Après avoir conquis le marché du vélo-taf et du VTT, le VAE s’offre un second souffle sur le segment des Gravel et vélos de route. Des moteurs plus discrets, une batterie minimaliste et à la clé, une prise de poids contenue. De quoi laisser davantage de latitude aux ingénieurs désormais en mesure de proposer des vélos de route électriques affûtés capables de délivrer des sensations comparables à celles de leurs homologues musculaires, avec ce petit coup de boost bienvenu quand la forme ou le relief vous rappellent que vous n’avez plus les jambes de vos belles années. Une philosophie incarnée à merveille par Trek et son Domane+ 7, un vélo de route / Gravel électrique parmi les plus légers du marché avec son cadre full carbone.
Pour beaucoup, un vélo se doit d’être beau. Bien sur, il s’agit d’une appréciation subjective mais sur ce point le Domane+ s’en sort plutôt bien. Un cadre profilé et de jolis coloris à l’image du green dark du modèle essayé. Et si les sept couleurs de cadre proposées en standard sont trop communes, Trek offre la possibilité de concevoir son vélo selon ses gouts via Project One, le programme de personnalisation à la demande de la marque. Peinture, gravure de quelques mots sans oublier les principaux composants (groupe de transmission, roues, cintre, potence) sont à choisir en ligne ou chez son revendeur.
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Notre monture du jour est quant à elle un Domane+ SLR 7 stock. Parmi les principaux éléments le concernant, une transmission Shimano Ultegra Di2, le fleuron de l’équipementier doté de la technologie Hyperglide+ pour des passages de vitesses ultra-rapides. Sans-fil, le système Ultagra Di2 peut en prime être personnalisé (et mis à jour !) via l’application E-Tube afin de s’adapter au mieux aux préférences et besoin de chacun. Une technologie de pointe mais un élément supplémentaire à recharger régulièrement sous peine de voir le Domane+ se transformer en single speed…
A ce sujet, la version SLR est configurée avec une cassette 12 vitesses (11-34) et un plateau Praxis 50-34. Le Domane+ 7 AXS est quant à lui équipé d’une configuration full SRAM avec mono-plateau.
S’attarder sur le pédalier Praxis Carbone est sans doute le meilleur moyen de se rendre compte que le Domane+ est un vélo à assistance électrique. L’intégration du moteur TQ a beau être exemplaire, elle ne peut trahir l’œil averti des connaisseurs. Et même spécialistes, il est probable que peu d’entre eux connaissent la marque allemande « Technologie in Qualität ». Fondée dans le milieu des années 1990, TQ a fait des moteurs électriques sa spécialité, essentiellement à destination des industriels (aérospatial, médical, robotique, …). Un savoir-faire qui lui permet de trouver de nouveaux débouchés dans le cyclisme depuis une quinzaine d’années.
Fort d’une puissance de 300W pour un couple de 50 Nm, le moteur TQ HPR-50 se veut innovant à plus d’un titre. D’abord de par sa conception, basée sur une « transmission à démultiplicateur harmonique à anneau à broches qui fonctionne de la même manière qu’un moteur rotatif. Trois pièces de précision concentriques, un générateur d’ondes elliptiques, une cannelure flexible interne et une cannelure circulaire s’associent pour vous propulser vers l’avant, tout en restant petit et léger ».
Avec un diamètre de 8 cm seulement, le dernier né de TQ nécessite donc moins d’encombrement que ces concurrents. Plus dense, son centre de gravité impose moins de contraintes et facilite ainsi son intégration. Mais ce n’est pas son seul atout. Avec un poids de 1,8 Kg, il est ainsi le moteur pour VAE le plus léger du moment. Idem pour sa batterie de 360W dont le poids est également proche de 1,8 Kg. Au total, l’ensemble moteur + batterie se veut contenu avec « seulement » quatre kilos supplémentaires. A la pesée, le Domane+ peut ainsi se targuer de n’afficher que 12,6 Kg ! Certes, c’est un gap versus son pendant musculaire mais pour un vélo à assistance électrique, c’est une véritable prouesse.
Léger, compact, le TQ HPR-50 peut aussi se prévaloir d’une efficacité et d’un confort inégalé. C’est bien simple, dès les premiers tours de roues, il se fait oublier. Le bruit caractéristique des moteurs électriques est imperceptible. Quant au feeling, il se révèle très naturel. Exit le coup de boost typique au démarrage des VAE, c’est davantage le sentiment d’être en forme olympique à chaque tour de pédale qui prévaut. Une fois les 25 km/h réglementaires atteints, l’assistance se coupe avec la même transparence au point qu’il est souvent impossible de savoir si elle est en marche ou non sans un coup d’œil à la vitesse affichée sur le petit écran présent sur le haut du cadre.
Ce dernier délivre d’autres mesures : la puissance instantanée, les kilomètres parcourus et bien sur l’autonomie de la batterie. Trek annonce jusqu’à 96 kms d’autonomie en mode éco, soit le niveau le plus faible d’assistance sur les trois proposés, ajustable du bout des doigts grâce aux boutons présents sur les cocottes (et personnalisables via l’application Trek Central). Mais à l’instar des voitures électriques, l’estimation de l’autonomie est un sujet complexe dépendant de nombreuses variables comme la température ambiante, la typologie de la route, la corpulence du cycliste ou le rythme adopté par ce dernier. En pratique, durant nos sorties, réalisées cet hiver, avec 400-600m de D+ et une assistance majoritairement sur le niveau 2, l’autonomie constatée oscille entre 55 et 75 kms.
Trop juste ? Dans ce cas, il est possible d’acquérir un prolongateur d’autonomie (550€). Ce dernier prend la forme d’un bidon, vient se positionner comme tel sur le cadre et se branche sur le port de charge du vélo. D’une capacité de 160 Wh (pour un poids de 950g), le range extender Trek permet de profiter d’une quarantaine de kilomètres d’autonomie supplémentaires.
Bien sur, il est possible de continuer à rouler une fois la batterie vide. Outre le poids, il faut surtout composer avec une résistance supplémentaire due au moteur. Bien que légère, elle est néanmoins perceptible, encore plus quand les jambes commencent à faire défaut en fin de sortie.
D’aucuns y verront là un argument en faveur des vélos musculaires. Certes, mais c’est faire abstraction de l’essence même d’un vélo à assistance électrique comme le Domane+. A savoir, permettre à des personnes amoureuses du vélo mais qui n’ont plus la capacité physique ou le temps pour en profiter sans un petit coup de pouce. Alors oui, la « noblesse » dans l’effort est moindre mais là n’est pas l’essentiel pour beaucoup. S’évader quelques heures sans se soucier du dénivelé ni craindre la récupération les jours suivants, n’est-ce pas là le plus important ?
Certes à près de 10 000€, le Domane+ est hors de portée de nombreuses bourses. Mais pour les amoureux de belles mécaniques qui ont les moyens de se faire plaisir, c’est un excellent investissement. L’occasion de profiter d’un vélo full carbone, du cadre aux roues, sans compromis sur les performances ni le look mais néanmoins confortable. Sa géométrie typée endurance avec tube de direction plus haut et un empattement plus long permet de maximiser le confort et la stabilité. Livré avec des roues en 32 dans sa version SLR, il peut néanmoins passer sur des pneus type gravel en 40 comme nous l’avons fait afin de profiter d’une polyvalence accrue.
De quoi quitter le bitume pour s’aventurer sur sentiers sableux ou caillouteux avec une certaine aisance. Si les capacités de franchissements ne sont pas celles d’un VTTAE, le Domane+ a montré une belle stabilité malgré des terrains (très) gras, et ce malgré un rythme engagé. Le système IsoSpeed présent au niveau du tube de selle apporte une petite touche de confort bienvenue pour absorber en partie des vibrations dues aux irrégularités des chemins forestiers.
Notre avis sur le Trek Domane+ 2023
Après ces quelques sorties en compagnie du Trek Domane+, sa force réside avant tout dans son moteur qui, et c’est peut-être là le paradoxe, se fait totalement oublié dès les premiers mètres. Inaudible, d’une douceur jusqu’à alors insoupçonnée, la frontière s’estompe encore davantage entre vélo musculaire et électrique.
Bien sur, l’embonpoint est toujours là mais avec à peine plus de 12 Kg sur la balance, le Domane+ et ses nombreux éléments en carbone figure parmi les e-gravel les plus légers du marché. De quoi justifier, ou du moins expliquer, son tarif stratosphérique pour les non-initiés. Mais à l’image d’une supercar, il s’agit avant tout d’une vitrine dotée de technologies pensées pour la course dont le développement s’amortit désormais auprès des passionné(e)s qui peuvent ainsi s’offrir une part de rêve.
Photos non libres de droit – © Julien Thoraval
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