Essai Škoda Enyaq iV 80 : wagon à électrons

Avec l’avènement à marche forcée de l’électrique, les constructeurs doivent se réinventer pour conserver leur identité (et leurs ventes !) dans un marché en plein bouleversement. C’est dans ces conditions que les équipes de Skoda ont planché sur l’Enyaq, le premier véhicule tout électrique de la marque. Si le constructeur Tchèque bénéficie de la puissance et de la banque d’organes du groupe VW, c’est bien un modèle 100% Skoda que nous avons eu l’occasion d’essayer pendant une petite semaine.

Une vraie Skoda

Une fois devant l’Enyaq, les doutes sur ses origines ne sont pas permis et sa calandre, même pleine, affirme son identité Skoda. Quatre centimètres plus court que son homologue thermique le Skoda Kodiaq, l’Enyaq en impose vraiment avec ses 4,65m et sa calandre taillée à la serpe.

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Pourtant, avec une largeur de 1,88m et une hauteur de 1,62m, ce n’est pas un géant et il est du coup plutôt simple à mener en agglomération.

S’il est sorti en septembre 2021, rares encore sont les Enyaq sur la route. Difficile de passer inaperçu en ville justement, et lors de notre semaine d’essai, nous avons eu droit à quelques questions des passants. Avec ses énormes roues de 21″ notre gros SUV familial attire forcément l’oeil des badauds.

Pratique et spacieuse

Ce qui frappe quand on monte à bord de l’Enyaq, c’est le soin apporté aux petits détails distinctifs. L’intérieur tendu de cuir marron est du plus bel effet, et les finitions et assemblages n’ont rien à envier au premium allemand. La fantaisie est même de mise avec ses poignées de porte uniques, qui offrent un dessin vraiment réussi. Notre intérieur ecoSUITE (en option à 1910€) et la sellerie confort (530€) apportent un cachet premium et permettent de profiter de sièges électriques chauffants avec un excellent maintient.

Le tableau de bord est surmonté d’un grand écran de 13″ dédié à l’infodivertissement et aux données de conduite. Il est compatible Android Auto et Apple Carplay sans fil. Sur l’Enyaq, Skoda a fait le choix d’un petit compteur numérique 5,3″, comme son cousin l’ID.4 que nous avions essayé, car tout se passe au dessus, via un affichage tête haute reprenant toutes les informations clefs de la conduite : vitesse, panneaux, navigation, etc ; il est personnalisable selon les préférences de chacun.

Le volant en cuir multifonction est dans le même esprit que le reste de cet habitacle, fin et intelligent, avec des commandes intuitives et des boutons physiques précis.

Si des boutons physiques subsistent sur l’Enyaq, notamment des raccourcis pour les fonctions les plus importantes de l’écran central, on peut regretter que la climatisation soit entièrement tactile et pas forcément simple à appréhender au début.

Le petit levier de vitesse est en harmonie avec le reste de cet intérieur qui respire vraiment le haut de gamme. Les zones de toucher comme les contreportes ou le tableau de bord ont été travaillées, on peut juste regretter cette profusion de piano black sur la console centrale.

A l’arrière, c’est la même recette qui est offerte, avec énormément d’espace pour les jambes, et une foule de petits détails pratiques, comme la trappe à skis, ou ces aumônières de sièges doublés, permettant de poser un smartphone sans le perdre. Les passagers arrières disposent de 2 ports USB-C, comme à l’avant. 4 ports pour 5 places mais aussi un chargeur à induction pour smartphone à l’avant, un tout petit peu trop étroit pour notre iPhone 12 Max Pro.

La banquette arrière, rabattable en 40/20/40, propose une assise vraiment agréable, et grace au design très massif de l’Enyaq, les passagers même grands profitent d’une belle garde au toit.

Le coffre et ses 585 L ne déçoit pas. Il est large avec un seuil de chargement bas pour un SUV, et vraiment très logeable. Sa profondeur permet d’ailleurs d’y mettre de grosses valises sans difficulté. Sa modularité n’est pas en reste avec des blocs fournis par Skoda, permettant de bloquer facilement un bagage ou un sac de course isolé. Son hayon électrique bénéficie d’une ouverture main chargée qui a fonctionné du premier coup ! Un double fond permet de ranger les câbles et quelques accessoires pour que rien ne se balade dans les virages.

On retient de l’Enyaq un intérieur classieux avant tout destiné à la famille. Il y a de la place pour 5 passagers et leurs bagages, pour voyager confortablement sur de longues distances.

La douceur de l’électrique

Une fois sur la route, le SUV compte sur son moteur électrique de 150 kW placé à l’avant, qui anime uniquement les roues arrières. Ce dernier n’est pas de trop pour faire avancer les plus de 2,2 tonnes à vide que pèse l’Enyaq.

Si les performances ne sont pas ridicules, c’est surtout grâce au couple de 310 Nm qui est instantané et présent à tous les régimes moteur. Le 0 à 100km/h est couvert en 8,6sec et au quotidien, y compris sur des insertions d’autoroute, vous avez toujours assez de puissance sous le pied. Bridé électroniquement à 160 Km/h pour préserver l’autonomie, cet Enyaq se mène comme un véhicule familial qui n’a pas la moindre vocation sportive. Pour cela, il faudra attendre la version Coupé qui devrait sortir courant 2022 et proposera des moteurs plus performants.

La Skoda Enyaq tire pleinement parti de son architecture électrique en proposant un rayon de braquage et une agilité en ville digne d’une citadine, dans un gabarit de gros monospace. C’est d’ailleurs ce qui le décrit le mieux, cette capacité à se fondre sur la route en proposant une expérience de conduite douce.

Avec son centre de gravité bas, grâce au placement des batteries sous le plancher, l’Enyaq vire quasiment à plat, même sur des passages en courbe un peu appuyés. Son poids aura néanmoins vite fait de limiter vos ardeurs, c’est un SUV qui s’apprécie aux vitesses légales.

La proposition de Skoda, basée sur l’une des plateforme électrique du groupe VW offre en effet un expérience très différente de celle que nous avons pu découvrir à bord du Q4 e-tron par exemple, plus ferme et direct que la Skoda.

Grâce à sa suspension pilotée, il est d’ailleurs possible de paramétrer un mode de conduite individuel (en plus des traditionnels Eco, Confort et Sport) proposant encore plus de confort et de douceur pour tous les passagers.

Les kilomètres s’enchainent sans fatiguer, bien aidé également par la conduite autonome de niveau 2 qui prend avantageusement la main sur autoroute. Combiné à la navigation, c’est le meilleur moyen de maitriser ses consommations et planifier son parcours au plus près de la réalité.

Loin, mais pas trop

La consommation et l’autonomie des voitures électriques reste aujourd’hui un point clé, tant pour les constructeurs que les clients dans une démarche d’adoption rapide de l’électrique.

Si l’intérêt financier est de plus en plus évident, surtout avec l’essence qui dépasse maintenant les 2€ par litre, les contraintes et l’inconnu lié à l’électrique restent encore un frein pour beaucoup d’utilisateurs.

Notre modèle d’essai disposait de la plus grosse batterie du catalogue, d’une capacité totale de 82 kWh, dont 77 kWh utiles. Au programme, 534 km d’autonomie WLTP avec une consommation moyenne de 15,2 kWh/100 km… sur le papier.

Dans les faits, lors de notre semaine d’essai hivernale nous n’avons pas réussi à descendre sous les 18,5 kWh/100 km sur un parcours mêlant agglomération et petites routes de campagne. Sur voie rapide et réseau secondaire, tablez plutôt sur une consommation autour des 22 kWh/100 km.

Enfin, sur autoroute, rouler à 130 Km/h vous demandera pas moins de 27 kWh/100 km, soit une autonomie réelle autour des 250 Km avant de devoir recharger.

C’est malheureusement la faiblesse de l’Enyaq, qui a les pattes un peu courtes sur autoroute, et ce n’est pas encore le maigre réseau de chargeurs autoroutiers qui suffira à palier au problème. Tant les constructeurs via leurs réseaux (Ionity, concessions), que les producteurs d’énergie comme Total, doivent réellement se saisir du problème pour démocratiser l’électrique en France, et proposer sur autoroute et ailleurs, un vrai réseau de recharge rapide, facilement accessible et fonctionnel. Capable de recharger en courant continu à 125 kW sur les bornes compatibles, le 20% à 80% se fait en moins de 30 minutes, à peine le temps de prendre un petit café et se dégourdir un peu les jambes.

Il faut néanmoins relativiser la situation, car pour l’immense majorité des déplacements, ses 400 km en ville suffiront largement. Sur notre parcours habituel avec 50% d’autoroute, 30% d’agglomération et 20% de routes secondaires, notre moyenne s’établit à 23,4kWh/100 km (avec le chauffage), ce qui à nouveau permet d’envisager cet Enyaq en véhicule principal.

Notre avis sur la Škoda Enyaq iV 80

Skoda a su avec cet ENYAQ iV 80 préserver son identité, en proposant un SUV familiale pratique, particulièrement logeable et toujours aussi malin. Le parapluie est toujours présent dans la porte conducteur, le grattoir dans le hayon, et le véhicule fourmille de petites astuces et attentions pour les passagers.

Proposé à 49 760€ dans notre version d’essai (hors options), il vous en coûtera environ 60 000€ pour un modèle presque toutes options comme le nôtre. A ce prix, il ne manque presque rien à notre Enyaq.

Skoda confirme aussi sa montée en gamme avec un intérieur vraiment valorisant, bien fini et chaleureux, qui permet une expérience électrique au même niveau que les thermiques du constructeur. L’Enyaq est un SUV taillé pour le quotidien, facile à conduire et confortable. On regrette vraiment, comme pratiquement tous les véhicules électriques du moment, que sa batterie ne soit pas plus grosse.

Même si objectivement le problème ne se posera que lors des départs en vacances, l’autonomie sur l’autouroute et l’indigeance du réseau de recharge reste encore problématique aujourd’hui, et on ne peut qu’espérer une vraie amélioration du côté des bornes dans les mois à venir.

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