Apparue au catalogue Prime Video en 2023, Cœurs Noirs est une série française qui ne bénéficie sans doute pas de la notoriété qu’elle mérite (en dépit d’un vif succès à sa sortie). Notamment portée par Nicolas Duvauchelle et Marie Dompnier, elle plonge le téléspectateur dans l’enfer de la bataille de Mossoul, en Irak.
Les 6 épisodes de la saison 2, disponibles depuis le 9 mai 2025, ont permis à cette création de se hisser parmi les programmes les plus visionnés du moment sur la plateforme Amazon. Il est donc grand temps de parler de Cœurs Noirs !
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Une série militaire française ambitieuse dès ses débuts
Créée par Duong Dang-Thaï et Corinne Garfin (déjà à l’oeuvre sur Le Bureau des Légendes), Cœurs Noirs a débarqué sur Prime Video en février 2023, presque à contre-courant du paysage des séries françaises. En effet, peu de productions hexagonales s’étaient risquées sur le terrain du thriller militaire moderne, un genre dominé par les anglo-saxons.
La première saison mettait en scène le Groupe 45, unité des forces spéciales françaises, en mission en Irak, à la veille de la bataille de Mossoul. Objectif : exfiltrer la fille et le petit-fils d’un haut dignitaire de Daech contre sa coopération. Mais comme souvent dans ce type d’opération, rien ne se passe comme prévu.
Portée par une mise en scène nerveuse et un réalisme documentaire, cette première salve d’épisodes s’est distinguée par sa capacité à conjuguer action et introspection. Nicolas Duvauchelle y campait un chef de groupe charismatique, épaulé par Marie Dompnier et Nina Meurisse, dont les performances ont été saluées pour leur justesse. Résultat : un bouche-à-oreille solide, un carton critique, et surtout une série française qui osait enfin sortir des sentiers battus des polars ou comédies familiales. Pourtant, force est de reconnaître que Coeurs Noirs ne bénéficie pas d’une énorme notoriété…
Deux ans plus tard, la saison 2 prolonge l’élan avec encore plus de maîtrise. Cette fois, la mission devient personnelle : Sab, la snipette du commando, a été enlevée par Daech. Une ligne narrative simple mais tendue comme une corde à piano, qui structure toute la saison autour d’un objectif unique : la retrouver, coûte que coûte.
Une deuxième saison plus resserrée et plus intense
Le changement de réalisateur n’a pas amoindri l’impact de la série. Au contraire. Frédéric Jardin (déjà remarqué pour Braquo et Engrenages) remplace Ziad Doueiri derrière la caméra, et imprime un style plus épuré, plus resserré.
Finies les opérations parallèles : chaque épisode pousse l’histoire un peu plus loin vers une extraction à haut risque. Sab, absente mais centrale, devient l’obsession du Groupe 45. On pense à Homeland dans cette manière de faire graviter toute une saison autour d’une captive, mais sans l’effet tire-larmes ou les outrances dramatiques. Ici, le ton est plus sec, plus maîtrisé.
Le réalisme reste l’ADN de la série. Tournée au Maroc sous des chaleurs extrêmes, conseillée par d’anciens militaires, la saison 2 revendique une rigueur quasi documentaire. Ce n’est pas pour rien si les commandos de Lorient ont eux-mêmes salué le travail de l’équipe lors d’une projection privée. Ce qui impressionne surtout, c’est la façon dont la série évite le piège du sensationnalisme : les scènes de combat sont rares, mais elles frappent fort. Les échanges de tirs sont brefs, souvent hors champ, mais la tension est constante.
Côté casting, on retrouve les piliers du Groupe 45 : Nicolas Duvauchelle, toujours habité, Marie Dompnier, Jérémy Nadeau, Victor Pontecorvo, Thierry Godard… À cette troupe soudée vient s’ajouter Patrick Mille, impeccable en agent de la DGSE glacial et directif. Nina Meurisse, quant à elle, impressionne par sa présence silencieuse : prisonnière, torturée, elle joue sur le registre du regard et du souffle, et livre une performance tout en retenue. Là encore, on pense à Claire Danes (Homeland), mais en plus nuancé.
Au final, Cœurs Noirs mérite largement d’être citée aux côtés de Lupin ou Le Bureau des Légendes dans le cercle restreint des séries françaises qui comptent à l’international. Avec cette saison 2 plus maîtrisée, plus tendue, plus humaine, elle confirme qu’il existe un public pour des fictions françaises ambitieuses, sobres et percutantes. Et même si certains la voient comme un possible baroud d’honneur, la série conserve une petite porte ouverte à une saison 3. Rien n’est acté côté production, mais le sort d’un personnage secondaire à la fin de la saison laisse entrevoir un rebond possible.
