C’est l’un des pires scénarios pour un jardinier : vous guettez la couleur, la maturité, la promesse du fruit parfait… et au lieu de ça, les cerises brunissent, se tachent, se ramollissent, parfois éclatent ou sèchent sur la branche.
Pas de doute : vous faites face à une attaque de moniliose, une maladie cryptogamique aussi sournoise que destructrice.
Mais pas de panique : il est encore temps de sauver une partie de la récolte, si vous intervenez vite et efficacement. Voici les bons gestes à adopter sans attendre.
Reconnaître les signes de la moniliose
La moniliose (ou pourriture des fruits) est causée par un champignon qui se développe par temps chaud et humide, surtout après les pluies de printemps.
Les signes typiques :
- Cerises qui brunissent en restant attachées à la branche.
- Apparition de petits cercles blancs ou grisâtres (sporulation).
- Fruits qui sèchent sur place, momifiés.
- Fructification ralentie, voire stoppée, sur les rameaux atteints.
Un seul fruit contaminé peut infecter toute la grappe, puis les branches voisines.
Supprimez immédiatement les fruits malades
C’est le premier réflexe à adopter : limiter la propagation en éliminant tous les foyers visibles.
- Cueillez toutes les cerises atteintes, même partiellement.
- N’oubliez pas celles déjà tombées au sol : elles restent contagieuses.
- Jetez-les à la poubelle ou brûlez-les. Ne les mettez surtout pas au compost.
Profitez-en pour aérer les branches trop serrées ou les rameaux secs qui peuvent abriter des spores.
Éclaircissez le feuillage pour favoriser la ventilation
Le champignon adore l’humidité stagnante. Un cerisier trop dense, mal aéré, est un terrain idéal pour sa prolifération.
- Supprimez les petits rameaux secondaires au centre de l’arbre.
- Évitez que les feuilles se chevauchent trop sur les grappes de fruits.
- Si vous avez un filet anti-oiseaux, vérifiez qu’il ne bloque pas la circulation d’air.
Plus de lumière et de ventilation = moins d’humidité = moins de champignons.
Traitez rapidement avec une solution naturelle antifongique
Même si vous jardinez au naturel, vous pouvez agir efficacement :
- Pulvérisez une décoction de prêle (riche en silice) pour renforcer les tissus.
- En cas de forte attaque, utilisez du bicarbonate de soude dilué (5 g/litre + une cuillère de savon noir) pour limiter le développement des spores.
- Faites les pulvérisations le matin, par temps sec, et répétez tous les 5 à 7 jours.
Évitez les traitements à base de cuivre si les fruits sont proches de la récolte.
Ce qu’il faut éviter absolument
- Attendre que tous les fruits soient touchés : plus vous tardez, plus la maladie se propage.
- Arroser le feuillage en plein soleil ou le soir.
- Laisser les grappes pourries sur les branches « en espérant qu’elles sèchent » : elles restent un foyer actif.
Après la récolte : pensez à l’hiver prochain
La moniliose revient chaque année si on ne nettoie pas correctement l’arbre après la saison. En automne ou en hiver :
- Supprimez tous les fruits momifiés oubliés dans les hauteurs.
- Taillez les rameaux secs ou suspects.
- Aérez la charpente pour éviter les excès d’humidité au printemps suivant.
Ce week-end, agissez vite. Cueillez, nettoyez, traitez. Même si une partie de la récolte est perdue, vous pouvez sauver ce qui reste — et surtout éviter que le problème ne revienne en pire l’an prochain.
Une poignée de gestes bien ciblés maintenant… et vos cerises retrouveront toute leur promesse.