[CRITIQUE] L’Homme du Président : l’espionnage à la sauce coréenne

L'Homme du Président : l'espionnage à la sauce coréenne

Le Festival du film coréen à Paris (FFCP) aurait dû permettre de lancer la carrière du film L’Homme du Président en France. Las, le (re)confinement est passé par là.

C’est donc à distance que l’on a pu regarder en avant-première le nouveau long-métrage de Min-ho Woo, qui fait déjà partie des candidats sérieux pour l’Oscar du meilleur film étranger 2021.

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Le nouvel âge du cinéma coréen

Il semblerait que les spectateurs occidentaux regardent (enfin !?) le cinéma coréen sous un nouveau jour. Pendant longtemps, en effet, les oeuvres issues du pays du matin calme ont essentiellement fait la part belle aux arts martiaux et aux guerres de gangs, avec des titres comme Old Boy, The Chaser et A Bittersweet Life.

Les zombies ont aussi permis à la Corée du Sud de se faire un nom sur la scène internationale du septième art, portée par le succès en 2016 du Dernier train pour Busan. Dans le registre « ferroviaire », impossible de ne pas mentionner Snowpiercer, le Transperceneige, l’excellent film réalisé par un certain… Bong Joon Ho (et récemment adapté en série Netflix).

Si ce nom vous dit quelque chose, c’est sans doute parce que c’est aussi à lui que l’on doit Parasite, le long-métrage qui a tout raflé sur son passage ces derniers mois : Palme d’or 2019 à Cannes, Oscar 2020 du meilleur film ET du meilleur film étranger, Golden Globe 2020 du meilleur film en langue étrangère, César 2020 du meilleur film étranger… et près de 2 millions d’entrées en France.

Après un tel raz-de-marée, forcément, quand un nouveau film coréen s’annonce en France, difficile de ne pas y prêter un oeil plus attentif. D’où notre intérêt marqué par cet Homme du Président.

Qui est donc l’Homme du Président ?

A défaut de profiter d’une sortie en salles, c’est directement dans les bacs que débarque l’Homme du Président en cet automne. Mais pour une fois, ce n’est pas la qualité du film (confinement oblige) qui a envoyé ce long-métrage direct-to-DVD

Le synopsis du film

A la première lecture, le résumé de l’Homme du Président ne se distingue pas par son originalité. Il rejoint la longue liste des (bons) films d’espionnage, parmi lesquels La Taupe, La Vie des Autres ou encore Mensonges d’Etat.

Mais ici, point de conflit CIA/KGB, de Guerre froide ou d’Allemagne de l’Est au menu : c’est bien en Corée du Sud que se déroule l’intrigue. Min-ho Woo nous ramène dans les années 1970, alors que le pays est sous la houlette du président Park.

Celui-ci contrôle d’une main de fer la KCIA, l’agence de renseignements coréens. C’est au sein même de l’agence que le commandant Kim Gyu-Pyeong voit sa vie être bouleversée lorsque l’ancien directeur refait surface, avouant qu’il connaît toutes les affaires louches dans lesquelles a trempé le gouvernement.

Entre secrets d’Etat, coups bas et trahison, la tension ne cessera de monter jusqu’à ce que la vérité éclate au grand jour…

Inspiré de faits réels

C’est une question qui revient souvent dès lors que l’on parle de films ou séries « historiques » : s’agit-il d’une histoire vraie ? Contrairement au Jeu de la Dame dont nous avons parlé récemment (et qui est seulement l’adaptation d’un roman), L’Homme du Président retrace bel et bien des faits réels survenus en Corée du Sud à la fin des années 1970.

Min-ho Woo s’intéresse plus particulièrement aux 40 jours qui ont précédé les événements du 26 octobre 1979, à savoir l’assassinat du président Park Chung-hee.

Déjà un favori pour les Oscars 2021 ?

Dans cette année si particulière, notamment au niveau cinématographique, rares sont les films qui auront retenu notre attention. Même sans être sorti au cinéma, L’Homme du Président restera incontestablement comme l’un des meilleurs films des derniers mois.

Si les femmes sont très peu présentes (à part la lobbyiste Deborah Shim, campée par Kim Soo-Jin, elles sont même totalement absentes), les hommes jouent un rôle prépondérant dans cette « petite histoire dans la grande ». Et tous ont un caractère bien marqué, du président paranoïaque manipulateur au discret et intelligent chef des services secrets en passant par le traitre repenti et la brute en charge de la sécurité du président.

L’Homme du Président de Min-ho Woo a beau avoir le même titre qu’un film de 2000 avec Chuck Norris (et faire inévitablement penser au film culte de Pakula avec Robert Redford et Dustin Hoffman), cette plongée dans les arcanes du pouvoir coréen s’avère nettement plus sombre et subtile.
Surtout, la tension permanente ne lâche jamais le spectateur, jusqu’à un dénouement plutôt… sanglant ! Notons au passage le soin esthétique accordé à la plupart des plans, et notamment la séquence finale dans la Maison-Bleue puis le trajet en voiture qui s’en suit.

Sans être trop bavard, le film sait faire preuve de pédagogie pour nous permettre de bien comprendre les différents enjeux. Il en résulte une oeuvre brillante et intense, qui s’inscrit dans la grande tradition des films d’espionnage ancrés dans les années 1970-80. Un vrai bonheur pour les cinéphiles en manques de salles obscures ces temps-ci.

L’Homme du Président
De Min-ho Woo
Avec Lee Byung-Hun, Sung-min Lee, Do-Won Kwak, Hee-joon Lee, Soo-jin Kim…
Durée : 1
h54

Note du film : ★★★★☆

Sortie en Blu-ray et DVD le 4 novembre 2020

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