Quand le porno nous fait le coup de la panne

L'industrie des films pornographiques est en panne à Los Angeles depuis le passage d'une loi fin 2012 qui oblige les acteurs à porter des préservatifs.

Le préservatif est en cause

D'après Film LA Inc, une organisation à but non lucratif qui octroie les permis de films dans le comté de Los Angeles, il n'y a que 20 permis de tournage pour des films pornographiques qui ont été accordés cette année. Cela correspond à peu près au niveau de l'an dernier : 40 permis en tout sur la totalité de l'année.

Ces niveaux témoignent d'un effondrement du secteur depuis 18 mois. En 2012, il y avait encore 480 permis de tournage pour des films pornographiques octroyés dans la ville sur l'année.

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Le test VIH est-il suffisant ?

Stephen Hirsch, dirigeant de la société de production de films X Vivid, a affirmé à l'AFP que "nous n'avons pas produit un seul film à Los Angeles depuis le passage de la loi dite measure B" en novembre 2012. Il souligne que le comté de Los Angeles "est le seul du pays où les acteurs doivent porter un préservatif" sur les tournages de films porno.

D'après lui, le système mis en place par le secteur depuis des années et qui fait passer à chaque acteur un test de VIH avant de pouvoir participer à un tournage "fonctionne très bien".

Si un acteur est testé positif, il ne peut pas tourner. "Nous n'avons pas eu une seule personne infectée au VIH depuis dix ans", insiste Stephen Hirsch.

"Les acteurs ne veulent pas porter de préservatifs"

"Les acteurs ne veulent pas porter de préservatifs, ils se sentent à l'aise et en sécurité sans, les fans (de porno) ne veulent pas les voir", poursuit-il.

Pour lui, la loi de 2012 créée un "environnement qui est inéquitable" et les tournages fuient vers des comtés proches de Los Angeles, vers d'autres Etats comme le Nevada, ou à l'étranger. "Cela augmente les coûts de production" pour un secteur déjà en crise à cause de la disponibilité de vidéos porno gratuites sur internet, argumente le producteur. "Les acteurs, les producteurs habitent à Los Angeles. Nous voulons rester ici", insiste-t-il, soulignant que la législation sur le préservatif fait actuellement l'objet d'une procédure d'appel.

Beaucoup d'acteurs pornos "ne veulent pas porter de préservatifs"

Le porno en crise, le chômage pointe !

Stuart Waldman, président de la chambre de commerce de la vallée de San Fernando (VICA), souhaite lui aussi voire la loi abrogée.

Les films porno "sont une énorme industrie dans la vallée de San Fernando, ils représentent 10 000 emplois et près de 6 milliards de dollars de revenus", souligne-t-il, déplorant lui aussi l'effondrement du nombre de permis de tournage ces deux dernières années.

Même si quelques acteurs de films X sont régulièrement testés positifs (cinq cas ont été notifiés en septembre 2013), M. Waldman affirme que ces contaminations se font hors des plateaux de tournage. "Ces personnes ont probablement eu des relations sexuelles non protégées dans leur vie privée", juge-t-il.

Comme le travail des enfants…

Pour Michael Weinstein, président de l'association AIDS Healthcare Foundation, le VIH et le sida ne sont pas vraiment la question. "Il y a des milliers de cas d'infections de maladie sexuellement transmissibles dans le secteur ces dix dernières années", fait-il valoir.

Il s'attend à ce que la loi soit confirmée et le problème d'après lui, c'est qu'elle n'est pas encore assez observée : "Les gens continuent de tourner à Los Angeles, mais illégalement", affirme-t-il. Il fait remarquer que beaucoup de sociétés de production, notamment "Wicked Pictures, Axel Braun,…", ont franchi le pas et font maintenant porter des préservatifs à tous les acteurs.

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Et face au spectre d'un exode du secteur vers des contrées plus souples sur l'usage du préservatif, le militant antisida a fait remarquer que "ce n'est pas parce que certains pays font travailler des enfants qu'on le fait ici", et c'est la même chose pour le port du préservatif dans le secteur du X.