Vous avez remarqué que les jeunes feuilles de votre cerisier commencent à s’enrouler, à coller, à noircir parfois ? Et des fourmis qui courent frénétiquement le long du tronc ? Ne cherchez plus : les pucerons noirs sont de retour, comme chaque printemps.
Ce phénomène est fréquent, et malheureusement, les dégâts peuvent être importants : feuilles déformées, croissance ralentie, bourgeons affaiblis, voire fleurs et fruits avortés. Mais ce qui compte aujourd’hui, c’est que vous êtes au bon moment pour intervenir. Début mai est une période décisive, où les colonies sont encore visibles et atteignables, avant que les feuilles ne se referment complètement sur elles-mêmes, rendant toute action beaucoup plus compliquée.
Comprendre l’ennemi pour mieux le maîtriser
Le puceron noir du cerisier (Myzus cerasi) s’installe dès les premières douceurs printanières. Il se fixe sur les jeunes pousses, là où la sève est la plus sucrée et la plus facile à aspirer. En très peu de temps, il se multiplie à une vitesse incroyable, formant des grappes entières d’insectes qui affaiblissent l’arbre. À cela s’ajoute le miellat, cette substance collante qu’ils rejettent, qui attire à son tour les fourmis, véritables “bergers” de pucerons.
Plus grave encore : ce miellat favorise la fumagine, un champignon noir qui bloque la lumière et empêche la plante de bien respirer. Bref, si l’on ne fait rien, le cerisier perd de sa vigueur, et la récolte en pâtit.
Pourquoi agir maintenant, début mai ?
À cette période de l’année, les pucerons sont encore jeunes, exposés, et leurs colonies peu nombreuses. C’est précisément dans cette fenêtre de quelques semaines que les traitements naturels peuvent être réellement efficaces, sans devoir recourir à des produits chimiques trop agressifs. Attendre plus longtemps, c’est prendre le risque de voir les feuilles se refermer autour des pucerons, ce qui les rendra inaccessibles, tout en laissant le temps à l’invasion de s’étendre.
Le traitement naturel le plus efficace : le savon noir
Le savon noir reste la solution de référence pour traiter les pucerons, notamment à ce stade précoce. Il agit en obstruant leurs voies respiratoires, les tuant sans agresser la plante. Il vous suffit de diluer quelques cuillères à soupe de savon noir liquide dans de l’eau tiède, et de pulvériser abondamment sur les zones infestées, de préférence tôt le matin ou en fin de journée. En cas de forte infestation, deux ou trois traitements espacés de quelques jours suffisent souvent à régler le problème.
Pour les amateurs de remèdes maison
Si vous préférez les solutions faites maison, vous pouvez aussi préparer une décoction d’ail ou d’oignon. Ces préparations dégagent une forte odeur qui perturbe les pucerons et les pousse à fuir. Elles n’ont pas d’effet curatif aussi puissant que le savon noir, mais sont excellentes en prévention ou en alternance.
Un autre remède naturel, moins connu mais très efficace, est le purin de tanaisie ou d’ortie. Il agit à la fois comme répulsif et comme stimulant pour l’arbre. Bien filtré, il peut être pulvérisé sur l’ensemble du feuillage.
La lutte biologique : vos alliés naturels
N’oubliez pas que dans un jardin équilibré, vous n’êtes pas seul dans cette bataille. Les coccinelles, les chrysopes ou les syrphes sont des prédateurs redoutables pour les pucerons. Il est donc essentiel de préserver leur présence. Vous pouvez favoriser leur installation en plantant autour de votre cerisier des fleurs mellifères comme la bourrache, le fenouil ou la capucine. Un petit tas de bois mort ou un hôtel à insectes dans un coin discret du jardin peut aussi faire toute la différence.
Et les fourmis dans tout ça ?
Il ne suffit pas de traiter les pucerons si vous laissez les fourmis les protéger. Ces dernières déplacent parfois les pucerons, les protègent des prédateurs, et freinent vos efforts. Pour les décourager, un moyen simple consiste à appliquer une bande de glu autour du tronc du cerisier, ce qui bloque leur passage. Vous pouvez aussi utiliser du marc de café ou de la cannelle au pied de l’arbre pour les repousser.
Si l’invasion est déjà bien installée
Si vous découvrez trop tard l’attaque et que les feuilles sont déjà recroquevillées, il devient difficile d’agir par pulvérisation. Dans ce cas, la meilleure solution reste la suppression manuelle des rameaux les plus atteints. Taillez proprement les parties abîmées, brûlez-les ou jetez-les hors du jardin, et traitez les nouvelles pousses dès leur apparition.
Pensez également à programmer une intervention préventive à l’automne ou en hiver : pulvérisation d’huile de colza ou de savon noir sur les branches nues pour éliminer les œufs hivernants.
Vous avez des pucerons sur votre cerisier ? C’est maintenant que tout se joue. En intervenant dès début mai, avec méthode, vous avez toutes les chances de reprendre le dessus sans produits chimiques, tout en préservant l’équilibre du jardin. Le savon noir, les infusions naturelles, les auxiliaires et quelques gestes simples suffisent souvent à protéger votre arbre et à garantir une floraison généreuse, une croissance saine et une récolte savoureuse.
Ne sous-estimez pas le pouvoir de quelques gestes bien placés, au bon moment. Votre cerisier vous le rendra dans quelques semaines, avec des fruits nombreux, sains… et enfin sans pucerons.