[CRITIQUE] Le Tigre Blanc sur Netflix : un opportuniste dans l’Inde moderne

White Tiger. Rajkummar Rao as Ashok, Priyanka Chopra as Pinky Madam, Adarsh Gourav as Balram in White Tiger. Cr. Tejinder Singh Khamkha/NETFLIX © 2020

Ne vous attendez pas aux paillettes d’un Bollywood. Le Tigre Blanc raconte avec férocité l’Inde moderne comme vous ne l’avez sans doute jamais vue, à travers l’histoire de Balram, jeune indien de caste inférieure, opportuniste, et prêt à tout pour réussir.

C’est sombre, grinçant et souvent méchant ; entre la satire sociale et le thriller politique, le tout mâtiné d’humour noir. A voir.

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Révélé en France en 2005 par Man Push Cart, Ramin Bahrani avait marqué les esprits avec son épatant 99 homes, Grand Prix du festival de Deauville en 2015, avant de réinterpréter sans convaincre Fahrenheit 451 de Ray Bradbury (1953). Cet américain d’origine iranienne retourne derrière la caméra pour Netflix et adapte le best-seller « The White Tiger » écrit par Aravind Adiga et lauréat du Prix Booker en 2008.

Le récit débute sur un flash-forward de Balram, devenu entrepreneur prospère, qui raconte son parcours sous la forme d’une lettre ouverte adressée au numéro un chinois en visite en Inde. Une narration à la première personne qui nous emmène sur un ton jovial à travers son ascension fulgurante, de villageois sans le sou à entrepreneur prospère, en se concentrant sur ce qui a fait basculer son existence : son embauche comme chauffeur pour un jeune couple de riches Indiens.

Adarsh Gourav (Balram), ​Priyanka Chopra Jonas (Pinky) et Rajkummar Rao ​ ​(Ashok) ​dans ​Le Tigre Blanc​. Cr. ​Netflix ​© ​2020
Le Tigre Blanc

On est dans les années 2000, à l’époque où l’Inde est en train de se réinventer. Dans le début de son récit, Bahrani prend le temps de poser un regard sur le système étouffant et injuste des castes à l’aide d’une métaphore animale très parlante. Le villageois pauvre lambda, c’est le poulet, un volatile si commun qu’il consent sans révolte à son sort.

Et puis on a le tigre blanc, un animal si rare qu’on n’en voit qu’un par génération. D’un côté, on a la soumission, l’esclavage et de l’autre l’indépendance et la liberté, non sans sa part de cruauté. « 99,9 % des Indiens sont coincés dans la cage à poulets », assène Balram au cours de son récit. Bien sûr, Balram aspire à quitter le poulailler.

On avance donc aux côtés de ce tigre blanc arriviste et naïf qui a réussi à se faire embaucher comme chauffeur d’Ashok, le « maître idéal ». Mais le respect et la complicité apparente vont vite laisser place à un profond mépris lorsqu’arrive un tragique accident. Trahi, le serviteur décide de se venger…

Chemin faisant, le film montre l’Inde contemporaine sans la masquer derrière un filtre hollywoodien. Bahrani filme les grands hôtels de New Delhi comme les embouteillages monstrueux ou la misère des villages et des rues bondées. Surtout, le long-métrage évoque la corruption des élites, la cruauté des rapports de castes ou la situation des hommes pauvres, asservis par leurs maîtres comme par leurs familles. Et il dépeint avec nuances la relation entre un chauffeur et ses patrons.

« Il serait peut-être resté un chauffeur heureux de son sort s’il avait été traité décemment », confie le réalisateur à 20 Minutes. « Mais il se rebelle quand sa condition lui devient insupportable et que l’affection qu’il place en ses maîtres est bafouée. »

En montrant Balram sous un autre jour, Ramin Bahrani troque le drame sociale pour un thriller féroce. On découvre alors un personnage toujours très drôle, mais aussi très sombre et méchant. C’est d’autant plus étonnant qu’il reste attachant et ne se départ jamais de son sourire. Dans cet exercice, Adarsh Gourav est exemplaire. Tantôt glaçant, tantôt benêt, mais toujours figure d’empathie. A lui seul, il porte le film du début à la fin avec l’aide d’une distribution à l’unisson, dans le drame comme dans la légèreté.

Finalement, – et c’est ce qu’on retient le plus – Le Tigre Blanc dénonce sans bienveillance les fragilités d’une société perdue entre tradition et modernité, gangrène d’un des pays les plus peuplés au Monde. Le scénario n’est pas exempt de quelques longueurs et de certaines maladresses mais le propos nous gagne de la même manière, avec force et pugnacité.

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