Mitsubishi annonce le retour de l’Eclipse Cross en version 100 % électrique pour le marché européen. Mais ce modèle 2025 a bien peu de commun avec son prédécesseur. Reposant intégralement sur la base technique du Renault Scénic E-Tech, il soulève des interrogations quant à l’identité de la marque japonaise.
Un Scénic sous le badge Mitsubishi
Après avoir ressuscité la Colt et l’ASX en rebadgeant respectivement les Renault Clio et Captur, Mitsubishi franchit un cap supplémentaire avec cet Eclipse Cross. Le SUV compact, attendu pour la rentrée 2025, n’est rien d’autre qu’un Scénic E-Tech redessiné et produit à Douai, au côté de son modèle d’origine.
Deux configurations de batterie seront proposées :
- 87 kWh, offrant une autonomie estimée à 623 km WLTP
- 60 kWh, pour une autonomie de 429 km WLTP, prévue pour 2026
L’Eclipse Cross embarquera également le système d’infodivertissement Google, déjà présent sur le Scénic. Mitsubishi évoque une signature lumineuse spécifique et une calandre « Dynamic Shield », marqueur visuel de la gamme. Pourtant, les différences restent superficielles.
Mitsubishi en Europe : sans Renault point de salut ?
Mitsubishi Motors a longtemps été reconnu pour ses modèles 4×4, ses moteurs robustes et sa capacité à développer des véhicules de caractère. Aujourd’hui, la gamme européenne semble se réduire à des Renault relookées : Colt (Clio), ASX (Captur).
L’Outlander, hybride rechargeable, reste le seul modèle véritablement Mitsubishi encore commercialisé en Europe. Les autres propositions ne sont que des clones, comme le Grandis, prévu pour juillet et qui reprendra le design du Renault Symbioz.
Cette stratégie soulève une question cruciale : que reste-t-il de l’ADN de Mitsubishi ? Le constructeur devient-il une simple extension de Renault ?
Un positionnement stratégique, mais risqué
En mutualisant ses productions avec Renault, Mitsubishi limite les coûts de développement. Un choix rationnel pour un constructeur qui a peu investi dans l’électrification ces dernières années. Pourtant, ce positionnement présente un risque majeur : la dilution de son identité.
L’Eclipse Cross 2025 s’inscrit pleinement dans cette logique. Ses caractéristiques techniques sont identiques à celles du Scénic. Même base, même motorisation, même usine de production. Un modèle qui pourrait séduire par sa technologie électrique, mais qui manque cruellement de singularité.
Une gamme européenne en quête de sens
L’usine ElectriCity de Douai devient un hub stratégique pour le groupe Renault-Nissan-Mitsubishi. Elle accueille désormais la production des Scénic, Micra, Grandis, Colt et désormais Eclipse Cross. Un choix qui permet à Mitsubishi de bénéficier du bonus écologique français. Mais à quel prix ?
Cette stratégie de regroupement industriel tend à gommer les identités des marques, renforçant l’idée d’une gamme Renault étendue. L’Eclipse Cross 2025 est ainsi présenté comme le premier modèle électrique Mitsubishi depuis l’i-MiEV, mais cette affirmation est trompeuse. Le modèle n’a de japonais que le badge.
Mitsubishi : la lente agonie d’une marque pensée pour l’aventure
Mitsubishi Motors semble désormais cantonné à un rôle de constructeur secondaire évoluant dans l’ombre de Renault. Avec l’Eclipse Cross, la marque parie sur une offre électrique tout en abandonnant ses racines. Où est passée la fougue des modèles emblématiques de la marque comme le Pajero ou la Lancer Evo ? Sacrifiés sous l’autel de la bienséance écologique en Europe !
L’Eclipse Cross 2025 est-il une opportunité ou un simple acte de survie ? La réponse dépendra de l’accueil du public, qui pourrait bien préférer l’original (Scénic) à sa copie rebadgée.
La stratégie actuelle de Mitsubishi en Europe s’apparente à un pari risqué : rester présent à moindre coût, quitte à perdre ce qui faisait sa singularité…