Patek Philippe Nautilus : pourquoi cette montre est-elle aussi convoitée ?

A côté de la Submariner de Rolex, de la Moonwatch d’Omega ou encore de la Royal Oak d’Audemars Piguet, la Nautilus de Patek Philippe est sans doute LA montre la plus convoitée par les amateurs d’horlogerie et les collectionneurs.

Mais pour cela, il faut disposer d’un certain budget, puisque le prix de revente moyen d’une Nautilus est généralement compris entre 60 000 et 200 000 euros sur le marché de la seconde main… voire bien plus pour certaines éditions limitées. Est-ce dû à un simple effet de mode ou l’emballement pour cette montre est-il justifié ? Nous allons essayer de comprendre dans cet article pourquoi cette Patek Philippe est devenue l’un des garde-temps les plus convoités du moment.

Comme chaque année, la semaine de l'horlogerie genevoise a permis de découvrir de très belles montres. Que ce soit dans les allées de Time to Watches, celles de Watches & Wonders ou dans les salo...Lire la suite

Une icône de l’horlogerie signée Gérald Genta

Si les années 1970 ont été marquées par la crise du quartz, cette décennie a aussi vu la naissance de quelques-uns des modèles les plus emblématiques de l’horlogerie contemporaine. Et notamment la Nautilus.

Introduite pour la première fois en 1976, cette montre en acier incarne une rupture audacieuse avec les codes traditionnels de l’horlogerie de luxe. Sa création, inspirée par le hublot d’un navire, est l’œuvre du designer de génie Gérald Genta, 4 ans après une certaine Royal Oak. Elle est née d’un désir d’allier fonctionnalité et élégance, avec une touche de sportivité. Des termes certes classiques aujourd’hui, mais qui marquent alors un tournant significatif pour Patek Philippe, la maison suisse étant alors réputée pour ses montres habillées classiques.

Avec du recul, on peut dire que l’influence de Genta a non seulement redéfini l’esthétique de Patek Philippe mais a aussi établi un nouveau paradigme dans le design des montres de luxe.

Ebauche de la Patek Philippe Nautilus de Gerald Genta

En quoi la Nautilus est-elle une montre « différente » ?

Le simple nom de Gérald Genta suffirait à transformer une montre banale en modèle culte. Mais si la Nautilus a atteint un tel statut aujourd’hui, ce n’est évidemment pas à cause d’un name dropping abusif.

On l’a dit, son design a littéralement cassé les codes de l’horlogerie dans les années 1970. Son boîtier tout en acier, inspiré par le hublot, est sécurisé par quatre vis latérales, pour assurer une étanchéité parfaite. D’ailleurs, l’histoire raconte que le nom même du modèle, Nautilus, soit un clin d’oeil à la passion des propriétaires de la marque pour l’univers nautique.

Plus large que la Royal Oak, le boîtier de la Nautilus (42 mm pour la première réf. 3700/1A) demeure relativement fin, mais c’est surtout sa lunette qui attire le regard, octogonale avec des flancs incurvés.

Nautilus 3700/1A
Patek Philippe Nautilus 3700

Le cadran, traditionnellement de couleur bleue, a aussi droit à un traitement particulier, avec un motif horizontal qui capte la lumière et ajoute à l’esthétique unique de la montre. Minimaliste, le modèle originel se contente de deux aiguilles (même pas de trotteuse) avec pour seule complication un guichet date situé à 3 heures.

Le bracelet en acier inoxydable, parfaitement intégré et doté d’un fermoir déployant, contribue à la silhouette fluide et élégante de la montre. Et comme Patek Philippe n’est pas du genre à négliger les détails, les finitions exemplaires tendent à rapprocher la Nautilus de la perfection.

Il est amusant de noter que les particularités de cette montres se situent toutes au niveau stylistique. La partie purement horlogère est le plus souvent reléguée au second plan quand elle n’est pas totalement éludée. Il faut pourtant savoir que la première Nautilus est animée par un mouvement automatique 28-255 développé par Jaeger-LeCoultre, très fin et offrant quelque 48h de réserve de marche. Malgré tout, accorder si peu de cas au mécanisme de l’une des montres les plus chères du monde aujourd’hui est assez ironique…

Comment expliquer une telle flambée des prix ?

Déjà à l’époque, la communication de la marque à la croix de Calatrava vient renforcer l’idée que cette tocante n’est pas comme les autres : « One of the world’s costliest watches is made of steel. » Ou, en français dans le texte : « L’une des montres les plus chères du monde est faite d’acier. » Et dire qu’il ne fallait débourser « que » 15 000 francs environ à l’époque…

En 2006, pour le 30e anniversaire de son modèle phare, Patek dévoile sa référence 5711. Fidèle à la Nautilus originale, mais avec quelques ajouts remarqués (comme une trotteuse !), elle devient rapidement la nouvelle star du marché. Et si cette nouvelle déclinaison rencontre un franc succès, elle permet aussi au public de redécouvrir les références vintage, si bien que les prix de la Nautilus ont eu tendance à s’envoler « très légèrement ». Et ce quelle que soit la version ou l’année du millésime.

Nautilus 5976/1G 40e anniversaire (2016)
Patek Philippe Nautilus 5976/1G

Bien sûr, l’historique référence 3700/1A des années 1970 est l’une des plus recherchées et il n’est pas rare de la voir franchir la barre des 200 000 euros. En novembre 2023, une Nautilus « Jumbo » 3700 en platine et diamant habillée d’un bracelet Gay Frères a même été vendue aux enchères à 1,68 million d’euros. Et si l’on se fie à un indicateur comme celui de WatchCharts (dont on a déjà parlé ici), un modèle comme la 5976/1G lancée en 2016 pour les 40 ans de la Nautilus voit sa cote approcher les 450 000 euros, soit 5 fois son prix de vente initial.

Même pour les déclinaisons les plus « accessibles », n’espérez pas trouver une Nautilus à moins de 60 000 euros, comme la 5726A avec son quantième annuel et son indicateur de phases de lune.

Les actuels propriétaires d’une Nautilus d’origine référence 3700/1A possèdent non seulement un jalon dans l’histoire horlogère, mais aussi une pièce de collection très précieuse, enviée par de nombreux passionnés d’horlogerie.

Du côté des montres neuves, plus que les prix en eux-mêmes, ce sont les délais qui ont de quoi refroidir les ardeurs. Une attente de 8 à 10 ans est souvent évoquée pour les clients qui souhaiteraient acquérir une nouvelle Nautilus. Un délai qui s’explique aussi bien par le temps nécessaire pour assembler une montre (plusieurs mois !) que par la faible production de Patek Philippe, puisque moins de 60 000 montres sortent chaque année de la manufacture genevoise. Et comme chez la concurrence, le meilleur moyen de rejoindre cette liste d’attente est d’être déjà client Patek et donc de posséder déjà une Nautilus… D’où le fait que les collectionneurs et investisseurs se ruent sur le marché de la seconde main, contribuant à accentuer la flambée des prix.

Patek Philippe Nautilus collection actuelle

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Alors que la Nautilus va souffler ses 50 bougies en 2026, et même si la bulle spéculative pourrait éclater, on imagine mal le soufflé totalement retomber. Qu’il s’agisse des 3700 et 5711, de la 5990 en or ou même de la 7118 sertie de pierres précieuse, la (petite) trentaine de variantes proposée par Patek Philippe contribue à renforcer le mythe de cette montre dessinée par Gérald Genta.

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