Crise du quartz : le grain de sable qui a bouleversé l’horlogerie des années 1970

Régulièrement sur Masculin.com, nous nous plongeons dans l’histoire des plus grandes marques de montres. Un bon moyen de comprendre comment certains modèles ont marqué leur époque (le mythe de la Reverso ou de la Submariner, par exemple) ou quelles sont les maisons qui ont fait de l’horlogerie ce qu’elle est aujourd’hui.

Mais en étudiant le passé de la sorte, un événement particulier est régulièrement évoqué comme ayant radicalement bouleversé le secteur : la crise du quartz. Si les passionnés savent déjà de quoi il s’agit, les plus novices pourront légitimement s’interroger : comment cette crise a-t-elle changé le paysage horloger traditionnel ? Et surtout, de quoi parle-t-on lorsque l’on évoque cette fameuse « crise du quartz » ?

Comme chaque année, la semaine de l'horlogerie genevoise a permis de découvrir de très belles montres. Que ce soit dans les allées de Time to Watches, celles de Watches & Wonders ou dans les salo...Lire la suite

Et la montre à quartz fut…

L’industrie horlogère a connu de nombreux tournants, mais aucun n’a été aussi disruptif et transformateur que la crise du quartz des années 1970. Cette période a été moins une crise qu’une révolution, bouleversant l’ordre établi et redessinant le paysage de l’horlogerie mondiale.

L’acte inaugural de la crise du quartz a été la présentation de la Seiko Astron en 1969. Ce garde-temps fut le premier à utiliser un oscillateur à quartz comme régulateur de temps, marquant un changement de paradigme dans la précision chronométrique. Jusqu’alors, les montres fonctionnaient grâce à un savant jeu de mécanismes et de rouages, de mouvements à remonter. Mais avec le quartz, les montres à pile font leur apparition et révolutionnent le marché.

Seiko Astron, première montre à quartz

L’innovation est d’abord « technologique », puisque ces modèles offrent une précision sans précédent, ne perdant que quelques secondes par mois, contre quelques secondes par jour pour les meilleures montres mécaniques. De plus, elles nécessitent moins de maintenance et sont plus résistantes aux chocs. Mais le principal bouleversement dû au quartz est d’ordre financier.

Coïncidant avec le perfectionnement des circuits intégrés et la miniaturisation des composants électroniques, cette nouveauté permet une production de masse à un coût relativement faible : les montres à quartz sont beaucoup moins chères que les montres mécaniques !

Les maisons horlogères historiques dans la tempête

La Suisse, berceau de l’horlogerie mécanique de précision, s’est retrouvée au cœur de la tourmente (de même que les marques françaises). La crise a été un choc brutal pour une industrie reposant sur un artisanat séculaire.

Les manufactures « historiques » ont vu leur suprématie contestée et leur part de marché mondial s’effondrer. Les répercussions furent sans appel : fermetures d’ateliers, fusions forcées, et un taux de chômage alarmant dans la branche. De Girard-Perregaux à Nivada Grenchen, Yema, EDOX, ou la société Valjoux (connue pour ses mouvements de chronographe), on ne compte plus les entreprises impactées.

Même les groupes que l’on pouvait penser plus solides ont été affectés, à l’image de la SSIH (Société Suisse pour l’Industrie Horlogère), où Omega et Tissot ont notamment rencontré d’importantes difficultés financières. Même constat pour le groupe ASUAG (Allgemeine Schweizerische Uhrenindustrie AG, soit Société Générale de l’Horlogerie Suisse SA), qui comprenait des marques telles que Longines, Rado, Mido, Oris

Une innovation qui a redéfini l’horlogerie contemporaine

Face à cette vague de modernité, l’industrie horlogère suisse a dû se réinventer. Refusant de succomber à la tempête du quartz, elle a réaffirmé la valeur intrinsèque des montres mécaniques. L’accent a été mis sur le luxe, l’exclusivité, et l’art horloger, transformant des instruments de mesure du temps en symboles de statut et d’élégance. Des marques comme Rolex, Patek Philippe et Audemars Piguet ont redéfini le luxe horloger, insufflant une nouvelle vie dans la tradition (avec les créations emblématiques du maître Gérald Genta).

Par ailleurs, les deux entités SSIH et ASUAG ont fini par fusionner pour donner naissance à la SMH (Société de microélectronique et d’horlogerie) en 1983… aujourd’hui rebaptisée Swatch Group, et qui a vu la naissance de la montre Swatch (à quartz !) dans les années 1980.

Montre Swatch

Après cette réorganisation globale, le secteur a fini par se stabiliser à l’aube du 21e siècle. Face au développement des montres électroniques en tous genres (avec un affichage digital, des montres calculatrices ou même parlantes), le public a aussi redécouvert la montre mécanique traditionnelle ; non seulement comme un instrument de mesure du temps, mais aussi comme une œuvre d’art à part entière, parfois un investissement mais aussi comme un héritage, un objet transmis de génération en génération. Ironiquement, la crise du quartz a non seulement testé mais finalement renforcé l’attrait des montres mécaniques.

Vous l’aurez compris, la crise du quartz, avec son tumulte et ses transformations, a été une période déterminante pour l’horlogerie. Elle a provoqué une introspection profonde et une innovation audacieuse tout en enseignant une leçon durable : dans l’horlogerie, comme dans la vie, l’adaptation et la réinvention sont cruciales.

Aujourd’hui, l’industrie horlogère embrasse à la fois la tradition et la technologie, témoignant de la résilience et de la perpétuelle évolution de l’art du temps. Et alors que les plus connectés ne peuvent se passer de leur smartwatch, les montres automatiques n’ont jamais semblé aussi désirables. Alors, merci la crise ?

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