Dans les coulisses des JO 2012 avec Laura Flessel-Colovic

Virtuose de l'épée, Laura Flessel est une sportive française qui a gagné le statut d'emblème, grâce à son impressionnant record de cinq médailles olympiques, dont deux en or.
24 juillet 2012 -

Les confidences du porte-drapeau de l’équipe de France

Porte-drapeau de l'équipe de France olympique, l'escrimeuse disputera ses dernières olympiades lors de l'échéance londonienne, du 27 juillet au 12 août 2012.

Avant de prendre la direction de Londres, la Guadeloupéenne a confié à Relaxnews ses secrets de victoires, quelque peu insolites, à l'image de ce cauchemar qui intervient toujours trente jours avant une épreuve sportive. Rencontre.

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Relaxnews : Lorsque vous avez décroché vos deux médailles d'or en 1996 à Atlanta (Etats-Unis), pourquoi aviez-vous fait la différence avec vos concurrentes ? Votre état d'esprit était-il meilleur ?
Laura Flessel-Colovic : La meilleure à l'instant T, c'est la personne qui aura la meilleure gestion de son stress. Il est indispensable d'apprivoiser son stress pour gagner. La meilleure, c'est aussi celle qui aura le plus envie ! Lorsque je suis sur la piste, j'aime retranscrire mon plaisir. Je suis une épicurienne de la vie (sourire). Mon ancien entraîneur m'a appris la règle des 3 P : le plaisir, la peur, la performance. La peur doit être présente pour ne pas banaliser l'événement. Mais le plaisir doit être plus fort que la peur.

La préparation mentale est-elle plus importante que la préparation physique, pour espérer gagner ?
La préparation physique s'effectue sur le long terme. Pour les olympiades, le travail se réalise durant les quatre années précédentes. Le Jour J, ce n'est que du mental, et c'est l'agressivité qui fait toute la différence.

Est-ce qu'il faut étudier les failles de ses concurrents les plus sérieux pour parvenir à toucher le point sensible pendant les épreuves ?
Le travail en vidéo existe et est assez courant, c'est vrai. Les filles qui accèdent à la compétition, nous les connaissons. Nous savons à qui nous avons affaire. La vidéo permet de se rafraîchir la mémoire, en visualisant les atouts de ses adversaires. Mais la bête noire, c'est moi ! Je veux dire, le plus grand danger c'est soi. Si je ne suis pas à 150% de mes possibilités et que mes adversaires modifient leurs actions, le match peut mal se terminer. Il faut se sentir bien, y compris au niveau émotionnel. Plus le cadre amical et familial est solide, plus on sera fort pour affronter l'adversaire.

Est-ce que vous vous prêtez au jeu d'un rituel, comme pour conjurer le sort, pendant une compétition ?
Si je suis bien concentrée et bien préparée, je fais toujours un cauchemar à J-30 d'un événement sportif. Cela me rassure de faire ce cauchemar. Si je ne l'ai pas fait, je sais que je ne suis pas prête. Il est un indicateur en fait. Dans ce très mauvais rêve, je me retrouve par exemple à courir derrière un taxi, ou je suis dans un ascenseur qui ne s'arrête pas ! Lorsque ce cauchemar est intervenu, je sais que je vais bien dormir par la suite avant le jour J.

Le régime alimentaire est crucial pour un sportif qui rêve de la victoire suprême. Est-ce qu'il y avait un aliment dont vous ne pouviez pas vous passer ? Ou au contraire, que vous refusiez de manger ?
L'agressivité s'empare de moi à l'approche d'une échéance sportive, je deviens plus excitable. Mon truc, c'est de pallier cette agressivité en me faisant plaisir. Et donc, je mange des bonbons ! (rires). Dans mon sac, j'en ai toujours. Ces bonbons, c'est un retour à l'enfance et aux saveurs de chez moi. Nous, les ultra-marins, nous aimons beaucoup tout ce qui est sucré. Les bonbons apaisent mon stress. Avant de démarrer un combat, je n'hésite pas à me faire plaisir et mes kinés en ont aussi pour moi, au cas où.

Parfois, les sportifs se rassurent en écoutant une chanson ou un morceau de musique, en guise de préparation avant une épreuve. Etait-ce votre cas avant vos diverses victoires ?
Je dors et je me réveille en musique. C'est mon compagnon de toute la journée. Et les morceaux que j'écoute sont assez variés.

Vous serez le porte-drapeau de l'Equipe de France olympique à Londres. Comment envisagez-vous cette fonction ? Y a-t-il de la pression ?
Je l'envisage tout simplement ! Etre porte-drapeau, ce n'est pas seulement porter le drapeau. C'est s'imprégner des différents profils qui constituent l'équipe, des jeunes qui feront leurs premières olympiades. Nous allons nous mélanger et créer une belle émulation !

Vous êtes la sportive française détentrice du plus grand nombre de médailles olympiques. Que vous ont apporté toutes ces récompenses dans la vie ?
Mon propre respect (rires). Nous ne travaillons pas pour être quatrièmes, mais bien premiers ! Une victoire, c'est le fruit d'un travail d'équipe. Je suis seule sur la piste, mais derrière il y a une famille, des amis, des bénévoles, un club… Une médaille, c'est le seul moyen de leur dire merci.

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Quel est votre état d'esprit à l'approche des Jeux de Londres, qui seront vos dernières olympiades ?
Je suis encore en pleine préparation. J'attends mon cauchemar qui, j'espère, sera terrible ! Je ne veux pas rentrer dans l'affectif. Ce sera merveilleux dans tous les cas !