Pourquoi Massacre à la tronçonneuse est-il un film culte ?

Pour les amateurs de cinéma en général et de films d'horreur en particulier, Massacre à la tronçonneuse est le film culte par excellence. Pourquoi ?

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Quarante ans après sa création – et son retrait immédiat des écrans dans plusieurs pays –, "Massacre à la tronçonneuse" est ressorti ce mercredi 29 octobre en version restaurée, avec une aura de film culte toujours intacte malgré une succession de films d'horreur bien plus sanguinolents.

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La légende du long-métrage de Tobe Hooper repose sur trois facteurs, aux yeux des aficionados et critiques de cinéma interrogés par l'AFP : l'interdiction dont il est frappé dans plusieurs pays à sa sortie, son côté profondément réaliste et son symbolisme.

En France, il est présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes en 1975 mais il est interdit après une semaine d'exploitation. Il ne sera autorisé qu'en 1979 en cassette VHS et qu'en 1982 au cinéma, interdit aux moins de 18 ans. En Grande-Bretagne, il lui faut attendre 25 ans pour recevoir le feu vert des autorités.
Ces interdictions "lui confèrent une aura mythique", souligne Laurent Aknin, critique et auteur des Classiques du cinéma bis (Nouveau monde éditions).

"Il est plus violent par son atmosphère que par ce qu'il montre"

"On voit peu de sang, il y a eu beaucoup plus gore depuis, mais bien moins marquant", note Alexa Zangrilli, rédactrice en chef du site films-horreurs.com. "Il est plus violent par son atmosphère, par le profond sentiment de malaise qu'il diffuse, que par ce qu'il montre", renchérit Alexandre Prot, cocréateur d'un autre site, Les Ingoruptibles.

Les films d'horreur sont souvent peuplés à cette époque de zombies et de fantômes. "Massacre à la tronçonneuse" met en scène cinq jeunes gens qui traversent le Texas en minibus, tombent en panne d'essence et ont la (mauvaise) idée d'aller demander de l'aide dans une ferme isolée, qui se révélera habitée par une famille de dégénérés.

"C'est un film très réaliste, qui a un côté Amérique profonde et où le spectateur se dit +ça pourrait arriver+", ajoute Alexandre Prot.

Image crade, avec un grain énorme

Son symbolisme fait l'objet d'exégèses sans fin. "C'est la fin du Flower Power, l'Amérique est traumatisée par la guerre du Vietnam", rappelle Jack Parker, pseudo de l'animatrice du Blog Horreur. A l'image des jeunes gens des années 70 envoyés dans l'enfer du Vietnam, les héros du film plongent dans l'enfer de cette ferme isolée.
"Image crade, avec un grain énorme –le film est tourné en 16 mm –, le film a mis à nu les cauchemars de l'Amérique profonde et adopte un parti pris d'ultra-réalisme", déclare Laurent Aknin.

Tom Nunan, professeur à la UCLA School of Theatre Film and Television à Los Angeles, rappelle que le film sort aux Etats-Unis en plein scandale du Watergate, qui aboutit à la démission de Richard Nixon. "Rien n'était plus horrible et plus destructeur pour les Américains que de réaliser que leur président était un escroc corrompu. +Massacre à la tronçonneuse+ a servi de catharsis face à cette catastrophe".

Et Tobe Hooper devint une star

Tous soulignent aussi le talent du metteur en scène, alors âgé d'à peine 30 ans. Tobe Hooper parvient à créer une peur effroyable grâce à une bande-son qui va crescendo de l'angoisse à la folie furieuse, à son souci du détail – les informations crachotées par la radio sont atroces –, au travail sur les contre-jours, aux décors cauchemardesques…

"Le titre du film, qui a profondément choqué à l'époque, et le style unique du réalisateur ont assuré (à +Massacre à la tronçonneuse+) une place de choix dans la culture américaine", estime Robert Thomson, professeur de culture populaire à l'université de Syracuse.

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Le tournage s'est déroulé dans une ambiance d'hystérie, sous une chaleur étouffante. Dans un entretien récent à la revue de cinéma Sofilm, Tobe Hooper reconnaît s'être comporté "comme un monstre". "Tout le monde me détestait sur ce film. Mais c'était nécessaire".