Quelques jours après la remise des prix de la Montre de l’Année, les grands noms de l’horlogerie avaient rendez-vous à Genève pour la prestigieuse cérémonie du GPHG. Après Audemars-Piguet et sa Code 11.59, c’est IWC qui a raflé la mise cette année en décrochant le prix le plus convoité de la soirée, l’Aiguille d’Or.
Parmi les autres marques mises à l’honneur, des grands noms comme Piaget, Chopard et Van Cleef & Arpels se sont aussi distingués alors que le GPHG a aussi mis à l’honneur des « jeunes » maisons comme Ming, Kudoke ou Berneron. On vous fait découvrir ici toutes les plus belles montres de l’année, avec le palmarès complet de ce Grand Prix d’Horlogerie de Genève 2024.
Elle fait partie de ces montres que certains adorent détester. Et précisément, qu'on l'aime ou non, elle fait souvent beaucoup jaser. A l'instar de la Royal Oak d'Audemars Piguet, la Big Bang de Hubl...Lire la suite
Grand Prix de l’Aiguille d’Or : IWC Schaffhausen, Portugieser Eternal Calendar
Ce n’est pas vraiment une surprise tant elle avait tapé dans l’oeil des observateurs à Watches & Wonders (et attiré les foules sur son stand). La plus belle montre de l’année 2024 est donc la Portugieser Eternal Calendar d’IWC.
Près de 40 ans après le lancement du quantième perpétuel de Kurt Klaus, en 1985, la marque suisse est allée encore plus loin avec cette montre aussi complexe qu’élégante. Ici, le quantième perpétuel séculaire qui anime la Portugaise ne nécessite aucune correction jusqu’en l’an 3999. L’indicateur de phases de Lune est aussi l’un des plus précis jamais créé, tandis que le calibre manufacture IWC 52640 assure une réserve de marche de 168 heures, soit 7 jours.
Et pour ne rien gâcher, cette Portugieser Eternal Calendar est vraiment très belle avec son boîtier en platine de 44,4 mm et son bracelet en cuir noir…
Prix de l’Audace : Berneron, Mirage Sienna
Le Prix de l’Audace est facultatif, puisque, d’après le règlement du GPHG, « il récompense le meilleur garde-temps en compétition qui propose une approche non-conformiste et décalée de l’horlogerie ». Mais lorsque l’on découvre la Mirage imaginée par Sylvain Berneron, on comprend pourquoi cette montre DEVAIT être mise à l’honneur.
Bien sûr, c’est d’abord le boîtier asymétrique en or qui attire le regard, avec son cadran « coulant » (en or lui aussi) qui n’est pas sans rappeler la Cartier Crash. Les aiguilles (toujours en or) semble avoir subi le même traitement : non seulement elles sont déformées, mais leur position a été inversée. Cela semble anodin, mais permet à cette Mirage de gagner en finesse, pour accueillir le mouvement, visible au fond du boîtier.
Proposée au prix de 70 000 CHF environ, cette montre Berneron ne sera produite qu’à 12 exemplaires par an. Et ceux-ci sont tous réservés jusqu’en 2028 ! Une telle audace créative et une telle réussite ne pouvaient donc qu’être récompensées.
Prix de l’Éco-innovation : Chopard, L.U.C Qualité Fleurier
On associe souvent Chopard à des montres ultra-raffinées, classiques, intemporelles. On oublierait alors que la marque a aussi fourni de sérieux efforts en termes de durabilité et c’est ce que vient rappeler ce prix décroché à Genève.
Cette montre de haute horlogerie est la première de la collection L.U.C Qualité Fleurier à être conçue en Lucent Steel, un acier spécialement développé par Chopard et fabriqué avec un taux de recyclage d’au moins 80%. Animée par un mouvement L.U.C 96.09-L, cette version arbore un look très élégant avec son cadran sectoriel monochrome au coeur d’un boîtier en acier de 39 mm (pour seulement 8,92 mm d’épaisseur).
Prix de la Chronométrie : Bernhard Lederer, 3 Times Certified Observatory Chronometer
Voici une montre qui avait déjà animé les Geneva Watch Days, à la toute fin du mois d’août. Lederer se targue d’avoir mis au point l’un des mouvements les plus précis de l’Histoire pour mesurer le temps, puisque ce nouveau chronomètre est triplement certifié par les observatoires de Glashütte, Genève et Besançon.
Pour le reste, ce modèle brille par son élégance avec un cadran en argent finalement très épuré et une grande attention apportée aux détails, à l’image du V en signature à 12h ou des coordonnées des trois institutions discrètement gravées dans le compteur des secondes… Seuls 8 exemplaires de ce chronomètre Lederer seront produits, vendus à un prix légèrement supérieur à 150 000 euros.
Prix Révélation Horlogère : Rémy Cools, Tourbillon Atelier
Après Sylvain Pinaud en 2022 et Simon Brette en 2023, voici un autre nom à suivre avec une grande attention dans les années à venir. Rémy Cools a tout juste 26 ans mais il fait incontestablement partie des horlogers les plus prometteurs du moment.
S’il s’inspire des maîtres du début du 19e siècle, le jeune Français fait souffler un vent de modernité sur la montre tourbillon avec ce modèle presque minimaliste. Au coeur du boîtier en platine de 39 mm, le cadran en or rose ou jaune, avec une finition grainée, laisse apparaître le tourbillon à 6h et l’affichage de l’heure à 12h. C’est simple mais sophistiqué, original mais classique, parfaitement symétrique. Même les 235 composants du mouvement à remontage manuel développé par Rémy Cools ont été soigneusement décorés à la main.
Prix de la Montre Iconique : Piaget, Polo 79
En cette année 2024, de nombreuses marques ont choisi de réinterpréter leurs modèles les plus emblématiques. Mais qui l’a fait mieux que Piaget avec sa Polo 79 ? Personne à en croire le jury du GPHG, qui récompense cette montre entièrement fabriquée en or, qui vient célébrer à la fois les 45 ans du modèle mais aussi (et surtout) les 150 ans de Piaget.
Du boîtier au cadran, le motif alternant maillons satinés et godrons polis offre une continuité visuelle fascinante, l’impression étant renforcée par les deux aiguilles ton sur ton qui semblent aussi se fondre dans la masse.
Prix du Tourbillon : Daniel Roth, Tourbillon Souscription
Annoncé en 2023 par La Fabrique du Temps Louis Vuitton, le retour de la marque Daniel Roth s’est confirmé en 2024… et quel retour ! Le Tourbillon Souscription présenté à la LVMH Watch Week en début d’année n’a laissé personne insensible, et surtout pas le jury du GPHG.
Cette montre réinterprète le premier tourbillon imaginé par Daniel Roth en 1989, avec son boîtier en double ellipse, son cadran guilloché en or et son impressionnant tourbillon. Le calibre DR001 qui anime cette création est un mouvement mécanique manuel entièrement développé et assemblé par La Fabrique du Temps Louis Vuitton.
Prix de la Montre Calendrier et Astronomie : Laurent Ferrier, Classic Moon Silver
Il y avait du beau monde en lice pour le prix 2024 de la montre Calendrier et Astronomie mais la récompense décrochée par Laurent Ferrier n’est pas usurpée. Cette Classic Moon Silver est la première complication phase de lune de la marque, venant se loger au coeur d’une montre déjà récompensée du prix de la meilleure Montre Homme au GPHG 2010 !
Le boîtier en or rouge de 40 mm sublime un cadran brossé très soigné, ponctué par une minuterie en chemin de fer avec les 31 chiffres de date. L’habituel compteur de la petite seconde de Laurent Ferrier est complété sur cette Classic Moon Silver par un indicateur de phases de lune, où se mêlent le verre aventuriné de Murano et l’émail bleu pétrole translucide. Le résultat est fabuleux !
Prix de l’Exception Mécanique : Bovet 1822, Récital 28 Prowess 1
La maison Bovet 1822 est une habituée du GPHG et elle y brille encore cette année avec une montre exceptionnelle à plus d’un titre. Cette Récital 28 Prowess 1 « révolutionne le concept de l’heure universelle », puisqu’elle tient compte du changement d’heure (en hiver et en été) tout autour du monde. Une simple pression sur le cabochon en saphir de la couronne permet de faire pivoter les 25 rouleaux sur le cadran et d’afficher l’heure exacte sur le fuseau horaire choisi.
Et comme si cela ne suffisait pas, Bovet 1822 a aussi niché au coeur du boîtier un tourbillon volant, le tout étant animé par un mouvement à remontage manuel bénéficiant de 10 jours de réserve de marche.
Prix de la Montre Chronographe : Massena Lab, Chronographe Monopoussoir Sylvain Pinaud x Massena Lab
Comme on l’a dit plus haut, Sylvain Pinaud a déjà eu les honneurs du GPHG en 2022 en obtenant le prix de la Révélation. Cette fois, c’est à travers une collaboration avec Massena Lab qu’il se voit récompensé pour ce très beau chronographe monopoussoir.
Cette pièce artisanale, presque entière fabriquée à la main dans l’atelier de Sylvain Pinaud, ne sera produite qu’en 10 exemplaires. On y retrouve les principales caractéristiques du chronographe original du jeune horloger (qui lui avait aussi valu le titre de Meilleur Ouvrier de France), mais avec un nouveau mouvement squelette à remontage manuel qui se laisse largement admirer depuis le cadran.
Prix de la Montre Sport : Ming, 37.09 Bluefin
Les montres Ming sont rares… mais elles font toujours leur petit effet. Seule marque indonésienne au monde, elle avait déjà été repérée pour la première fois à Genève, avec le prix de la Révélation reçu au GPHG 2019. Depuis, chaque nouveau modèle permet de découvrir l’étendue du savoir-faire de Ming, à l’image de cette 37.08 Bluefin.
Deux ans de travail ont été nécessairement simplement pour aboutir à ce cadran en saphir usiné puis gravé, qui offre un superbe jeu de lumière, passant du noir au bleu profond. Cette montre est aussi et surtout une vraie plongeuse, étanche à 600 mètres, dotée d’une lunette tournante interne, qui peut facilement être actionnée sous l’eau avec la couronne vissée positionnée à 4h.
Prix de la Complication pour Homme : De Bethune, DB Kind Of Grande Complication
De Bethune nous a habitués à proposer des montres au design avant-gardiste, si bien que cette DB Kind od Grande Complication pourrait presque paraître simpliste au premier regard. Pourtant, même sans un être un grand expert horloger, on se rend assez vite compte de la complexité de ce modèle.
Au coeur du boîtier en titane de 43,3 mm, le calibre DB2529 donne vie à pas moins de 8 complications : calendrier perpétuel, indication des phases de Lune sphérique, de l’âge rétrograde de la Lune et des années bissextiles, tourbillon ultra léger en titane bleui, seconde sautante, réserve de marche ainsi que le double affichage des heures et minutes. L’ensemble est composé de 751 composants et bénéficie de quelque 96h de réserve de marche.
Prix de la Montre Homme : Voutilainen, KV20i Inversé
Voici donc tout simplement la plus belle montre masculine de l’année 2024 ! Kari Voutilainen a réussi à intégrer dans cette montre tout ce qui fait de lui un créateur d’exception, un horloger qui innove tout en respectant les grandes traditions.
Comme son nom l’indique, cette KV20i Inversé se distingue par sa construction inversée avec ce mouvement à remontage manuel que l’on peut admirer au recto et au verso de la montre. C’est d’ailleurs au dos du boîtier qu’apparaît le compteur des secondes, dans une couleur bleue qui vient rappeler le cercle des minutes à l’avant.
Prix « Time Only » : H. Moser & Cie, Streamliner Small Seconds Blue Enamel
L’heure et rien que l’heure. Le Prix « Time Only » vise à récompenser des montres 2 ou 3 aiguilles qui ne s’embarrassent pas du superflu. Ici, pas de phases de lune, aucun sertissage, l’objectif est d’aller à l’essentiel. Et à ce petit jeu, la marque H. Moser & Cie est (souvent) l’une des meilleures !
La preuve avec cette nouvelle version de la Streamliner, dotée d’un boîtier coussin en acier de 39 mm, qui met en lumière un cadran bleu en émail Grand Feu. Le cadran dégradé fumé emblématique de la marque est subtilement réinterprété ici, 12 cuissons ayant été nécessaires pour aboutir à ce résultat visuel.
Prix de la Montre Joaillerie : Chopard, Montre à secret de Haute Joaillerie Laguna
On change radicalement de registre ici, avec une véritable oeure d’art, une pièce unique « qui incarne tous les codes d’excellence de l’horlogerie d’art et de la Haute Joaillerie ».
Il a fallu plus de 1000 heures de travail pour créer cette montre à secret ultra-précieuse où cohabitent l’or blanc et rose, le titane, les saphirs, topazes, émeraudes, diamants ainsi qu’une perle naturelle blanche. Il faut soulever le coquillage serti pour pouvoir lire l’heure et profiter pleinement du spectacle offert par Chopard.
Prix de la Montre Métiers d’Art : Van Cleef & Arpels, Lady Arpels Jour Enchanté
Van Cleef & Arpels a particulièrement brillé lors de cette édition 2024 du GPHG, avec pas moins de 3 prix récoltés. Le premier vient récompenser la Lady Arpels Jour Enchanté, une montre en édition limitée produite à 7 exemplaires.
Poétique et fascinante, elle célèbre « une nature bienveillante » au coeur de sa boîte en or blanc de 41 mm. Sur le cadran, une silhouette féminine sculptée à la main semble cueillir des fleurs sous les premiers rayons du soleil. La scène se poursuit au dos du boîtier avec un décor gravé illustrant l’envol de la fée.
Prix de la Complication pour Femme : Van Cleef & Arpels, Lady Arpels Brise d’Été
Encore des fleurs et des pierres précieuses au menu de cette Lady Arpels Brise d’Été consacrée par le prix de la Complication pour Femme. Toujours aussi poétique, cette création « célèbre la fraîcheur matinale d’une journée estivale » avec ce boîtier en or blanc serti qui sert de cadre à une vraie toile artistique.
Plutôt que des aiguilles, ce sont des papillons qui s’envolent pour indiquer l’heure au milieu de fleurs bleues dont les corolles ont été créées en émail vallonné, tandis que les feuilles font appel à une autre technique, l’émail champlevé. Le cadran en nacre vient accentuer le contraste de cette scène très bucolique.
Prix de la Montre Femme : Van Cleef & Arpels, Lady Jour Nuit
Pour son troisième paysage mis à l’honneur par le GPHG, Van Cleef & Arpels a recréé une nuit étoilée sur sa Lady Jour Nuit, qui devient la plus belle montre féminine de l’année 2024.
Au coeur du boîtier en or blanc de 33 mm, le verre aventuriné de Murano offre une profondeur fascinante, la lune et les étoiles pavées de diamant poursuivant leur course tout au long de la journée sur un disque rotatif 24h. Sur la partie inférieure du cadran, sous la ligne d’horizon, la coiffe en nacre est peinte en bleu et présente un effet guilloché qui vient parfaire le tableau. Et confirmer que Van Cleef & Arpels n’a pas son pareil pour associer art et horlogerie.
Prix de la Petite Aiguille : Kudoke, 3 Salmon
Parce que la belle horlogerie ne se limite pas aux modèles les plus luxueux (et donc les plus chers), le GPHG récompense les montre dont le prix public se situe entre 3000 et 10 000 CHF.
Stephan Kudoke (que l’on avait récemment vu collaborer avec Louis Erard) a imaginé une montre « à la simplicité sophistiquée » avec cette Kudoke 3 qui affiche l’heure de manière non conventionnelle. Si c’est bien une grande aiguille centrale qui permet de lire les minutes, les heures sont indiquées par une aiguille à 3 branches, de longueurs différentes, sur une plaque fixée et divisée en trois sections.
Kudoke accorde aussi un soin tout particulier aux détails de sa montre, à l’image du sigle infini, symbole de la collection HANDwerk, que l’on retrouve sur le coq du balancier et à la pointe de l’aiguille des minutes.
Prix Challenge : Otsuka Lotec, No.6
Enfin, pour aller encore plus loin dans sa volonté de démocratiser la « belle horlogerie » évoquée précédemment, le prix Challenge permet de récompenser les montres vendues à moins de 3000 CHF. Avec un prix fixé à 2260 CHF (soit environ 2400€), la N°6 d’Otsuka Lotec est donc la plus abordable des montres récompensées au GPHG.
Créée par l’horloger indépendant Jiro Katayama, cette marque japonaise gagne à être connue et ce prix devrait y contribuer. Ce modèle N°6, renouvelé en 2024, est inspiré par un compteur analogique à affichage en forme d’éventail japonais. Son look brut et industriel tranche avec les autres modèles présentés ici, les heures et minutes rétrogrades témoignant par ailleurs d’un réel savoir-faire horloger.
Pour être complet, précisons que le jury du GPHG 2024 a décidé d’attribuer un prix spécial à Jean-Pierre Hagmann. En presque 70 ans de carrière, l’homme a contribué à élever la fabrication de boîtes de montres à un niveau particulièrement élevé, ayant notamment travailler auprès de Svend Andersen, Franck Muller et les plus grandes marques horlogère suisses. Depuis 2020, c’est au sein de la société Akrivia qu’il oeuvre à transmettre son savoir.