Cette pratique, fréquente chez les couples, est bien plus toxique qu’il n’y parait…

Disputes, désaccords, tensions… aucun couple n’y échappe. Mais il y a une différence entre prendre du recul pour se calmer et couper totalement la communication. Quand, après une altercation, l’un des deux partenaires se ferme, fuit la discussion, refuse d’écouter ou de répondre, on parle de stonewalling.

Derrière ce terme anglo-saxon, un comportement bien connu : le mur du silence. Pas une absence physique, mais un effacement émotionnel. Et si ce retrait peut parfois masquer une fragilité, il n’en est pas moins délétère pour la relation.

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« Faire le mur » : en quoi consiste le stonewalling ?

Le stonewalling se manifeste par un refus d’échanger, souvent après un conflit ou une discussion difficile. L’un des partenaires devient silencieux, se ferme, évite le regard, répond par monosyllabes — voire quitte la pièce. L’autre a alors l’impression de parler à un mur. D’où le nom.

On le confond parfois avec le fait de “faire la tête”. Mais ce n’est pas un simple bouderie passagère. Le stonewalling peut s’installer dans la durée, au point de devenir une véritable stratégie d’évitement — consciente ou non.

Un comportement plus destructeur qu’il n’y paraît

Se taire, ce n’est pas anodin. Ce type de réaction a des conséquences concrètes sur la relation :

Selon le psychologue américain John Gottman, spécialiste des relations de couple, le stonewalling fait même partie des quatre comportements prédictifs du divorce, avec la critique, le mépris et l’attitude défensive.

Pire encore : sur le plan physique, certaines études ont mis en évidence des liens entre ce type de retrait émotionnel et des troubles musculo-squelettiques comme les tensions chroniques, les douleurs cervicales ou les maux de dos. Le corps parle aussi quand la parole est absente.

Est-ce toujours une forme de manipulation ?

Pas forcément. Si le stonewalling peut effectivement être utilisé de manière passive-agressive — voire pour prendre le dessus sur l’autre — il peut aussi être un mécanisme de défense inconscient. Certaines personnes, confrontées au conflit, se sentent débordées émotionnellement. Se taire devient alors un moyen de se protéger, de ne pas “exploser”, ou simplement de ne pas savoir quoi dire.

Il ne s’agit donc pas toujours d’une volonté de nuire. Mais cela ne rend pas le comportement plus acceptable pour autant. Se couper de l’autre reste une forme de violence silencieuse, qui doit être nommée et comprise si l’on veut en sortir.

Que faire si vous êtes adepte du silence ?

Si vous vous reconnaissez dans ce comportement, pas de panique : tout le monde peut avoir des réactions de retrait à un moment donné. L’essentiel, c’est d’en prendre conscience et d’accepter d’en parler.

Voici quelques pistes pour avancer :

  • Reconnaître que le conflit vous met en difficulté émotionnelle.
  • Prévenir votre partenaire plutôt que fuir (“j’ai besoin de me poser, je te propose qu’on en reparle dans une heure”).
  • Vous rappeler que écouter ne veut pas dire être d’accord, mais simplement accorder de l’attention.
  • Vous faire accompagner, seul ou en couple, si ce schéma revient régulièrement.

Le silence peut être un refuge, mais dans le couple, il devient vite un mur. Et ce mur, c’est souvent l’autre qui le subit.

Et si c’est l’autre qui fait le mur ?

Être face à un partenaire qui se ferme totalement, c’est souvent vécu comme une forme de punition ou de mépris. Ce retrait peut réveiller des sentiments d’injustice, de solitude ou d’insécurité. C’est légitime.

Il est important de nommer ce que vous ressentez, sans forcément accuser. Par exemple :

“Quand tu te tais, j’ai l’impression que je n’existe plus. J’ai besoin qu’on trouve une autre manière de gérer nos désaccords.”

La frontière entre stonewalling et simple besoin d’espace est subtile. La clé, c’est la communication. Si la personne exprime qu’elle a besoin d’un moment pour elle, c’est autre chose. Mais le silence imposé sans explication est un blocage, pas une limite saine.

Si, malgré vos tentatives, le mur reste infranchissable, il peut être nécessaire de consulter un professionnel. Une thérapie de couple peut permettre d’identifier les mécanismes en jeu et de recréer un espace de dialogue.

©Priscilla Du Preez

Un comportement appris… mais pas une fatalité

Le stonewalling peut parfois venir de loin. De l’enfance, d’un environnement où l’on n’avait pas le droit de s’exprimer, où les conflits étaient évités ou niés. Dans ce cas, se taire devient un automatisme. Une sorte de “stratégie de survie”.

Mais rien n’est figé. On peut désapprendre. Apprendre à mettre des mots, même simples, sur ce que l’on ressent. Apprendre à rester dans la relation, même quand c’est inconfortable. Car la maturité affective, ce n’est pas l’absence de conflit, c’est la capacité à rester présent quand le conflit survient.


En résumé : un silence qui parle trop fort

Le stonewalling, ce n’est pas juste “faire la tête”. C’est un vrai dysfonctionnement relationnel. Qu’il soit intentionnel ou non, il empêche la communication, fige le dialogue et crée un climat toxique.

👉 Si vous en êtes l’auteur, prenez le temps d’observer vos réactions. Apprenez à dire quand vous avez besoin d’un temps pour vous.

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👉 Si vous en êtes la cible, n’acceptez pas ce silence comme une fatalité. Parlez-en, posez vos limites, cherchez de l’aide si nécessaire.

Le couple, c’est du lien. Et quand le lien est rompu par le mutisme, ce n’est pas juste un moment à passer. C’est un signal d’alerte à écouter… avant que le mur ne devienne infranchissable.

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