Rendez-vous incontournable de l’été pour les amoureux de l’image, les Rencontres d’Arles 2024 proposent jusqu’à fin septembre une cinquantaine d’expositions reparties à travers la ville mais aussi la Provence grâce au « Grand Arles Express ». De l’approche documentaire à la photo plus conceptuelle et plasticienne, une programmation éclectique où les grands noms côtoient des artistes en devenir. Retour sur cinq expositions marquantes, à découvrir lors d’un passage à cette 55e édition des Rencontres de la Photographie d’Arles 2024.
Mustapha Azeroual & Marjolaine Lévy : The Green Ray / Cloître Saint-Trophime – Arles
Pour certains la photo est un prétexte au voyage. Pour d’autres, c’est avant tout le témoignage d’un territoire ou d’une époque donnée. Mustapha Azeroual, lui, tente de concilier les deux.
Photographe autodidacte, le lauréat 2024 du BMW ART MAKERS, a choisi de créer une oeuvre à partir de photos réalisés par des navigateurs en haute mer (afin de s’éviter des déplacements et ainsi minimiser son impact carbone) selon un protocole établi par ses soins. De cette centaine de clichés est né le projet « The Green Ray« .
Deux fresques monumentales (près de 4,5 mètres de large sur 2 mètres de hauteur), exposées au Cloître Saint-Trophime, point d’orgue de la quête du rayon vert. Ce phénomène optique qui se produit parfois au coucher (ou au lever) du soleil, lorsque ce dernier disparait à l’horizon. L’atmosphère terrestre agit alors comme un prisme qui favorise la séparation des couleurs donnant ainsi l’opportunité aux plus chanceux d’apercevoir ce fameux rayon vert durant une fraction de secondes. Mais derrière l’aspect poétique se cache une réalité, celle de la pollution croissante de l’atmosphère où les particules peinent se concentrent, rendant ainsi de fait l’observation de ce phénomène optique de plus en plus rare.
Chaque point de l’image est une lentille contenant vingt-quatre couleurs, qui se révèlent selon l’angle de vue, inventant en permanence un nouveau ciel.
De prime abord abstraites, les oeuvres imaginées par Mustapha Azeroual et Marjolaine Lévy, sa curatrice, mettent en exergue ce constat. Et grâce à leur support lenticulaire, elles offrent à chaque spectateur une perception immersive et subjective, variant au gré de sa position et de son angle de vision.
The Green Ray sera également exposé aux Voiles de Saint Tropez du 28 septembre au 6 octobre prochain avec une troisième oeuvre réalisée cette fois à partir des clichés pris durant l’été par le navigateur Loïck Peyron.
Hans Silvester : Viser juste : pétanque et jeu provençal / Museon Arlaten – Arles
Photographe reconnu pour son goût du voyage et des cultures, Hans Silvester met en lumière l’art de vivre en Provence avec ses petites places de villages typiques du Sud de la France. Lieux de rendez-vous informels où les habitants aiment se retrouver pour une partie de pétanque accompagnés de la célèbre boisson anisée.
Mary Ellen Mark : Rencontres / Espace Van Gogh – Arles
Tête d’affiche de cette édition 2024 des rencontres d’Arles, la photographe américaine Mary Ellen Mark. L’espace Van Gogh accueille ainsi plusieurs de ses séries phares, où des images fortes livrent un témoignage du quotidien des marginaux et personnes en situation de (grande) précarité.
Une relation de proximité avec ses sujets dont certains sont devenus des proches au fil des années, une approche frontale accentuée par des noirs & blancs contrastés, impossible de rester insensible face au travail de Mary Ellen Mark même si certains clichés mettant en scène des stars du showbiz ponctuent la visite d’une note plus légère.
Cristina De Middel : Voyage au centre / Eglise des Frères Prêcheurs – Arles
Photographe espagnole membre de l’agence Magnum, Cristina De Middel retrace à travers ses photos, le périple des migrants qui tentent de passer la frontière pour rejoindre les Etats-Unis.
Une approche tantôt documentaire tantôt plus esthétique et positive mettant en avant le courage de ces personnes prêtes à tout quitter en quête d’une vie meilleure.
Quant au titre, il fait évidemment référence au roman de Jules Verne mais aussi à la petite ville de Felicity en Californie (où la plupart des images ont été réalisées) qui est officiellement le « centre de la Terre ».
Cristina De Middel signe par ailleurs l’affiche du festival.
Nelly Maurel : « Je hais les voyages et les explorateurs » / Musée Estrine – Saint-Rémy-de-Provence
Mais les Rencontres d’Arles ce sont aussi des expositions réparties sur le territoire dans le cadre du « Grand Arles Express ». L’occasion de découvrir d’autres lieux emblématiques à l’instar du MUSEM à Marseille (et de l’exposition Paradis naturistes) ou encore du Musée Estrine à Saint-Rémy-de-Provence.
Ce dernier accueille l’une des expositions les plus déroutantes de cette 55e édition des rencontres Arles à travers le travail de Nelly Maurel. « Je hais les voyages et les explorateurs » regroupe une centaine de photographies représentant des femmes qui collectent et manipulent des oeufs. Un travail ethnographique de prime abord mais les apparences sont parfois trompeuses avec à la clé une mise en abyme des questions actuelles quant au rapport de l’image dans notre quotidien…
Infos pratiques Les Rencontres de la Photographie Arles 2024 :
- 1er juillet au 29 septembre 2024 : Tous les jours de 10h à 19h30, dernière entrée 30 minutes avant la fermeture des portes. Pendant sa période d’ouverture, le festival est ouvert tous les jours sans exception y compris les jours fériés (14 juillet et 15 août)
- Forfaits journaliers ou valables sur la durée du festival à acheter sur place ou en ligne (-2€)
Programme et détails des expositions à retrouver sur le site Internet officiel des Rencontres d’Arles 2024.
Fleuves océan, le paysage de la couleur Mississippi / Chapelle Saint Martin du Méjan – Arles