Un nom des années 1950. Un modèle créé dans les années 1970. Au premier abord, on pourrait penser que la nouvelle collection dévoilée par Eberhard & Co à Watches & Wonders est simplement une énième création d’inspiration vintage. Pourtant, à défaut de briller par son originalité, cette nouvelle montre déclinée en version 3 aiguilles et en chronographe dégage un charme certain… et c’est aussi l’occasion parfaite de redécouvrir une marque née en 1887 et qui souffre encore d’un gros déficit de notoriété aujourd’hui !
Eberhard & Co, une maison discrète mais fondatrice dans l’horlogerie suisse
Fondée à La Chaux-de-Fonds en 1887 par Georges-Lucien Eberhard, la manufacture Eberhard & Co. fait partie de ces maisons pionnières qui ont façonné l’histoire de la haute horlogerie suisse… mais dont le nom demeure aujourd’hui encore en marge des radars grand public.
Son patrimoine est pourtant très riche, notamment dans le domaine des chronographes, où elle s’est imposée dès le début du 20e siècle par ses innovations. On lui doit, par exemple, l’un des premiers chronographes à rattrapante en 1939 ou encore des garde-temps militaires devenus iconiques, comme ceux créés pour les pilotes de la Regia Aeronautica.
Longtemps indépendante et farouchement attachée à l’horlogerie mécanique, Eberhard a su préserver une certaine forme d’élitisme à contre-courant du marketing de masse. Ce positionnement confidentiel s’explique aussi par une distribution sélective et une communication mesurée, souvent plus axée sur la fidélité que sur la conquête. En témoignent les mots gravés sur le fond de boîtier des montres de la nouvelle collection Contodat : « UBI TU IBI EGO » (« Là où tu seras, je serai »), qui résonnent comme une profession de foi.
Après avoir traversé les années 1990 et 2000 avec des modèles tels que les Tazio Nuvolari ou Extra-Fort, sans oublier son emblématique Chrono4 (avec ses 4 compteurs alignés), la maison semble aujourd’hui en quête d’un nouvel élan stylistique, que la collection Contodat incarne parfaitement.
La Contodat, ou l’élégance d’hier pensée pour les poignets d’aujourd’hui
Parmi toutes les montres vues à Watches & Wonders 2025, on peut dire de la nouvelle collection Contodat qu’elle joue la carte du néo-vintage maîtrisé. Le nom, déposé en 1955, s’inspire d’un chronographe dessiné dans les années 1970 par Palmiro Monti, alors président de la marque, à une époque où l’horlogerie suisse traversait une tempête sans précédent avec la montée du quartz. À contre-courant, Eberhard mise alors sur un design audacieux, mécanique et coloré, notamment marqué par une aiguille orange vive, devenue aujourd’hui le « fil orange » reliant passé et présent.
Déclinée en deux versions, Contodat Automatic (3 aiguilles avec date) et Contodat Chronographe, la collection affiche un boîtier en acier aux finitions satinées et polies avec un diamètre de 39 mm bien dans l’air du temps, et surtout un bracelet intégré inédit pour la maison. Une démarche classique mais efficace, où l’on parvient à sentir l’influence du style Genta sans tomber pour autant dans la copie.
Les cadrans (bleu, vert, argenté, gris ou noir selon les versions) révèlent une finition soleillée en zone centrale, contrastée par une périphérie azurée. L’affichage est parfaitement symétrique, avec une date en guichet trapézoïdal à 3h (ou à 6h pour la version chrono), qui ajoute du caractère. Les aiguilles, squelettées et tridimensionnelles, se démarquent par leur construction multicouche et leur excellente lisibilité.
Côté technique, on reste également dans du classique mais fiable : mouvement automatique (non manufacturé), étanchéité à 100 mètres, verre saphir bombé avec traitement antireflet, et fermeture déployante 2CLICK siglée du bouclier de la maison.
Avec cette nouvelle Contodat accessible à partir de 2940€ (et 3970€ pour le chrono), Eberhard & Co. ne nous offre pas de révolution, mais une belle démonstration de classicisme horloger et d’élégance, dans un format qui séduira les amateurs de montres intégrées aux dimensions contenues. Une preuve que, même sans faire de bruit, on peut encore écrire de belles pages d’horlogerie.