Dans la grande famille des légumes du potager, certains font beaucoup parler d’eux : tomates, courgettes, pommes de terre… Et puis, il y a ceux qu’on connaît à peine, qu’on croise parfois sur les étals exotiques, mais qui restent dans l’ombre. C’est le cas de la chayotte, aussi appelée christophine, chouchou, ou encore mirliton, selon les régions et les cultures.
Pourtant, ce légume originaire d’Amérique centrale a tout pour plaire : il pousse facilement, produit en abondance, grimpe sans envahir, et peut vivre plusieurs années dans les bonnes conditions. Encore peu cultivée en métropole, la chayotte gagne à être connue, surtout si vous recherchez une plante comestible à fort rendement.
Un légume-fruit grimpant, décoratif et comestible
La chayotte appartient à la même famille que les courges et les concombres. Elle se présente sous la forme d’un fruit vert, parfois un peu épineux, en forme de poire dodue. Mais ce n’est pas un légume ordinaire : elle pousse sur une liane, qui peut grimper sur une tonnelle, un grillage ou une pergola, en couvrant rapidement une belle surface.
À la fois comestible et décorative, elle donne une touche exotique au potager, surtout quand les feuilles découpées et les vrilles s’enroulent gaiement partout où elles peuvent.
Mais le plus intéressant reste sa production : une seule plante peut donner entre 30 et 60 fruits en une saison, voire davantage si les conditions sont favorables.
Une culture accessible même aux débutants
L’un des grands atouts de la chayotte, c’est qu’elle est très simple à faire pousser, à condition d’avoir un peu de place pour la laisser grimper.
Voici comment procéder :
- Procurez-vous une chayotte entière (non coupée, non traitée), de préférence issue de l’agriculture biologique.
- Laissez-la germer naturellement à température ambiante. Le germe sortira de l’extrémité du fruit.
- Une fois le germe bien formé (5 à 10 cm), plantez la chayotte entière, à plat, dans un sol riche et bien drainé, en avril ou mai.
- Choisissez un endroit ensoleillé et à l’abri du vent, avec un support pour qu’elle puisse grimper.
Arrosez régulièrement au départ, puis laissez la nature faire son œuvre. Dès la fin de l’été, les premiers fruits apparaissent. Ils grossissent rapidement et peuvent se récolter à l’automne.
Une plante généreuse de la racine aux feuilles
Tout est bon dans la chayotte… ou presque. Ce n’est pas seulement le fruit que l’on peut cuisiner. La plante offre plusieurs parties comestibles, ce qui en fait une ressource intéressante pour une alimentation diversifiée.
- Le fruit : sa chair blanche est douce, fondante, légèrement sucrée. Il peut se manger cru (râpé en salade), cuit (gratin, purée, soupe) ou farci.
- Les jeunes pousses (brèdes) : très prisées dans la cuisine réunionnaise ou malgache, elles se préparent comme des épinards ou sautées à la poêle.
- Les feuilles tendres : également comestibles, elles peuvent être intégrées dans des potages ou des préparations vertes.
- La racine : dans les régions tropicales, elle est parfois consommée comme un légume racine, même si cela met fin à la plante.
Ce potentiel culinaire large en fait un allié de choix pour varier les menus à partir d’un seul pied.
Une vivace sous conditions
En climat doux (notamment en bord de mer ou dans le sud), la chayotte peut se comporter comme une vivace, en repartant chaque année de sa racine si celle-ci n’a pas gelé. Elle est capable de survivre à de faibles gelées sous un bon paillage ou en étant protégée par un voile d’hivernage.
Dans les régions plus froides, il faudra :
- Soit la cultiver comme une annuelle, en replantant un fruit germé chaque printemps.
- Soit déterrer la souche et la conserver au sec, à l’abri du gel, pour la replanter l’année suivante.
Elle demande donc un peu de soin en fin de saison si l’on veut la conserver, mais rien d’insurmontable.
Une production généreuse, même sans traitements
Autre avantage : la chayotte est peu sensible aux maladies. Elle n’attire pas les doryphores, les limaces s’y intéressent peu, et sa croissance rapide la rend assez résistante à la concurrence des herbes.
Un simple compost au moment de la plantation, un bon paillage et un arrosage régulier suffisent à assurer une croissance luxuriante. On peut donc la cultiver sans produits chimiques, ni traitements répétés, ce qui en fait un bon candidat pour les potagers naturels ou les jardins nourriciers.
En résumé
La chayotte coche de nombreuses cases : productivité, facilité de culture, rusticité et polyvalence culinaire. Encore méconnue dans les potagers français, elle mérite pourtant une place de choix parmi les plantes grimpantes comestibles.
Avec un seul pied, vous pouvez récolter des dizaines de fruits, cuisiner les jeunes pousses, couvrir une pergola et même impressionner vos voisins curieux. Et si vous la protégez bien en hiver, elle vous le rendra pendant plusieurs années.
Alors pourquoi ne pas lui faire une petite place au jardin cette année ? La chayotte a tout d’une grande… sans en avoir l’air.