Peu de voitures ont aussi bien traversé les décennies que la Ford Mustang. Elle est même la seule voiture dont la production ne s’est jamais arrêtée depuis son lancement en 1964.

Et si elle se décline aujourd’hui dans une version SUV électrique (qui n’a de Mustang que le nom), les modèles produits dans les années 1960 et 1970 font partie des plus convoités. Justement, après la Jeep Hotchkiss M-201, c’est un autre pan de l’histoire automobile américaine que nous vous proposons de découvrir aujourd’hui, avec l’essai de cette Ford Mustang GT390 de 1967.

La Ford Mustang, un mythe toujours intact

Elle fait aujourd’hui rêver de nombreux hommes à travers le monde. Pourtant, historiquement, la Ford Mustang pouvait être vue comme une vraie « voiture du peuple » !

Si l’on se replonge brièvement dans son histoire, rappelons que la belle Américaine a vu le jour en 1964. Le président d’alors chez Ford, Lido Anthony Iaccoca, veut créer une voiture sportive susceptible de séduire les jeunes automobilistes américains. Et si les Européens avaient misé sur la Coccinelle, lui veut plus de fun, un bolide taillé pour les chevauchées au long cours, « à l’américaine ». A cette époque, moins de 2500 dollars suffisent pour acquérir une Mustang…

Le succès est immédiat et l’histoire raconte que 22 000 commandes auraient été passées dès le premier jour dans les concessions américaines. En moins d’un an, plus de 400 000 Ford Mustang sont ainsi sorties des chaînes de production.

Pour plaire au plus grand nombre, le constructeur n’hésite pas à multiplier les déclinaisons de carrosserie (coupé, hardtop, cabriolet, fastback) et les options de personnalisation. L’idée est que chaque conducteur américain puisse avoir SA Mustang.  

Bien évidemment, la concurrence ne pouvait pas rester les bras croisés et plusieurs marques lancent à leur tour des modèles sportifs. Notamment Chevrolet avec sa Camaro. Mais Ford réplique aussitôt et sort les muscles avec une nouvelle Mustang V8 de 320 chevaux. L’apparition de Steve McQueen au volant d’une Mustang GT verte dans le film Bullitt achève de transformer la voiture du peuple en bolide culte et collector.

Près de 60 ans plus tard, génération après génération, la Ford Mustang est toujours au catalogue du constructeur américain. Elle peut se targuer d’être le seul modèle actuel à ne jamais avoir vu sa production interrompue sur une aussi longue période. Et alors que les voitures de collection connaissent un nouvel engouement aujourd’hui, la cote de la plus mythique des pony-cars ne cesse de flamber…

Le bon temps (et le bon son) du moteur V8

Aujourd’hui, le mythe de la Mustang perdure partout dans le monde. En France, le Mustang Club de France contribue à perpétuer la légende, revendiquant aujourd’hui 14 délégations régionales, plus de 900 membres et 1500 véhicules ! C’est ici que j’ai pu faire la connaissance de Christophe Bottini, propriétaire d’une GT390 de 1967 (un modèle export, vendu en France).

Plus de 2 ans pour la restaurer

« Je l’ai achetée en 1999 et je ne suis que le 3e propriétaire. Mais avant d’en arriver là, il a fallu entièrement la reconstruire : 2 ans et demi de restauration et 1200 heures de travail ont été nécessaires ! » Mais le résultat en valait le coup !

Si la Ford Mustang est en soi une voiture sur laquelle on se retourne, celle-ci ne fait surtout pas exception à la règle. J’ai rapidement l’occasion de le constater sur le périphérique lyonnais, où un motard n’hésite pas à nous doubler et à se retourner vers nous avec un pouce en l’air et un sourire que l’on devine sous le casque. Avec son coloris vert (un Bronze Porsche) et ses bandes noires, cette GT390 allie parfaitement élégance et sportivité.

A l’origine, pourtant, elle était noire. « Mais la petite histoire de cette voiture, c’est que, quelques années après l’avoir achetée, le démarreur me lâche. Je la confie donc à un garagiste pour qu’il change la pièce… Sauf qu’avant de me la rendre, au moment de tester la voiture, il s’est un peu trop fait plaisir et a planté la voiture. Il a donc fallu la restaurer une deuxième fois. C’est la première fois que mon carrossier restaurait deux fois la même voiture en si peu de temps ! » Une tâche confiée au Bullit Racing Atelier de Saint-Rémy de Provence, en l’occurrence, comme en atteste le sticker présent à l’arrière du véhicule.

Une voiture optimisée pour le circuit

Au moment de monter à bord du bijou, Christophe précise qu’il a conservé bon nombre des éléments d’origine (les sièges arrière, la planche de bord en aluminium…). Quant aux éléments modifiés, ils l’ont été pour optimiser la conduite sur circuit. Attention : optimiser, pas « préparer » la voiture.

Dotée d’un V8 de 390cc, cette Mustang GT390 développe officiellement 325 à 335 chevaux. Mais grâce à l’ajout d’un nouveau carburateur avec allumage électronique, d’un pont autobloquant de nouvelles pompes à huile et à eau, elle peut désormais en revendiquer au moins 380. « Même si elle date de 1967, c’est une voiture rétro super moderne, elle avait déjà tout ! Une double ligne d’échappement, la direction assistée, des freins à disque ventilés, des étriers de frein 4 pistons, une boîte manuelle. Comme elle a été conçue pour l’export et vendue en France, Ford lui a donné toutes les options pour répondre aux souhaits des automobilistes européens. »

L’avantage d’un modèle comme celui-ci, c’est que l’on peut trouver des pièces de rechange très facilement : « Du compteur kilométrique à la moindre vis, on trouve des répliques exactes partout, qu’elles viennent directement des Etats-Unis ou de Chine. »

Le plaisir de la conduite à l’ancienne

Dès que l’on met le contact, les chevaux de la Mustang nous laissent comprendre qu’ils ont besoin de se défouler. Le V8 affiche un couple énorme de 610 Nm, et même au ralenti, le moteur ronflant a de quoi faire dresser les poils. Et il contribue à faire tourner les têtes sur notre passage.

Malheureusement, la pluie est de la partie dès les premiers tours de roue. « On va donc éviter d’appuyer trop fort sur la pédale de droite ! » D’autant que la ceinture de sécurité n’est pas le point fort de ce modèle : « C’est une simple ceinture ventrale, donc on peut dire qu’elle ne sert à rien. Si on devait freiner trop fort, on viendrait directement taper le front sur la planche de bord. »

Attention, n’allez toutefois pas croire que cette Mustang ne tient pas la route : l’optimisation dont elle a bénéficié témoigne du contraire, et un petit coup d’accélérateur nous permet de dépasser aisément (et bruyamment) les voitures qui nous précèdent. Pas d’essuie-glace automatique ici, mais on retrouve le plaisir de la conduite à l’ancienne. « Et puisqu’il n’y a pas d’électronique, il n’y a pas de panne ! Si on excepte la vidange tous les 5000 km, il n’y a rien à faire sur une voiture comme celle-là ! »

La question de l’entretien revient effectivement très souvent lorsque l’on évoque l’achat d’une voiture de collection. Mais les propriétaires sont tous formels ou presque : à partir du moment où vous partez sur une base saine (avec des courroies et des durites changées), que vous entretenez la voiture et que vous la faites tourner régulièrement, il n’y a rien à craindre. « Sauf sur les Anglaises », plaisante Philippe, qui roule au quotidien en Jaguar (« une e-Pace en LOA actuellement ») et a déjà eu 7 Simca Aronde, une Cadillac Eldorado Biarritz ou encore une Buick Skylark.

Le prix du rêve

« Peu importe la destination, l’important est le voyage », selon une citation bien connue. C’est encore plus vrai au volant de cette Ford Mustang GT390. Taillée pour les longs trajets sur les highways américaines, elle se montre tout aussi plaisante sur nos routes françaises et n’a pas peur des kilomètres. Comptez quand même 13-14l/100km pour la consommation, mais quand on aime, on ne compte pas !

Ce que l’on compte, en revanche, c’est le prix d’achat d’un tel bolide. Et comme de nombreux modèles de collection, sa cote atteint aujourd’hui des sommets. Pour une voiture en bon état, prête à rouler comme celle-ci (et un millésime aussi rare que cette GT390 ’67 française), il faudra débourser au moins 55 000€… et parfois beaucoup plus.

En plus de nos essais auto « classiques », avec les dernières nouveautés des constructeurs, nous vous proposons désormais sur Masculin.com de partir à la découverte de modèles plus atypiques, des icônes d’hier qui continuent à faire rêver des générations aussi bien que des voitures tombées dans l’oubli… mais qui méritent clairement que l’on s’intéresse à elles !
Si, vous aussi, vous possédez un tel bijou, n’hésitez pas à nous contacter à redaction@masculin.com.