Mode homme : le meilleur de la Fashion Week de Paris

Après la virilité romantique de Milan, la mode masculine a encore joué sur tous les fronts à Paris, à l'occasion des défilés homme automne-hiver 2016-17.

Que retenir des défilés parisiens pour l’hiver 2016-17 ?

Maxi-manteaux, blousons démesurés, doudounes géantes, : les défilés de mode masculine pour l'hiver 2016-17 ont vu les choses en grand lors de la Fashion Week parisienne. Une semaine également marquée par les inspirations vintage de Carven et Valentino, les skateurs de Dior, les princes charmants de Balmain et les silhouettes colorées d'Hermès.

Raf Simons : écoliers grunge

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Sur une bande son de Twin Peaks, la série de David Lynch, Raf Simons a présenté la première collection de sa marque personnelle depuis son départ de la direction artistique de Dior en octobre 2015.

La raie au milieu, les cheveux plaqués de chaque côté, des silhouettes d'adolescents ont défilé sur un podium labyrinthique. Les chandails et les pulls à col V d'écolier ou d'étudiant sont démesurés, les manches interminables. Ils sont troués par endroits, comme dévorés par les mites à l'encolure. Les pantalons sont courts, comme ceux d'un enfant qui aurait grandi trop vite. Ils laissent voir les chaussettes, et se portent avec des baskets plates au look vintage.  

Les cabans sont eux aussi oversize, les doudounes gigantesques enveloppent le corps comme des duvets.

Défilé Raf Simons automne-hiver 2016-17

La fureur de Walter Van Beirendonck

"D'habitude, je suis un vrai pacifiste mais les événements de l'année dernière m'ont mis en colère", confie le belge Walter Van Beirendonck, dont le défilé était intitulé "Woest" (furieux, en flamand).

Dans sa collection très colorée aux accents tribaux, le créateur mêle le rassurant et l'inquiétant, avec des sortes de doudous qui s'accrochent aux vestes, ton sur ton, prenant des formes géométriques, d'animaux ou de fusils mitrailleurs.
"Nous avons mêlé des poupées avec des fusils et des lapins avec des tronçonneuses. C'est un mélange de choses très douces et très agressives, c'est le monde d'aujourd'hui", poursuit Walter Van Beirendonck.

Valentino au Far West

Veste en daim, poncho, patchworks : Valentino a fait défiler des silhouettes hippies et seventies, avec une inspiration amérindienne pour les imprimés de vestes – dans la même veine que certaines collections dévoilées à Milan. Des petits foulards sont noués autour du cou, des pompons accessoirisent une veste en cuir à franges, les jeans sont larges et parfois brodés.

Une partie de la collection de Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccioli est plus sobre, avec des costumes sombres brodés aux épaules, des pantalons ajustés et des cabans. Et pourquoi ne pas oser un pyjama noir à liseré blanc, à porter au-dessus d'un col roulé, baskets aux pieds ?

Maille et inspirations 70-80 pour Carven

Pour sa deuxième collection chez Carven, le directeur de la création homme, Barnabé Hardy, s'est inspiré d'une publicité avec le chanteur Rod Stewart dans les années 1970. "Il avait toute une tenue en maille, avec les guêtres, le pull, le tout coordonné", explique le créateur à l'AFP.

La maille est reine dans ce vestiaire à la palette sombre, avec du marine, noir et gris, rehaussée de touches d'orange et de rouge. Barnabé Hardy avait en tête "l'idée rassurante de se lover dans un pull, avec de longues écharpes, des bonnets, une parka comme un sac de couchage. Je voulais de la douceur, de la rondeur !"

Nouveau décor pour Lanvin

Changement de décor pour le défilé de la plus ancienne maison de mode parisienne en activité : au lieu du cadre habituel de l'Ecole des Beaux-Arts, rendez-vous était donné dans un gigantesque hall d'exposition du nord de Paris. Lucas Ossendrijver, le directeur artistique des collections homme qui jusqu'alors travaillait avec Alber Elbaz, a toutefois voulu recréer une ambiance intime, avec des projecteurs diffusant une lumière douce et nostalgique, et un podium étroit.

Beaucoup de gris, de bordeaux dans cette collection à la palette sourde, aux matières comme patinées par le temps. Des baskets sont colorées à la bombe de peinture. Le costume masculin est repensé, avec des coutures apparentes, des manches aux airs de doublures. Les garçons ont les cheveux longs ou mi-longs, un peu gras ou décolorés pour une touche grunge, la raie au milieu.

Défilé Lanvin automne-hiver 2016-17

Dries Van Noten : esprit hippie

L'uniforme militaire se transforme chez Dries Van Noten, qui a voulu habiller une "armée de l'amour" avec des imprimés inspirés de l'oeuvre du graphiste Wes Wilson, connu pour ses posters psychédéliques dans le San Francisco de la fin des années 1960.

Le créateur belge a expliqué s'être inspiré de "l'atmosphère du mouvement hippie post Vietnam, avec tous ceux qui revenaient de la guerre et arrachaient leurs badges pour faire des compositions florales avec les vêtements militaires, et devenir une +army of love+".

Les vêtements se superposent, les jupes s'additionnent aux pantalons. Les cols de fourrure et les broderies dorées viennent rehausser des blousons teddy ou manteaux à double boutonnage.

Rick Owens emmitouflé

Coutumier des coups d'éclat qui enflamment les réseaux sociaux, Rick Owens a présenté un show presque sage comparé à ses précédents, pour lesquels il avait notamment fait défiler des hommes au sexe dénudé ou des mannequins portant d'autres mannequins, façon harnais ou sac à dos.

Rien de tel cette fois, avec une collection basée sur la répétition de tuniques, blousons et autres combinaisons, avec ou sans manches. Les formes restent, comme à l'accoutumée, minimalistes et monacales. Seuls le noir, le blanc et le marron (avec quelques touches d'orange) composent la palette du vestiaire.

Pour l'hiver 2016-17, le styliste américain voit l'homme en pantalons baggys. Il s'emmitoufle dans une doudoune asymétrique façon sac de couchage, ou dans des tuniques extra-longues de cuir, de peau ou de fourrure, drapées comme des couvertures autour du corps.

Yohji Yamamoto protecteur

Yohji Yamamoto protège les hommes des frimas de l'hiver sous plusieurs couches de vêtements et enferme leur cou à triple tour dans d'épaisses écharpes.

En additionnant les épaisseurs, le créateur japonais n'hésite pas à inverser les rôles avec des tee-shirts aux manches longues portés par-dessus les manteaux. Les vestes sont amples et matelassées et les pulls, en laine, ont des cols cheminée. Jupes plissées et pantacourts, qui peuvent aussi être portés l'un sur l'autre, complètent le vestiaire aux tons sombres.

Vuitton : honneur à Paris

Le directeur artistique de la ligne masculine de Louis Vuitton, Kim Jones, dit "s'être inspiré de Paris. Le Paris d'avant et le Paris nouveau".
Les couleurs de la capitale forment la palette de la collection : gris anthracite et noir, marine, vert. L'homme est un dandy portant un foulard noué en une large bande autour du cou, et des bijoux inspirés par le baron Alexis de Redé, esthète qui habitait au premier étage de l'hôtel Lambert sur l'île Saint-Louis, et organisait des fêtes somptueuses.

La collection voyage dans le temps et dans l'espace : la marque Vuitton s'imprime sur les vestes et les manteaux comme un cachet de la poste sur une malle. Le voyageur porte sacs en bandoulière ou sacs à dos. Un pyjama de soie est recouvert du mot d'ordre "Volez, voguez, voyagez", qui est aussi le titre de l'exposition en cours au Grand Palais retraçant l'histoire du maroquinier de 1854 à nos jours.

Issey Miyake nomade

Issey Miyake a quant à lui trouvé l'inspiration dans les steppes mongoles, pour sa collection baptisée "Neonomad". Manteaux longs et chapeaux cloche sont une constante du vestiaire signé du directeur artistique Yusuke Takahashi, qui accorde une place de choix au bordeaux et au turquoise.

Le tricot est aussi à l'honneur avec des pulls amples en mohair orange, gris ou bleus parfois portés sur des cuissards. Puis le style se fait plus urbain et sportswear avec des chemises imprimées de motifs équestres d'après des photos de Kenji Hirasawa et des costumes anthracite portés près du corps.

Dior entre skate park et club berlinois

Il met des surchemises à carreaux sur ses costumes, des manteaux type Perfecto en cuir rouge : l'homme Dior imaginé par le directeur artistique Kris Van Assche, est "plus jeune", nourri de culture skate et de musique "new wave". Son dernier défilé était plus solaire, les roses chères au fondateur de la maison étaient blanches. Cette saison est plus sombre et subversive, les roses sont noires.

"Finalement, je prends un peu mes distances avec Christian Dior", explique Kris Van Assche à l'AFP. "On a envie d'être radicalement 2016-2017, il y a un côté plus jeune, peut-être un peu moins bourgeois, pas du tout nostalgique", poursuit le designer belge, qui a voulu jouer sur le contraste entre le côté sport du skate et le caractère sombre et poétique de la "new wave" des années 1980.

Défilé Dior Homme automne-hiver 2016-17

L'histoire colorée de Paul Smith

Commencé au son des cloches de Big Ben et du morceau de reggae "My England Story", le défilé Paul Smith s'est embarqué dans une histoire musicale de l'Angleterre des cinquante dernières années, et s'est achevé avec la chanson "Oh You Pretty Things" de David Bowie, décédé quelques jours plus tôt.

Les vêtements évoquaient les années 1960, avec des bandes le long des costumes ajustés rappelant l'esthétique "mod". Mais aussi les années 1970 avec des combinaisons de bordeaux, violet, orange, et les années 1980 dans les formes de certains costumes croisés. Les motifs récurrents sont le cachemire, mais aussi les carreaux vichy, et un dinosaure, la gueule ouverte.

Défilé Paul Smith 2016-17

Balmain étincelant

Faire rêver était aussi le pari d'Olivier Rousteing, chez Balmain, qui a présenté une collection tout en dorures et scintillements. "Paris c'est la ville des Lumières, et les lumières doivent continuer à briller", a déclaré le créateur, expliquant avoir voulu "faire en sorte que tous les hommes se sentent comme des nouveaux princes".

Le show s'est déroulé au son d'un orchestre symphonique mixé avec du hip hop, pour "jouer la connexion entre les nouvelles générations et la tradition de Paris", a ajouté Olivier Rousteing. Le directeur artistique, partisan d'un prêt-à-porter à l'esprit couture, a fait défiler des hussards en vestes à boutons dorés et riches passementeries, des dandys en ensemble de soie noir et or, des princes du XXIe siècle en habits de lumière. Et quelques silhouettes féminines, toujours sculpturales.

Défilé Balmain automne-hiver 2016-17

Le message coloré d'Hermès

Une autre brillance était de mise chez Hermès, avec des effets raffinés de matières, comme du veau glacé, sur une parka, un blouson. Ou un pantalon qui contraste avec l'aspect mat d'un blouson en chèvre velours.  Des sneakers accompagnent cette allure "casual chic", qui s'enhardit de touches de couleur, rose, turquoise, cassis, orange.

"J'ai voulu des couleurs mélangées entre elles d'une façon un peu dissonante pour donner une nouvelle énergie, une silhouette très souple", explique à l'AFP Véronique Nichanian, directrice artistique de l'homme chez Hermès depuis 1988. A l'inverse, certaines silhouettes sont en "total noir, pour mettre en valeur les effets de matières".

Les pirates urbains de AVOC

Pour son premier défilé à la Fashion Week, la marque parisienne AVOC (Architecture vestimentaire et ornement corporel) a proposé une collection très urbaine, aux tons sobres, marquée par le streetwear et les formes amples.

"Cette collection, ce sont des pirates du XXIe siècle qui ont entre 20 et 23 ans et qui ont envie de prendre le pouvoir", a expliqué le créateur Bastien Laurent.

Maxi-manteaux et pantalons amples chez Off-White

Le créateur américain Virgil Abloh, l'un des finalistes en 2015 du prix LVMH, et qui est aussi le conseiller mode de Kanye West, a présenté une collection entre streetwear et uniformes de sport ou de travail. Les blousons d'aviateur sont amples, les pantalons larges. Des manteaux à l'aspect inachevé, avec pièces et coutures apparentes, descendent jusqu'aux pieds.

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Côté motifs, on trouve des bandes diagonales, signature de la marque, des losanges blancs et noirs sur un blouson de jockey. Des ceintures jaunes à inscription "Off-White" serrées à la taille pendent le long du corps, comme des rubans de signalisation.