui accepteraient ma présence. Je ne trouvais que du hard-sexe, jamais un vrai couple amoureux, car, pour moi, ils devaient s’aimer d’amour. À chaque fois, on me disait « pas de femme ! ». J’avais même trouvé un homme bi qui acceptait que je le regarde avec son ami. Au fils de nos conversations, je me suis rendue compte que son seul but était un truc à trois, alors j’ai abandonné l’idée. Tout ça pour dire que quand on met trop de conditions et de détails avant la réalisation de celui-ci, on doit être obligatoirement déçu.

Valérie : Non pas encore ! Mais bon, j’ai une imagination débordante et il viendra sûrement un jour où l’un de mes fantasmes sera irréalisable, soit par un manque matériel (argent…) pour le mettre en œuvre, soit parce qu’il serait tellement immoral que jamais je ne pourrais oser, ne serait-ce que de le partager avec mon copain.

Pensez-vous que les femmes ont autant de fantasmes que les hommes ?

Béatrice : Comment répondre ? Nous sommes toutes différentes ! Je pense que les femmes sont de nature plus cérébrales. Elles sont sûrement plus romantiques et compliquées dans les détails de leurs fantasmes. L’âge de la femme est également important, et son avancement dans ces désirs charnels…
Moi, jeune fille, je fantasmais sur un beau prince charmant qui m’emporterait sur son cheval dans son château des délices… Maintenant, je rêve d’un motard inconnu qui m’oblige à enfourcher sa moto et m’emporte dans son donjon où, attachée, je jouirais sous ses doux sévices…

Valérie : Oui, voire plus ! Nous sommes beaucoup moins basiques au niveau des instincts que ces messieurs. Notre conception du fantasme ne se limite pas au nombre de partenaires et à la taille de leur membre (rires).

Auriez-vous, à ce sujet, des conseils à donner aux hommes ?

Béatrice : Juste par idée de jeu, demandez à votre partenaire de vous parler d’un de ses fantasmes. Si ceci ne peut pas se faire oralement, on peut le faire par écrit en échangeant mail, courrier, SMS…

Personnellement, je conseille ce mode indirect de communication, c’est plus facile que quand on a la personne physiquement en face de soi. Doucement, à force d’échanges, en reformulant souvent la vision du fantasme, on en établit le scénario commun. Un conseil : faire simple au début.

Valérie : Soyez à l’écoute de votre partenaire, certains fantasmes ne sont pas toujours facilement avouables. Et puis, ce ne sont que des fantasmes ! Certaines personnes ne les réalisent jamais, mais si votre partenaire souhaite vraiment le faire… alors faites le ensemble !

Et pour finir, n’essayer pas de nous imposer vos propres fantasmes comme étant les nôtres.

De drôles de fantasmes : êtes-vous « normal » au plan sexuel ?

Valérie et Béatrice nous ont déjà donné quelques pistes sur les fantasmes les plus répandus. À une plus large échelle, The Journal of Sexual Medicine a également publié une étude réunissant les principaux fantasmes sexuels masculins et féminins. Si la plupart des réponses obtenues sont relativement classiques et attendues, d’autres, en revanche, sont plus surprenantes.

Hommes / femmes : quelles différences dans les fantasmes ?

L’étude a été menée en 2014 par des chercheurs de l’Institut Philippe-Pinel de Montréal, au Canada, auprès de 1517 adultes québécois (799 hommes et 718 femmes ; âge moyen de 30 ans).

Celle-ci a révélé que, dans leur grande majorité, les fantasmes les plus fréquents restent assez « classiques« , ou tout du moins, font partie de ceux connus depuis des décennies. Si, parmi eux, le fait d’avoir des relations sexuelles dans un lieu public est un fantasme que partagent autant d’homme que de femmes (environ 80% des personnes interrogées), les différences entre les fantasmes masculins et féminins paraissent néanmoins évidentes en compulsant les statistiques obtenues.

Alors qu’environ 80% des hommes interrogés avouent rêver de faire l’amour avec deux femmes en même temps ou de regarder deux hommes faire l’amour, les femmes ne sont respectivement que 30 et 35% à ressentir ce type d’envie.

En revanche, au sein de la gent féminine, elles sont 75% à fantasmer sur le fait de pratiquer une fellation à leur partenaire et 70% rêvent d’avoir des rapports sexuels avec plus de trois personnes à la fois. Les hommes ne sont que 25 et 20% à fantasmer sur ces mêmes scénarios.

Des fantasmes beaucoup plus étranges

Si la plupart demeurent assez traditionnels, on l’a dit, d’autres fantasmes, en revanche, sont beaucoup plus étranges. Limite inquiétants, parfois.

Il peut être troublant d’apprendre qu’environ 25% des hommes et 15% des femmes interrogés aimeraient avoir des rapports avec un/une partenaire non consentant(e). Ils sont le même nombre à déclarer fantasmer sur le fait d’abuser sexuellement d’une personne inconsciente, endormie ou ivre.

Parmi les 55 fantasmes évoqués au cours de cette enquête, citons également le cas de ceux qui rêvent d’éjaculer sur leur partenaire (ou inversement), ceux qui rêvent simplement d’avoir une relation homosexuelle, ou encore ceux qui désirent avoir une relation avec une prostituée ou un(e) parfait(e) inconnu(e).

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Enfin, signalons tout de même qu’uriner sur son/sa partenaire ou se faire uriner dessus est également un fantasme avoué parmi les moins banals. Et que dire des deux dernières « envies » qui mettent en jeu des animaux et des mineurs de moins de 12 ans (0,8% des femmes et 1,8% des hommes interrogés) ? Là, c’est inquiétant…